Chapitre 2

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Dimanche 1 décembre 2024

La vitesse à laquelle l'inconnu poignarda la bête fut tellement rapide que la jeune fille crut d'abord qu'il l'avait transpercé à mains nues. C'est alors que le corps du monstre retombait lourdement sur le sol qu'elle vit le couteau ensanglanté dans sa main. Elle poussa un cri à retardement, encore sous le choc de cette attaque. Le jeune homme se tourna alors vers elle et la força à se lever. 

-Ne trainons pas, ordonna-t-il d'une voix sombre. S'il y en a un, il y en a forcément d'autres.

-Qu'est-ce que c'est ? eut-elle du mal à demander en fixant la créature à leurs pieds.

-Un loup, répondit sombrement l'homme.

La fille le fixa d'un air hébété, les sourcils froncés.

-Un loup ?

-Il a muté, mais peu importe. Tout ce qu'il y a à savoir c'est qu'il ont toujours faim, répliqua-t-il sèchement. 

La jeune fille ne bougea pas, le regard rivé sur la bête. Etait-ce réel ? Elle n'en était pas vraiment sûre. Une main vint se glisser dans la sienne, la ramenant à la réalité. Elle tourna la tête dans la direction de cet inconnu qui la retenait fermement et encore une fois leurs regards se croisèrent. Le sentiment qu'elle ressentit était indescriptible. Il aurait pût s'apparenter à de l'amour, de l'excitation ou même de la curiosité, mais cela semblait impossible déprouver de tels sentiments pour un inconnu. 

-Il faut y aller, répéta-t-il. 

La fille sentit les poils de ses bras se hérisser en entendant un hurlement au loin. Elle hocha la tête et suivit le jeune homme qui l'emportait dans la forêt. Ils ne courraient pas mais marchaient vite, les banches basses des arbres les fouettant sur leur passage et les hurlements au loin semblant se rapprocher à leurs oreilles.

-Comment tu t'appelles ? demanda malgré elle la fille.

-Tu peux m'appeler Eylé, répondit son compagnon.

-Où sommes-nous Eylé ?

Cette question lui brûlait la gorge depuis un bon moment déjà et elle n'attendait que sa réponse. Seulement, il fut interrompu par deux bêtes similaires à la précédente bondissant en travers de leur chemin et leur barrant le passage. Dans un geste protecteur Eylé se positionna devant la fille. Celle-ci sentit son coeur s'accélérer, sans savoir si cela venait de la peur occasionnée par les monstres ou par la main de l'inconnu toujours nichée dans la sienne. Elle n'eut pas le temps de se poser la question plus longtemps car les bêtes bondirent en même temps sur leur duo. La jeune fille se liquéfia sur place, pétrifiée, incapable de bouger ou même de crier. Elle fut tirée en avant, ayant presque peur que son bras soit arraché et parte sans elle. Son corps roula dans l'herbe, les bêtes passèrent au-dessus de sa tête, et le jeune homme ne lui laissa pas le temps de reprendre ses esprits car il la releva immédiatement pour recommencer à courir. Ses jambes eurent quelques minutes de remise en marche difficile mais elle s'efforça de le suivre du mieux qu'elle puisse. Ils coururent, leurs respirations et leurs pas synchronisés. La fille entendait derrière eux les loups les poursuivre, mais à aucun moment elle ne regarda en arrière. Elle donna tout ce qu'elle avait, puisant dans ses réserves d'adrénaline pour accélérer. 

-Stop !

Le cri d'Eylé la fit sursauter et elle manqua de trébucher. Il la retint au dernier moment, agrippant son tee-shirt. La jeune fille sentit sa gorge se nouer alors qu'elle avait une incroyable vue sur le vide qui s'étendait devant elle. La cascade sous son corps faisait un bruit d'enfer qui ne la rassurait absolument pas. Le jeune inconnu la redressa d'un coup rapide et elle se retrouva collée à lui, son dos collé à son torse, ses bras enroulés autour de son corps menu. Ce n'était pas une position inconfortable, même si elle ne le connaissait absolument pas.

-Tu me fais confiance ? demanda-t-il.

Elle devrait répondre que non, elle ne connaissait que son nom, qu'elle ne faisait pas confiance aux personnes qu'elle ne connaissait que depuis quelques minutes, et pourtant, sa bouche en décida autrement. 

-Oui.

-Alors accroche-toi.

Elle voulut lui demander pourquoi, mais trop tard car il s'était jeté dans le vide. Jamais la jeune fille n'avait autant crié, elle n'avait aucun souvenir en tête pour le prouver, mais elle en était sûre. Et elle dût surement rendre son acolyte sourd par la même occasion, juste avant que leurs corps ne heurtent la surface glacée du lac en contrebas. 

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