❥ Sorry, my little princess

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Je me suis affalé sur le canapé, la tête encore remplie de cette interview que je venais de donner. Encore des questions sur la compétition, les rivalités... toujours la même rengaine. J'avais juste voulu en finir. Ce n'était clairement pas une interview que je prenais au sérieux. Les questions ? Bidons. « Quel pilote préfères-tu affronter ? » C'est pas comme si ce genre de réponses allait changer ma façon de conduire ou de réfléchir. Pour tout dire, c'était plutôt ennuyant.

Alors, j'ai répondu à moitié, sans m'investir. Et pourtant... au moment où le journaliste a commencé à poser des questions sur les autres pilotes, l'image de Charles m'est venue en tête. Pas seulement parce qu'on est ensemble, ni parce que je l'aime et qu'on a commencé à se montrer un peu plus en public. Non, c'était plus naturel que ça. Charles, c'est celui qui me pousse, qui m'anime, et depuis plus d'un an, c'est aussi la première personne que je vois en me réveillant et la dernière avant de m'endormir. Franchement, c'était évident que je pensais à lui pour certaines de ces questions.

Mais voilà, j'ai esquivé. J'ai voulu éviter que l'interview ne se transforme en sujet de potins. Si je me mettais à mentionner Charles, ils en auraient fait des tonnes, genre « Max Verstappen cite Charles comme son rival préféré, qu'est ce qu'il se passe entre ces deux pilotes ? » Et je ne voulais pas de ça. Pas aujourd'hui, pas pour eux. Ce qu'on partage, cette rivalité et cette amour entre nous, ça nous appartient. Alors, j'ai retenu son nom, j'ai évité d'en parler. Parce qu'après tout, il savait déjà combien cette compétition, cette relation, comptait pour moi. Pas besoin de l'étaler pour une question aussi banale.

Quand je suis tombé sur la vidéo, une boule d'anxiété a commencé à se former dans mon ventre. Charles l'avait sûrement vue aussi. Et bien que je n'en sois pas complètement certain, j'ai remarqué un truc dans son regard, un éclat subtil, presque imperceptible. Pas de mots, juste une nuance dans ses yeux. Sur le moment, j'ai pensé que c'était juste un coup de mou, rien de sérieux. Après tout, ce n'était qu'une interview sans importance, quelque chose de futil.

Mais Charles... Charles, c'est un peu comme une princesse. Ma princesse. Avec moi, ce côté-là ressort d'une manière que je n'avais pas vraiment anticipée, un mélange de fierté et de vulnérabilité. Et même s'il ne le dit pas, il veut mon attention, mon regard tourné vers lui. C'est perturbant, fascinant aussi, de voir à quel point ça compte pour lui, à quel point il tient à cette reconnaissance entre nous.

Puis, je suis tombé sur cette autre interview, celle où un journaliste a demandé à Charles, avec une insistance presque sournoise, s'il n'était pas déçu que je ne l'aie pas cité. La réponse de Charles avait été glaciale. Il avait réagi d'une manière froide, comme s'il voulait paraître détaché, mais il y avait quelque chose dans sa voix que seul les personnes proche de lui peuvent comprendre. Une tension discrète, un petit quelque chose qui n'allait pas.

Ça m'a frappé en plein cœur, mais ce qui m'a perturbé, c'est que je n'arrivais pas à comprendre pourquoi ça me touchait autant, ni pourquoi lui semblait aussi affecté. Je m'étais comporté de façon désinvolte, sans réfléchir, mais maintenant, en voyant l'impact de mon silence sur lui, je me rendais compte qu'il l'avait pris bien plus à cœur que je ne l'avais imaginé.

Ensuite, il m'a ignoré pendant deux jours. Pas de grandes scènes, pas de reproches bruyants, juste une distance... presque imposante. Comme si les mots n'étaient plus nécessaires pour exprimer ce qu'il ressentait. Il m'a laissé dans mon coin, bien présent mais sans être vraiment là. Pas de cris, pas de colère explosive. Juste... une absence de chaleur qui rendait l'air glacial. Et moi, j'étais là, pris au piège, trop occupé à essayer de comprendre pourquoi ça me mettait aussi mal à l'aise, pourquoi cette distance me pesait tant ?

Je le savais pourtant au fond : il ne m'en voulait pas vraiment. Il était juste... déçu. Pas fâché, pas amer, juste déçu. Et, à mes yeux, c'était mille fois pire que la plus bruyante des colères.

Recueil OS F1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant