S'ÉCROULER DE FATIGUE

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La tension dans la taverne était palpable. Le silence se faisait lourd entre Dreyfus et les Seven Deadly Sins, chacun préparé à réagir à la moindre menace. Le regard de Dreyfus était glacial, presque calculateur, et ses soldats étaient restés en retrait, attendant les ordres de leur supérieur.

Dreyfus, après avoir observé Arkanor un moment, prit une profonde inspiration et, d’un ton grave, s’adressa à Meliodas et au groupe. « Vous ne comprenez toujours pas, n’est-ce pas ? » Sa voix résonnait dans la pièce, les mots lourds de menace. « Tout ce que vous avez fait, tout ce que vous avez réveillé… Vous êtes en train de jouer avec des forces que vous ne maîtrisez pas. Arkanor a beau être revenu, il n’est qu’un fragment d’un passé qui, à un moment donné, vous engloutira tous. »

Il fixa Arkanor un instant, comme s’il voulait l’ancrer dans un ultime avertissement. « Vous serez tous responsables de ce qui arrivera ensuite. Ne croyez pas que vous serez à l’abri. L’ombre des démons que vous avez réveillés plane au-dessus de vous. » Ses yeux se firent plus perçants, comme s’il savait exactement ce qu’il avait semé.

Avant même que quelqu’un ne puisse réagir, Dreyfus tourna brusquement les talons, ses soldats emboîtant le pas derrière lui. La tension se relâcha immédiatement, mais une inquiétude persistante restait dans l’air. Le danger n’était pas encore passé. Dreyfus et ses hommes disparaissaient dans l’ombre de la nuit, mais leurs mots flottaient toujours dans la taverne.

Arkanor, malgré son apparence imposante, n’était pas indemne. Ses blessures, dues à l’utilisation excessive de son pouvoir et à l’épuisement général, le rongeaient. Les paroles de Dreyfus résonnaient dans son esprit, mais il n’avait ni la force ni l’énergie pour y prêter plus d’attention. Ses jambes tremblaient de plus en plus, et son regard se brouillait.

Dans un dernier effort pour rester sur ses pieds, Arkanor essaya de se stabiliser, mais une douleur intense traversa son corps, et avant qu'il ne puisse réagir, ses genoux cédèrent. Il s’écroula sur le sol de la taverne dans un bruit sourd, incapable de se retenir plus longtemps.

Le groupe réagit aussitôt. Élisabeth, qui était proche de lui, s’élança vers lui avec une rapidité effrayante. Elle le rattrapa avant qu’il ne touche le sol, ses bras se tendant pour le soutenir. Son regard était inquiet et confus. « Arkanor… ! » cria-t-elle, luttant pour le maintenir conscient. Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Il avait été fort, déterminé, mais à cet instant, il semblait avoir perdu toute force, comme si la vie elle-même quittait lentement son corps.

Les autres se précipitèrent également, mais c’est Meliodas qui arriva en premier. Lorsqu’il aperçut son petit frère dans cet état, un poids lourd s’abattit sur son cœur. Son regard se durcit, mais il cacha son inquiétude derrière un sourire forcé. Arkanor était son frère, et voir ce qu’il était devenu après tout ce temps… cela faisait naître en lui une foule d’émotions qu’il ne savait pas comment gérer.

Sans perdre une seconde, Meliodas se baissa à ses côtés, et avec une douceur qu'on ne lui connaissait pas en temps de crise, il souleva Arkanor, l’amenant lentement vers la chambre du fond. Il murmura des mots rassurants à son frère, mais Arkanor n’était plus en état de répondre, sa respiration saccadée, et son corps frémissant de douleur.

Meliodas entra dans sa propre chambre, un endroit simple, mais sûr, loin des bruits de la taverne. Il s’installa délicatement sur le lit, veillant à ce qu’Arkanor soit à l’aise, malgré son état de faiblesse. Il observa le visage de son petit frère, l’expression marquée par l’épuisement et la souffrance. Il n’avait pas vu Arkanor dans cet état depuis… depuis qu’il l’avait perdu.

Les blessures étaient sévères, mais ce n’était pas seulement cela qui le perturbait. Arkanor semblait être constamment en proie à une douleur plus profonde, comme si son corps et son âme étaient en guerre l’un contre l’autre. Mélangeant des lumières et des ténèbres, son pouvoir semblait avoir un coût que personne ne pouvait pleinement comprendre.

Élisabeth, qui était restée près de lui, posa une main douce sur l’épaule de Meliodas. « Que se passe-t-il avec lui ? » demanda-t-elle doucement, ses yeux remplis d’inquiétude. « Pourquoi ne se réveille-t-il pas ? »

Meliodas soupira, assis à côté de son frère, surveillant chaque mouvement d’Arkanor. « Son pouvoir est trop puissant, et il a trop puisé dedans. La malédiction de l’oubli… c’est quelque chose qu’il porte depuis longtemps. Il est plus fragile qu’il n’y paraît. Il utilise des forces qui le détruisent, mais il ne peut pas s’en passer. Il en est devenu dépendant. »

Il regarda un instant la fenêtre, la nuit tombant au dehors. « Quand il utilise ce pouvoir… il ne sait pas toujours quand s’arrêter. Ça le ronge à l’intérieur. » Il posa son regard sur Arkanor, la douceur dans les yeux. « Mais je ferai tout pour l’aider. Je suis son frère. Et je n’ai pas l’intention de le perdre à nouveau. »

La nuit tomba lentement, et la taverne se vida de ses habitués, laissant place au silence et à la quiétude. Mais dans la chambre de Meliodas, une autre tempête se préparait. Arkanor, même s’il était plongé dans un sommeil profond, n’était pas à l’abri des cauchemars.

Les ténèbres se tournaient autour de lui dans des spirales de lumière et d’ombre. Il revivait des scènes de son passé, celles où il avait été rejeté, torturé, oublié. Les voix des démons, des Chevaliers Sacrés, et même de son propre père résonnaient dans son esprit, le hantant. Il hurla silencieusement dans son sommeil, ses mains se crispant dans les draps. Des éclats de lumière blanche et noire dansaient dans ses rêves, une bataille intérieure qu’il ne pouvait contrôler.

Meliodas, veillant à son côté, remarqua les mouvements saccadés de son petit frère. Il se leva avec une rapidité inattendue et s’approcha du lit. Il posa une main calme sur le front d’Arkanor, murmurant des mots doux et rassurants, comme une berceuse silencieuse. Ses doigts effleurèrent sa peau, dans l’espoir de le ramener à la réalité, loin des ténèbres qui déchiraient son esprit.

La sueur perlait sur le front d’Arkanor, mais il finit par se calmer lentement, ses membres se détendant. Pourtant, Meliodas savait que ce n’était qu’un répit temporaire. Une bataille plus grande, plus longue, les attendait tous. Mais pour l'instant, il était là, avec son frère, pour le protéger, pour l’aider à trouver un semblant de paix, même si cela ne durerait qu’un instant.

LE PÉCHÉ DE L'OUBLIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant