Chapitre 13 - Le début de la fin

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Début juillet.

Je suis assise sur un plaid, le carnet posé sur mes genoux, le crayon grattant doucement la feuille. Le vent joue avec mes cheveux, l'air est tiède, et les rires de Diego résonnent au loin. Depuis des mois, ma vie ressemble enfin à quelque chose. Je respire. Je sors. Je vis. Je me remets, petit à petit, comme si un poids avait glissé de mes épaules, me laissant légère.
À une semaine du bac, je suis pourtant étonnamment calme. Diego dit que c'est parce que je bosse trop, que mon cerveau est saturé et qu'il a mis en pause l'option "stress". Peut-être qu'il a raison. Mais je sais aussi que, pour une fois, j'ai envie de croire que tout ira bien.

Je termine une esquisse quand sa voix me tire de mes pensées :

— Tu t'arrêtes un peu ?

Je lève les yeux. Il se tient là, pieds nus dans le sable, son short déjà trempé d'avoir effleuré l'eau. Je souris.

— Non, vas-y, j'arrive.

Il s'approche, dépose un baiser rapide sur ma joue et s'élance en courant comme un gamin. Je rigole en le voyant sauter dans l'eau glacée. Début juillet, l'eau est encore si froide, mais lui, il attendait ça depuis des semaines. L'été, la mer, la liberté. C'est tout ce qu'il voulait.

Je me replonge dans mon carnet, le crayon suspendu entre mes doigts. Puis mon téléphone vibre à côté de moi. Je fronce les sourcils avant d'attrape l'écran. Un message s'affiche :
"Joli t-shirt, c'est quoi déjà ? Les One Direction ?"

Mon cœur manque un battement. Mes yeux quittent l'écran pour chercher autour de moi. Et je le vois. Debout, un peu plus loin sur le sentier qui longe la plage. Mon père.
Sans réfléchir, je laisse tomber mon carnet et me lève d'un bond. Mes pieds s'enfoncent dans le sable alors que je cours vers lui. Il me regarde, un sourire en coin, et ouvre les bras juste à temps pour m'y accueillir.

— Bonjour, ma chérie.

Je m'accroche à lui, le visage enfoui contre son épaule.

— Papa, tu m'as tellement manqué, je murmure.

Il rit doucement, comme s'il voulait masquer une émotion qu'il ne saurait montrer.

— Comment tu peux encore porter un t-shirt pareil ?

Je m'écarte un peu, essuyant une larme discrète, et croise ses yeux moqueurs.

— Et j'assume totalement !

Il secoue la tête en souriant, et pendant un instant, c'est comme si rien n'avait changé. Comme si le temps s'était figé pour nous donner un moment volé, juste lui et moi. Je ris. Il sourit. Et la mer continue de chanter en fond.

Diego, qui devait observer la scène depuis le bord de l'eau, s'approche doucement. Son visage trahit un mélange de confusion et de tension. Il hésite, les mains légèrement tremblantes.

— Papillon ? Tu...

Je me retourne vers lui, percevant l'effort qu'il fait pour garder son calme. Il m'a promis de mieux gérer ses émotions, et je vois qu'il lutte.

— Tout va bien, Diego, c'est mon père.

D'un coup, son visage se décompose. La colère qui semblait prête à exploser se mue en une douceur presque désarmante. Il tend la main avec une hésitation maîtrisée.

— Bonjour, monsieur.

Mon père le regarde un instant avant de lui serrer la main, un sourire amusé sur les lèvres.

— Alors, c'est toi le fameux qui rend ma fille si heureuse.

Je pousse légèrement mon père du coude, rouge de gêne.

Chrysalide - Take FlightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant