Chapitre 30

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Les couloirs de Poudlard étaient fébriles. Noël approchait à grands pas, et l’école, comme à son habitude, se parait de ses plus belles décorations. Des guirlandes lumineuses pendaient aux murs, des boules de neige magiques flottaient dans l’air, et les élèves discutaient avec excitation du bal de Noël qui allait bientôt avoir lieu. Les invitations étaient déjà distribuées, et tout le monde se demandait qui allait inviter qui. Harry, comme tous les autres, se trouvait plongé dans ce tourbillon de préparation, mais il avait des préoccupations qui étaient bien plus personnelles que la plupart des autres élèves.

Il s’était résolu à inviter Hermione. Après tout, elle était sa meilleure amie, celle en qui il avait confiance, celle avec qui il se sentait le plus à l’aise. Pourtant, en revenant dans le passé et en voyant la situation sous un autre angle, il avait développé une connexion plus profonde avec Astoria Greengrass, une attirance qu’il n’avait pas anticipée. Mais il ne voulait pas compliquer les choses. Sa décision était prise : il inviterait Hermione. Mais au fond de lui, il se demandait si ce choix était le bon.

« Tu sais, Harry, tu devrais lui dire avant que ce ne soit trop tard », avait suggéré Astoria un jour, les yeux pétillants de malice. « Qui sait, peut-être qu'elle ressent la même chose. »

Harry avait répondu par un sourire contrit, peu sûr de ses propres sentiments. « Je crois que je vais attendre encore un peu. » Mais au fond de lui, une question persistait : et si, au fond, ses sentiments pour Astoria étaient plus profonds qu’il ne l’admettait ?

Dans les couloirs, les bruits de préparations pour le bal se faisaient de plus en plus bruyants. Harry croisa Ron, qui semblait plus agité que d’habitude.

« Salut, Harry ! » lança Ron avec un sourire forcé. « Alors, tu as tout prévu pour le bal, hein ? »

Harry le fixa avec méfiance. Il avait du mal à comprendre le comportement de Ron ces derniers temps. Il était distant, parfois trop conciliant, et il semblait avoir une idée derrière la tête, comme s’il manigançait quelque chose.

Ron, toujours sous les conseils de Dumbledore, avait pris une décision drastique : il allait prendre du polynectar pour se faire passer pour Harry et ainsi avoir l’opportunité d’obtenir ce qu’il voulait. Il pensait qu’en prenant l’apparence de Harry, il aurait une chance de faire changer Hermione d’avis et de la convaincre de se rapprocher de lui. C’était un plan aussi tordu que risqué, mais Ron était prêt à tout pour parvenir à ses fins.

Harry, de son côté, avait envisagé ce genre de piège. Il avait, avec Hermione et Astoria, mis en place un code pour identifier un imposteur, peu importe qui il était. Un simple mot de courtoisie, choisi au hasard mais significatif pour eux, suffirait à découvrir la supercherie.

Le jour suivant, alors que la préparation du bal battait son plein, Ron, ayant pris du polynectar dans les toilettes, se présenta devant Hermione dans le hall principal. Il se tenait là, tout sourire, dans l’apparence de Harry.

« Salut, Hermione. » La voix de Ron était presque parfaite, imitant à la perfection celle de Harry, mais il y avait une certaine froideur dans ses mots qui n’échappait pas à Hermione.

Elle leva un sourcil, le fixant un instant. « Tu sais, Harry, tu ne me dis pas salut d'habitude aurais tu décidé d'innover. »

Ron sourit, pensant qu’il s’en sortirait facilement. « Euh... Ouais , pourquoi tu n'aimes pas? »

Hermione haussait les épaules, mais son regard était perçant. « Non, Harry. Ce n’est pas ça. Mais je ne suis pas habitué»

Elle s’avança légèrement, croisant les bras. « Harry, si c’est bien toi, dis moi mon bonjour habituel sinon ma journée sera mauvais, je le sens . »

Un frisson parcourut l’échine de Ron. Ce mot, il ne le connaissait pas. Il avait sous-estimé la perspicacité d’Hermione. Il se força à sourire de plus belle, mais son visage était désormais crispé.

« Ah… je… je ne vois pas de quoi tu parles, Hermione. » La panique était palpable dans sa voix.

Hermione, calme mais ferme, recula d’un pas. « Alors, il semblerait que tu ne sois pas Harry après tout. »

C’est là que tout bascula. Un éclat de colère illumina les yeux de Ron, et il fit un geste brusque de la main, renversant quelques papiers qui traînaient sur la table. Il jeta un regard furieux à Hermione. « Tu crois vraiment que tu es mieux que moi, hein ?! Que Harry te choisisse toujours… Mais tu n’es rien d’autre qu’une… »

Mais Hermione ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. Elle lui tourna le dos, prête à partir, mais une main se tendit dans sa direction. Ce fut Ginny, qui, emportée par un excès de rancœur, poussa violemment Hermione dans les escaliers.

« Tu n’aurais jamais dû t’interposer entre moi et MON Harry ! » hurla Ginny, ses yeux brillant d’une lueur malsaine.

Le monde sembla ralentir autour de Hermione alors qu’elle chutait en arrière, ses pieds glissant sur les marches lisses. Elle cria de douleur avant de percuter le sol avec un bruit sourd. L’impact lui coupa le souffle. Sa cheville se tordit avec un bruit sec, et la douleur immédiate la fit se tordre en silence.

Harry, qui passait dans le couloir à ce moment-là, fut le témoin horrifié de la scène. Il se précipita vers elle, les yeux écarquillés de terreur. « Hermione ! » cria-t-il en la relevant doucement.

Les élèves autour de lui s’étaient arrêtés, mais personne n’osait intervenir. Certains regardaient, gênés, d’autres semblaient trop ne pas savoir comment agir pour apporter leur aide.

Ginny, loin de se soucier de la souffrance d’Hermione, se contentait de sourire dans l’ombre, ses bras croisés. Ron, qui avait assisté à la scène sans un mot, se détourna. « C'est ta faute », murmura-t-il, avant de s’éclipser dans le dédale des couloirs.

Hermione souffrait terriblement, sa cheville enflée et rouge, mais elle essaya de se lever malgré la douleur. « Ça va, Harry… Je peux me relever… »

Harry la soutenait fermement. « Non, Hermione, je t'emmène à l’infirmerie, ne t'inquiètes pas. » Il la souleva avec précaution, l’amenant dans les bras en courant. Chaque seconde semblait être une éternité, mais il ne la lâcherait pas, pas après tout ce qu’elle venait de traverser.

Les bruits de la foule s’éloignèrent derrière lui, mais dans son esprit, il n’y avait qu’une pensée : Ginny et Ron n’allaient pas s’en tirer comme ça. Ils avaient franchi la ligne, et Harry n’allait pas leur laisser passer cela.

Contrecarrer les Fils du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant