Recueil OS F1

❦ Open Hearts

Lando était d'humeur maussade. Cela faisait quelques semaines qu'il avait entendu une rumeur circuler dans le paddock et ça ne lui plaisait pas du tout : Oscar Piastri, son coéquipier chez McLaren, envisagerait de quitter l'écurie pour rejoindre Red Bull. Une part de lui voulait croire que ce n'était que des bruits de couloir, des murmures sans fondement, mais une autre ne pouvait s'empêcher d'y accorder de l'importance. Et cette importance, cette inquiétude sourde, le troublait plus qu'il ne voulait l'admettre.

Il avait déjà vécu ça, pourtant. Quand Carlos avait quitté McLaren pour rejoindre Ferrari, cela lui avait fait mal. Pas seulement parce qu'il perdait un coéquipier, mais aussi un ami. Leur complicité sur et en dehors des pistes avait été précieuse pour lui, et le départ de Carlos avait laissé un vide. Mais cette fois-ci... c'était différent. L'idée qu'Oscar puisse partir n'avait rien de comparable avec ce qu'il avait ressenti pour Carlos, et c'était une pensée qu'il ne comprenait absolument pas.

C'était bien plus douloureux.

Et Lando ne comprenait pas pourquoi.

Après tout, lui et Oscar ne se connaissaient pas depuis aussi longtemps. Leur relation n'avait pas les fondations solides qu'il avait eues avec Carlos. Ils n'avaient pas partagé des années à construire une amitié profonde, à rire des mêmes blagues idiotes, à se comprendre d'un simple regard. Alors pourquoi l'idée qu'Oscar puisse quitter McLaren lui donnait-elle l'impression qu'on lui arrachait quelque chose d'essentiel ?

Il avait beau essayer de rationaliser ses pensées, il n'y parvenait pas. Pire encore, chaque fois qu'il croisait Oscar, qu'il voyait son sourire ou qu'il l'entendait discuter avec les ingénieurs, une pointe de jalousie et de tristesse s'immisçait dans son cœur. Une jalousie qu'il ne savait même pas comment expliquer, mais qui le rongeait de l'intérieur.

Peut-être était-ce parce qu'il voyait quelque chose de spécial en Oscar. Une connexion qu'il ne pouvait nommer, mais qu'il sentait distinctement chaque fois qu'ils passaient du temps ensemble. L'idée que cette connexion puisse être brisée, que Red Bull lui vole cette présence qu'il commençait à chérir, était insupportable. Pourtant, ce n'était qu'une écurie, leur relation allait au-delà du simple fait d'être coéquipier. Mais il ne pouvait pas s'y faire, il ne voulait pas que le blond le quitte.

Mais comment pouvait-il l'admettre ? Pas seulement à Oscar, ça il n'y pensait même pas, mais à lui-même ?

Plutôt que d'affronter ces sentiments, Lando avait choisi la solution la plus facile : se refermer. Il évitait les conversations avec Oscar, trouvant mille excuses pour ne pas se retrouver seul avec lui. Lorsqu'ils se croisaient, il restait froid et distant, répondant à peine à ses tentatives de briser la glace. Il se sentait horrible de réagir comme ça, parce que leur moment lui manquait, mais il était perdu et il avait tellement peur.

Oscar, de son côté, semblait perplexe par ce brusque changement de comportement. Lando voyait bien son regard interrogatif, l'hésitation dans sa voix lorsqu'il lui demandait comment il allait. Mais il n'avait pas la force d'expliquer. Pas la force d'affronter ce qu'il ressentait, parce qu'une part de lui avait peur de la réponse.

Cette froideur, pourtant, ne passait pas inaperçue. Les membres de l'équipe, habitués à la complicité naturelle entre les deux pilotes, avaient commencé à poser des questions. Même les autres pilotes, et aussi leurs amis semblaient avoir remarqué que quelque chose n'allait pas. Mais Lando restait campé sur ses positions, et dieu sait qu'on peut être têtue en ayant peur.

Il préférait ignorer ce qui le rongeait, quitte à s'éloigner d'Oscar, ce qu'il ne voulait pas non plus. Il était si terrifié, et ne comprenait absolument pas ce qui lui arrivait. Pourtant, au fond de lui, une petite voix murmurait qu'il faisait une erreur. Que cette douleur, ce n'était pas simplement la peur de perdre un coéquipier. Et qu'il avait déjà les réponses sous son nez, s'il avait le courage de s'y confronter.