La forêt des souvenirs

Chapitre 1

1 décembre 2024

Dans 24 jours c'est noël. Le sapin est près, les décorations devant la maison aussi. Exceptionnellement papy et mamie seront là alors j'ai décidé de faire un effort vestimentaire et j'ai préparé une tenue exprès. Les cadeaux pour mes cousins et cousines sont bien emballés et cachés sous mon lit. Il faut que je pense aussi au dess...
Le dessert. Il fallait que je pense au dessert. Il faut que je pense au dessert. Il faut que je pense... Que je pense à quoi ? Il faut... Que faut-il ? Que se passe-t-il ? Où suis-je ?

Qui suis-je ?

***

-Eh oh ! Réveille-toi !

La jeune fille poussa un grognement. 

-Plus tard maman, c'est le weekend... marmonna-t-elle dans sa barbe. 

Elle se retourna et même s'il lui semblait que son lit avait changé de texture elle n'en tint par rigueur et garda les yeux fermés. Soudain, elle se sentie soulevée de son nid douillet, et dans un cri aigu, elle ouvrit grand les yeux. La lumière lui brûla la cornée aussi les referma-t-elle aussi sec tout en se débattant pour s'échapper des bras robustes qui la retenaient. 

-Chut, arrête de crier !

La jeune fille ne se tut pas pour autant et continua de gesticuler. Elle réussit à se défaire de son assaillant et son corps heurta un sol étrangement terreux pour être son lit. Elle releva une nouvelle fois ses paupières, cette fois-ci en clignant plusieurs fois des yeux pour ne pas devenir aveugle. Elle n'avait pas prévu dans l'immédiat de perdre la vue. 

Dans un mouvement rapide et brusque elle fit volte-face et se retrouva sur les fesses, déséquilibrée. Un jeune homme l'observait, un sourire amusé au coin de ses lèvres pâles. La jeune fille ne put détacher son regard de celles-ci, ayant l'envie irrémédiable d'y coller les siennes sans savoir pourquoi. Elle cligna une nouvelle fois des yeux pour se défaire de cette vision étrange et recula alors que l'homme avançait. Ses yeux foncés étaient rivés dans les siens, ce qui était très déconcertant. Il la scrutait, attendant certainement une autre réaction de sa part. Seulement, ni l'un ni l'autre n'osait bouger en premier. Chacun était concentré à dévisager l'autre, sans prononcer le moindre mot. Le sourire de l'homme s'était effacé, il semblait concentré. La jeune fille ne pouvait plus bouger, parcourue d'un sentiment étrange. 

Dans un élan de lucidité et de courage elle ouvrit la bouche, s'apprêtant à déclarer quelque chose, même si elle ne savait pas vraiment quoi. C'est alors qu'elle fut un interrompue par un grognement fort et rauque qui résonna autour d'elle. Le bruit eut l'effet d'un seau d'eau froide renversé sur sa tête, et elle détacha finalement son regard de celui de l'homme. Elle regarda tout autour d'elle, comme réveillée d'une illusion. Bizarrement, elle ne se trouvait pas dans sa chambre mais dans une petite clairière à l'herbe bien verte, entourée d'hauts sapins. Que faisait-elle dans une forêt ? Elle n'en avait aucune idée.

-Lève-toi.

La jeune fille sursauta. Elle n'avait ni vu ni entendu l'homme se rapprocher d'elle pour lui tendre la main.

-On ferait mieux de ne pas tarder ici.

La fille releva son visage vers lui, mêlée par la surprise, l'incompréhension et la peur. Tout se mélangeait dans sa tête, elle n'arrivait pas à réfléchir.

L'homme s'accroupi pour être à sa hauteur et le cerveau de la jeune fille lui hurla de reculer. A contrario son coeur lui intimait de ne pas bouger, et bizarrement elle l'écouta. 

-Tu es une tombée du ciel ? demanda l'homme aux lèvres roses.

Les neurones de la fille décidèrent de se réveiller car elle demanda :

-Une quoi ?

C'étaient les premiers mots qu'elle avait prononcé depuis son réveil et sa gorge lui piqua étrangement avec un léger arrière goût acide. 

-Quel est ton nom ? lui demanda-t-il alors.

Elle voulut lui répondre mais les mots moururent dans sa gorge. Les battements de son coeur s'accélérèrent, et elle regarda dans tous les sens comme si la réponse à sa question se trouvait autour d'elle. Ses yeux s'emplir de larmes et elle répondit :

-Je ne sais pas.

Elle ne savait pas comment c'était possible, ni même pourquoi ça la paniquait. Elle avait l'impression de ne rien savoir.

-Eh, tout va bien, chuchota l'inconnu en essuyant l'une de ses larmes à l'aide de son pouce.

La fille le laissa faire, observant une nouvelle fois ses lèvres en se demandant pourquoi elles l'attiraient tant. 

Un nouvel hurlement les interrompit et le jeune homme releva brusquement la tête. 

-On a attendu trop longtemps, souffla-t-il.

La fille regarda dans la direction qu'il guettait sans comprendre et c'est alors qu'elle la vit. Une bête énorme sortit des fourrées à 20 pas d'eux. Ses yeux étaient rouges sang, ses canines tellement pointues qu'elles sortaient de sa bouche, son poil était hérissé, et son haleine fétide était tellement puissante qu'elle parvint jusqu'aux narines de la fille apeurée. 

Dans 24 jours c'est Noël. Etrangement ce fut la seule phrase qui réussit à la rassurer dans son esprit embrumé quand la bête se jeta sur eux.