Chapitre 46

5 1 0
                                    


Pdv de Peyton 

Les larmes, chaudes et incontrôlables, dévalent mes joues tandis que je suis assise là, seule au milieu de la route. La somptueuse robe que je porte, si légère et pourtant si lourde, se tâche lentement des gouttes salées qui tombent de mes yeux. Je n'entends même pas le bruit de mes talons qui s'échappent de mes pieds dans le mouvement désordonné de mes mains. Le monde autour de moi semble flou, comme si tout était éteint, hormis cette douleur intérieure qui refuse de se calmer. J'essaye de respirer, mais c'est impossible. Je suis juste là, ancrée au sol, prise dans un tourbillon de tristesse. Je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi, seule, sans savoir où aller ni ce que je devrais faire. 

Soudain, un poids léger, mais ferme, m'aide à me relever. Je suis trop perdue dans mes pensées pour le remarquer tout de suite, mais la chaleur de la main qui me soutient me fait sortir de ma torpeur. J'ouvre les yeux, et c'est Lina qui est là, avec Hannah, toute deux qui se penchent vers moi avec des visages pleins de préoccupation. Lina s'agenouille à côté de moi, doucement, pour enlever mes talons. Je laisse mes pieds se poser sur le sol, mais je suis trop fatiguée, trop brisée pour protester. Elles me dirigent vers la voiture d'Hannah, sans un mot de plus. Le trajet se passe en silence, à l'exception de mes sanglots qui résonnent dans l'habitacle. La voix de Lina, calme et rassurante, flotte dans l'air, mais je n'arrive pas à l'entendre vraiment. Mon esprit est occupé ailleurs, loin de tout cela, dans un endroit où je ne suis que douleur et tristesse.

Arrivées chez moi, je me précipite hors de la voiture, presque comme une automatisme. À peine la porte fermée derrière moi, je m'effondre dans les bras de Lina, incapable de tenir plus longtemps. Les larmes coulent à flots, incontrôlables, comme si elles ne cesseraient jamais. "Je... je voulais pas lui faire de mal, Lina, je... c'était censé être juste un jeu... Mais je me suis attachée à lui, je suis tombée amoureuse de lui..." Ma voix tremble, défaillante sous le poids de mes émotions. 

Lina me serre contre elle, en murmurant des paroles apaisantes, mais je n'arrive qu'à percevoir des bribes. "Tout va bien se passer", répète-t-elle, comme une litanie. "Il faut juste laisser du temps à Tyler. Il faut du temps." Mais c'est comme si rien ne pouvait apaiser cette douleur dans ma poitrine, cette certitude que tout est désormais brisé. Que je n'ai plus rien à offrir. 

Je renifle encore, en essayant de me calmer, mais chaque respiration me semble plus difficile que la précédente. "Pour lui", je murmure entre deux sanglots. "Je suis prête à tout abandonner. Je n'ai jamais voulu que ça devienne si... si compliqué. Je... je voulais juste venger une personne qui m'aide cher rien de plus."

Hannah, jusque-là silencieuse, se tourne vers nous, brisant enfin l'atmosphère étouffante. "Tu dois te reposer", dit-elle doucement, mais fermement. "Il se fait tard. On en parlera demain." Ses mots sont sages, mais ils résonnent avec une tranquillité qui contraste avec mon état intérieur. Elle me guide lentement vers les chambres d'amis. J'indique celle où elle et Lina dormiront, puis je me dirige vers la mienne.

Je me change mécaniquement, sans trop réfléchir à ce que je fais. Puis je m'étale sur mon lit, espérant trouver un semblant de paix dans les draps froids. Mais le sommeil refuse de venir. Les heures passent, interminables. Je tourne et retourne dans mon lit, incapable de trouver une position confortable. L'esprit occupé par le chaos, je prends mon téléphone et commence à envoyer des messages à Tyler. Des centaines de messages, désespérés, mais il ne répond pas. Chaque vibration de l'écran me fait espérer un instant qu'il a enfin décidé de me parler. Mais il ne répond jamais. Les larmes recommencent à couler, mes doigts tremblent, mes pensées deviennent floues. 

Je m'endormirai finalement, épuisée par le flot de mes pensées, par le poids de ma tristesse. Mais même dans le sommeil, rien ne m'échappe. Je me réveille en sursaut, une main posée sur ma poitrine comme si j'avais été frappée par un éclair. Une nouvelle crise d'angoisse. Je suis à bout. Cette fois, mon rêve est différent. Je suis à côté d'Inaya, et nous nous tenons par la main, mais je sens une présence derrière moi. Tyler. J'entends des bruits, des éclats de voix. Quand je lâche la main d'Inaya, tout semble s'effondrer. Je regarde en arrière et je le vois, glissant à son tour. Je dois choisir entre sauver Inaya ou Tyler. 

Les larmes montent de nouveau, encore plus fortes. Je comprends. Ce rêve... ce rêve est un avertissement. Je n'ai jamais voulu que tout ça arrive. Mais c'est déjà trop tard. 

Je me tourne vers la télévision, cherchant une distraction. Je mets une série Netflix en marche, un fond de bruit blanc pour apaiser mes pensées en déroute. Mais même l'écran lumineux n'arrive pas à me consoler. Je regarde l'heure qui défile sur mon téléphone, et avant même de m'en rendre compte, le matin arrive. Le vide est toujours là.



Le matin se lève, mais pour moi, il est difficile de distinguer le jour de la nuit. Mon corps est lourd, presque étranger, comme si chaque mouvement était un effort surhumain. Mes paupières sont gonflées, marquées par la nuit de larmes, et mon visage est un tableau de fatigue et de douleur. Je me sens vide, épuisée, le cœur comme une pierre. J'ai l'impression que mon esprit est encore plongé dans la brume de mes pleurs, que le monde autour de moi est flou, presque irréel.

Je me lève enfin, le sol dur sous mes pieds, chaque pas résonnant dans un silence pesant. Je descends lentement les escaliers, chaque mouvement un fardeau, chaque respiration un effort. Mes mains tremblent un peu quand je m'arrête dans la cuisine et que je mets l'eau à chauffer pour un café. J'ai besoin de cette bouffée de chaleur, mais même le café semble trop fort, trop amer pour ce que je ressens.

Lina et Hannah sont déjà là, en train de préparer le petit-déjeuner, une table pleine de gaufres, de crêpes, et de glace, un festin réconfortant. Leur présence me touche plus que je ne veux l'admettre. Elles sont là, fidèles, même après tout ce que j'ai causé. "Merci", je murmure, la voix faible, presque cassée, en m'asseyant à la table. Je n'ai pas la force de sourire, mais je sens un léger apaisement en voyant qu'elles ont pris soin de moi malgré tout.

Nous mangeons en silence, chacune plongée dans ses pensées. Le bruit de nos couverts contre les assiettes est le seul son qui brise la tranquillité de la pièce. Mais, même dans ce silence lourd, un pincement au cœur se fait sentir. Je repense à Dave, à ce que j'ai fait... à tout ce que je lui ai causé. La culpabilité m'écrase encore plus fort. *Comment ai-je pu en arriver là ?* Je me mords la lèvre, mon cœur se serre à l'idée de ce que j'ai perdu. C'était censé être un jeu, une vengeance... Mais je suis allée trop loin. 

Après le petit déjeuner, nous montons dans ma chambre. Les trois d'entre nous nous installons autour de la petite table basse, les pieds dans une bassine d'eau tiède, prête à nous offrir une pédicure improvisée pour essayer d'alléger l'atmosphère. Mais, au fond de moi, je sais que ce n'est qu'une distraction. Une distraction qui ne changera rien à ce qui se cache dans mes pensées. 

Tout à coup, Hannah brise le silence, sa voix douce mais directe. "Hier, tu as dit que tu faisais tout ça pour quelqu'un... C'est qui cette personne ?" 

Je sens mon cœur s'arrêter un instant. C'était inévitable. Cette conversation. Après tout ce qui s'est passé, je savais qu'on y arriverait tôt ou tard. Mais, même si je le savais, je n'étais pas prête à y faire face. La question de Hannah me tord l'estomac, comme un coup de poignard dans ce qui me reste de calme. Je sais que je ne peux plus fuir. Mais je suis incapable de répondre, comme si ma voix était figée. 

Je cherche des mots, mais tout ce que je trouve, c'est un vide. *Que leur dire ?* Mon regard se perd dans la pièce. *Je suis prête à tout dire... mais pas ça. Pas maintenant.* 

"Je... Je sais que tu veux savoir, mais... laisse tomber, ok ?" Je cherche une échappatoire dans ma propre voix, essayant de masquer ma panique. "Je t'assure, je suis juste fatiguée, c'est tout. Je ne sais même pas pourquoi j'ai dit ça... Peut-être que c'était l'effet de la situation, tu sais ?" 

Mais Lina, qui jusqu'à présent était restée silencieuse, semble figée, ses yeux remplis de larmes. Elle m'arrête brusquement, son regard désemparé me transperçant. "Non, arrête !" Elle parle d'une voix brisée, tremblante et elle me crie dessus me hurlant . "C'est pas... c'est pas juste une excuse. T'es pas juste fatiguée, Peyton. 


Mais pas aujourd'hui. Pas encore.


La liste des baisersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant