Chapitre 10

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Ils marchaient bien depuis au moins 4 heures, et aucun encore n'avait osé prononcer le moindre mot. Leurs pas se faisaient dans le silence presque parfait formé par leur petite bulle uniquement cassée par le bruit de leurs respirations et de leurs pas. Noël était à la fois stressée par toutes les questions qui se cognaient entre elles dans son cerveau, et à la fois apaisée par la main présente contre la sienne. Pas une fois Eylé ne l'avait lâchée depuis leur départ, ce qui lui avait valu plus d'un regard de travers de la part de ses amis. Ce n'étaient pas des regards mauvais à proprement parlé, mais plutôt des regards intrigués. S'ils savaient que la jeune fille elle-même ne savait pas pourquoi elle se sentait autant en confiance à ses côtés, ils seraient encore plus perdus. Elle avait ce sentiment ancré en elle qui réveillait dans son ventre d'étranges sensations dès que leurs regards rentraient en contact. Elle appréciait sa présence, ses contacts, sa voix relaxante. Et pourtant, elle l'avait rencontré il y a seulement 4 jours.... Non. Il y a 5 jours. Elle était catégorique, la date avait changé.

-Nous sommes le 5 décembre, déclara-t-elle immédiatement. 

Tous les regards se tournèrent vers elle.

-C'est donc vrai ce qu'on m'a dit sur toi, souffla Noraï.

Noël ne sut pas vraiment où se mettre après cette remarque. L'information tournait vite visiblement. 

-Euh, oui.... bredouilla-t-elle.

A nouveau le silence glacial qui les accompagnait depuis le début les retrouva. Pas bien longtemps, au plus grand bonheur de Noël qui trouvait cela pesant, et qui espérait pouvoir bientôt poser ses questions.

-D'où vous connaissez-vous ? demanda Tchan à Mandraa et Noraï s'en se soucier de passer d'un sujet à l'autre aussi vite. 

Enfin, Eylé se décida à tourner la tête vers eux et à arrêter de bouder dans son coin. Il semblait tout d'un coup intéressé par la réponse des deux jeunes femmes.

-Je me suis fait attaquée par un groupe de cerfs, expliqua la blonde aux yeux noirs. Mutants bien évidemment. Et Noraï m'a sauvé la vie. 

-On a commencé à discuter et on est devenue amie, poursuivit l'autre. 

-Pourquoi ne nous as-tu jamais parlé d'elle ? demanda froidement Eylé à l'intention de Mandraa.

-Aurais-tu oublié que l'on ne se connait que depuis cinq jours ? 

-Le temps ici n'est pas le même, et tu le sais très bien !

-Une semaine, deux, trois voir quatre ne change rien, je ne suis pas obligée de tout vous dire ! s'emporta la femme.

Eylé leva les yeux au ciel et Noël préféra rester en retrait, pas tout à fait prête encore à prendre la parole. 

-Et tu es comme nous ? demanda soudain Tchan. On ne t'a jamais vu au camp.

Noraï sembla hésiter et chercha l'approbation auprès de son amie pour répondre.

-Je suis un lutin.

Eylé eut une réaction qui surprit Noël, encore plus que la réponse de la femme. Il la cacha derrière son dos, sa main toujours dans la sienne et l'autre tenant son arme. Tchan était livide et ce fut Mandraa qui leva les mains en l'air pour tenter de retenir Eylé.

-Arrête, elle est de notre côté !

-Les lutins ne sont pas de notre côté, ils essaient de nous tuer à la moindre occasion ! 

-Je ne suis pas comme eux, dit alors Noraï. Je ne veux pas vous tuer, je ne suis pas d'accord avec leur point de vue sur vous.

-Comment peut-on te croire ? 

-Vous ne pouvez pas, mais cela vous ferez perdre encore plus de temps. 

-Mais à quel prix ? soupira Tchan.

Noël tapota sur l'épaule d'Eylé pour lui signaler que ça allait, et elle se repositionna à ses côtés contre son avis.

-Je peux vous assurer que mes intentions ne sont pas les mêmes que mes camarades, ajouta Noraï. J'ai des éléments supplémentaires à prendre en compte mais ils refusent de m'écouter, ils sont butés.

-Pourquoi les lutins veulent nous tuer ? demanda Noël, malgré qu'elle ne comprenne rien à la conversation et qu'elle espérait, qu'enfin, quelqu'un se décide à tous lui expliquer.

Ce qui n'était pas près d'arriver, soi-dit en passant.

-Ils pensent que vous êtes la cause de la mutation de la forêt, expliqua-t-elle.

-Et les notre pensent l'inverse, déclara Eylé.

-Vous avez tous tort, les avertit la femme.

-Et donc... l'encouragea Tchan. Qui en est la cause ? 

Noraï attendit un instant, semblant hésiter à prononcer sa phrase. 

-Le père Noël et le père Fouettard. 

La forêt des souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant