Chapitre 7

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4 décembre 2024

-Alors... Vous êtes nombreux ici ? demanda Noël.

Elle marchait calmement aux côtés de Tchan, observant chaque détails du petit camp dans lequel elle évoluait. Quelques personnes étaient de sortie et la dévisageait d'un regard mauvais. La jeune fille décida de ne pas faire attention à leurs regards haineux et tenta, tant bien que mal, de se concentrer sur le garçon qui l'accompagnait.

-Une quarantaine je dirais, répondit-il d'air confiant, ne semblant pas remarquer l'hostilité de leurs observateurs. 

-Et votre doyen et là depuis longtemps ?

-Un an d'après lui.

-C'est...

-Long ? Oui, et je suis désolé de te l'apprendre mais on en a probablement pour un moment nous aussi. Personne ne s'est jamais souvenu de quoique ce soit, et les quelques qui sont partis...

-Certains sont partis ? 

Noël espéra un moment pouvoir sortir de cette forêt étrange uniquement constituée de sapin, mais quand elle se tourna vers son interlocuteur, sa mine sombre lui indiqua qu'elle s'était fait de faux espoirs. 

-Ils sont morts c'est ça ? 

Tchan hocha gravement la tête.

-Visiblement nos souvenirs nous ont abandonnés, mais la mort, elle, ne s'est pas lassée de nous.

Un frisson glacial traversa tout le corps de la jeune fille. Déjà qu'elle avait froid, sa peur n'arrangeait rien.

-Quel âge as-tu ? 

Elle regretta rapidement sa question, consciente qu'il était incapable de lui répondre.

-Je ne sais pas, mais on estime que physiquement j'ai à peine la majorité. 

Il détailla soudainement les traits du visage de la jeune fille et celle-ci se sentit mal à l'aise. Ce n'était pas comme quand Eylé l'observait. Là, elle avait l'impression d'être analysée par un pur inconnu. 

-Tu as l'air plutôt jeune, je te mettrai bien 16 ans facilement. Voir 17.

Noël haussa les épaules, ne sachant quoi répondre. Un silence froid s'instaura après cette phrase. Ils continuèrent de marcher côte à côte, l'un guidant l'autre. L'absence d'Eylé pesait un peu plus sur les épaules de la fille. Elle se demanda ce que lui voulait Mandraa, s'il allait bientôt la rejoindre et si elle pouvait vraiment lui faire confiance. C'était la première fois qu'elle se posait la question en quatre jours déjà. Elle avait immédiatement fait confiance aveuglément à cet homme peu musclé, aux beaux yeux noirs et aux lèvres roses. Mais elle ne savait pas réellement qui il était. Elle ne pouvait pas. Car lui même ne le savait pas.

-On est arrivés, l'arrêta brusquement le présumé ami d'Eylé.

Noël n'était pas convaincu par leur amitié construite en un jour seulement. Elle avait gardé le silence, préférant se faire petite en tant que nouvelle.

-Allons-y, sourit gentiment Tchan pour essayer de l'encourager. 

Cela ne marcha pas vraiment et une boule d'angoisse vint s'installer au creux de son ventre. Elle entra cependant à la suite de son guide dans une cabane en bois un peu plus développée que les autres. Elle ne comportait cependant qu'une pièce, et à peine la porte se referma derrière elle que chaque personne présente dans la petite cahute se tourna vers elle. Ils étaient quatre, quatre hommes en cercle qui s'étaient arrêtés dans leur discussion pour la détailler de la tête aux pieds. L'un d'eux se détacha du groupe pour se poster juste devant elle. Noël refréna un mouvement de recul face à cet homme qui mesurait près d'une tête de plus qu'elle.

-C'est donc toi.

Sa voix était étonnamment plutôt aigüe.

-Euh, bonjour, bredouilla-t-elle, déstabilisée.

-Je n'ai pas le temps de tergiverser, répondit glacialement l'homme. Ce n'est rien de personnel, évidemment. Mais il en va de la survie de tous.

Noël fronça les sourcils, ne comprenant pas où il voulait en venir. Cet homme ne lui augurait rien de bon. Elle ne l'appréciait pas. Et elle se méfiait. Elle baissa alors le regard et vit à temps une lame être dégainée de derrière son dos. La fille sentit son coeur s'emballer, mais elle savait que ses réflexes étaient mauvais. Elle ouvrit la bouche pour crier, se préparant déjà à recevoir le coup de poignard, quand une main vint arrêter le bras de son agresseur. Noël croisa une nouvelle fois le regard de son sauveur, ce regard sombre qui l'apaisait à chaque fois.

-Je suis là maintenant, dit-il d'un air confiant. Et je ne te laisserai plus.




La forêt des souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant