Chapitre 8

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Noël en était sûre désormais. Elle pouvait lui faire confiance. Elle pouvait mettre sa vie entre ses mains qu'elle y serait en meilleure sécurité. Car chaque jours qui passaient il lui sauvait la vie. Encore et encore. Et elle était persuadée qu'il pouvait continuer ainsi encore longtemps.

-Lâche ça, ordonna Eylé à l'homme tenant le poignard.

Celui-ci fronça les sourcils d'un air désapprobateur.

-Tu ne te rends pas compte de la bêtise que tu commets, le mit-il en garde.

-Tu crois ?

Noël vit du coin de l'oeil les trois hommes restant se rapprocher dangereusement d'eux. Elle le signala rapidement à Eylé d'un signe de la main et celui-ci réagit du tac au tac. Il donna un coup rapide au bras de l'homme armé et lui arracha son poignard avec force. Il le fit se retourner avec brusquerie et plaqua la lame contre sa paume d'Adam. Ses compagnons s'arrêtèrent immédiatement.

-Le premier qui bouge sait ce qui va lui arriver, menaça Eylé.

L'homme sous son emprise lâcha un petit rire.

-Je dois avouer que je ne l'avais pas vu venir.

-Pourquoi tu t'attaques à elle ? s'enquit immédiatement le jeune homme.

-Tu t'es attaché à elle tellement rapidement, c'est effrayant.

Noël vit son camarade lui donner un léger coup aux côtes.

-Eylé, y a du monde qui nous attend dehors, l'avertit Tchan qui avait glissé sa tête dans l'entrebâillement de la porte.

-On va sortir calmement, et vous n'allez pas bouger, déclara Eylé en haussant bien la voix pour que les personnes à l'extérieur l'entendent. 

Il fit signe de la tête à Noël de se rapprocher de Tchan. Celle-ci s'exécuta d'un air hésitant et ils sortirent. L'ami d'Eylé avait posé sa main sur l'épaule de la jeune fille, près à se mettre devant elle au moindre danger. Devant eux se tenaient une foule d'une trentaine de personnes qui restaient immobiles. 

-Ne les laissez pas s'échapper ! ordonna l'homme menacé par Eylé. Tuez la fille, même s'ils tentent de vous en empêcher. 

-Si vous essayez la moindre chose je lui tranche la gorge, menaça Eylé.

Noël se tourna vers lui, l'air ahuri. La gravité de la situation commençait à la frapper de point fouet. Elle qui était partie pour rencontrer le doyen de leur petit camp, elle se retrouvait désormais au milieu d'une dispute d'une gravité qui dépassait l'entendement. Et malheureusement pour elle, l'homme tenu en otage prit également la parole.

-Laissez-le me tuer. Ma vie est moins importante que votre survie à tous. Une seule chose compte : il faut vous débarrasser d'elle. Ne vous souciez pas de moi.

Noël vit son sauveur devenir livide, visiblement pas préparé à ça.

-Mais vous êtes le doyen ! cria une voix dans le foule.

Les lèvres du dit doyen se formèrent en un léger sourire.

-Cela faire trop longtemps que je suis ici, mais si vous la laissez s'échapper vivante, vous pouvez être sûr que notre attente à tous aura été vaine.

Il marqua une légère pose, durant laquelle Eylé ne bougea pas d'un poil, déstabilisé.

-Puisse la forêt être avec vous, finit le doyen.

Et d'un mouvement vif, il agrippa la main de son ravisseur pour la faire glisser le long de sa gorge. Eylé écarquilla les yeux et recula d'un bon, lâchant son arme. Le corps de l'autre homme tomba lourdement au sol, du sang s'écoulant de sa blessure. Noël se couvrit la bouche de ses mains, se retenant de crier, sous le choc de ce qu'il venait d'arriver. La foule entière était scotchée au cadavre du doyen, et les premiers à reprendre leurs esprits dégainèrent leurs armes pour les pointer sur elle.

-Tuez la sorcière ! crièrent-ils.

Tchan, Eylé et Noël n'eurent pas le temps de réagir qu'un brouillard épais vint brouiller leur vue. Noël chercha à se repérer dans cette fumée blanche qui brouillait ses sens, mais impossible pour elle de retrouver ses compagnons. Elle sentit alors des bras entourer sa taille, et elle sut immédiatement que ce n'était pas Eylé. Elle hurla tout en se débattant mais n'arrivait pas à se retirer de l'emprise de son assaillant.

-Noël ! cria Eylé dans le brouillard.

Elle voulut lui répondre, mais trop tard, la personne qui la tenait l'avait tirée avec elle et voilà que ses pieds quittaient le sol. Plus question de se débattre si elle ne voulait pas se transformer en crêpe. C'est en arrivant en hauteur sur une branche de sapin qu'elle put voir son kidnappeur. Enfin le peu qu'il lui montra. Il portait une combinaison qui lui cachait le visage, tel un ninja.

-Qui êtes-vous, que me voulez-vous ?

Évidemment il ne lui répondit pas. Il se contenta d'attraper une nouvelle fois son bras et de la tirer vers une autre branche. Noël ne se laissa pas faire et se dégagea d'un geste brusque.

-Répondez-moi ! ordonna-t-elle, les dents serrés par l'énervement.

Pourquoi est-ce qu'elle avait l'impression d'être totalement perdue par les derniers évènements ? Surement parce que personne ne lui avait encore accordé d'explications.

-Tu es têtue sorcière, soupira le ninja.

Sa voix lui sembla féminine, et Noël se demanda s'il ne s'agissait pas en réalité d'une femme.

-Est-ce qu'on peut m'expliquer pourquoi tout le monde m'appelle sorcière ? Et bon sang, retirez cette cagoule !

Elle-même fut surprise par tant d'autorité, et n'eut pas le temps de le regretter que son kidnappeur retira son masque. Des boucles brunes se dégagèrent de sa capuche, et de beaux yeux verrons se posèrent sur elle. Sa tête était de forme ovale, elle était très belle, avec de petites oreilles.

-Contente ? On peut y aller maintenant ?

Noël ne sut que répondre.

-Mais qui êtes-vous ?

La femme leva les yeux aux ciels.

-C'est pas vrai....

Elle attrapa la jeune fille par la taille et la colla à elle.

-Tant pis pour toi sorcière.

Et sans attendre plus longtemps, elle se lança sur une branche adjacente. Noël commençait sérieusement à en avoir de toutes ces sensations fortes. Elle n'était pas loin de la crise cardiaque. Ce qui serait bien dommage de mourir si jeune, amnésique, dans une forêt de sapins, accrochée à une pure inconnue après avoir échappé à une tentative de meurtre. Oui, tout allait très bien. C'était un noël tout à fait normal.


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