Chapitre 4 : L'empreinte du passé

2 0 0
                                    


Point de vue Helena

La montre brisée repose sur le bureau, son mécanisme figé à 2h28, l'heure exacte à laquelle l'appel anonyme avait été reçu au poste de police. À côté, la note laissée par le Mosvick me hante encore : "L'heure tourne, Capitaine. Vous êtes la suivante si vous ne comprenez pas le passé."

Alice marche de long en large dans la pièce, ses poings serrés.

— Il ou elle se moque de nous. Ce tueur joue à un jeu pervers, et on manque de temps pour comprendre ses règles.

Je prends la montre entre mes doigts, étudiant chaque détail.

— Ce n'est pas une moquerie, dis-je calmement. C'est un avertissement.

Alice s'arrête et me fixe.

— Pourquoi ?

Je pointe la note.

— Le Mosvick ne veut pas seulement tuer : il ou elle veut que nous comprenions. Chaque meurtre est une pièce d'un puzzle. Nous avons le cadre, mais nous ignorons encore l'image complète.

Alice hoche la tête, toujours tendue.

— Et d'après toi, quelle est cette "image complète" ?

Je pose la montre et réfléchis à voix haute.

— Regardons les faits : chaque victime est liée à un événement passé, une injustice. Les Barslow : un scandale financier qui a ruiné un petit commerce. D'autres victimes : des juges, des avocats, des chefs d'entreprise... Toujours des figures de pouvoir, mais jamais innocentes.

Alice interrompt :

— Donc, le Mosvick se voit comme une sorte de justicier ?

Je secoue la tête.

— Pas exactement. Un justicier agit pour réparer. Ici, il s'agit d'un acte de vengeance. Le Mosvick veut que ces personnes payent, mais aussi que leur mort transmette un message.

Colbert entre brusquement dans la pièce, un dossier à la main.

— Capitaine, détective, on a du nouveau.

Une nouvelle piste

Colbert dépose un rapport sur la table.

— Nos analystes ont recoupé les archives avec les profils des victimes. Un nom revient encore et encore.

Il désigne un article de journal, jauni et froissé, datant d'il y a vingt ans.

— Léonard Mosvig.

Alice fronce les sourcils.

— Mosvig ?

— Oui, continue Colbert. C'était un entrepreneur local qui possédait un café. Son commerce a été ruiné par Thomas Barslow et d'autres grandes figures à cause de pratiques douteuses. Il a tout perdu et s'est suicidé peu après.

Alice se tourne vers moi, son regard perçant.

— Tu crois que notre tueur est lié à Léonard Mosvig ?

Je prends une profonde inspiration, triant mes pensées.

— C'est une possibilité. Mais ce qui m'interpelle, c'est que le Mosvick choisit ses cibles de manière très précise. Pas seulement pour se venger, mais pour recréer symboliquement ce qu'il ou elle a subi.

Alice fronce les sourcils, intriguée.

— Explique.

Je désigne le meurtre des Barslow.

— La famille Barslow a été tuée dans un schéma précis. Les parents, abattus ; les enfants, asphyxiés. Cela rappelle une souffrance familiale, une perte brutale. Peut-être que le Mosvick a perdu ses propres parents de manière similaire.

Colbert intervient.

— Si le Mosvick est un membre de la famille Mosvig, cela expliquerait le choix des Barslow comme cible.

Alice acquiesce, mais reste sceptique.

— D'accord. Mais cela n'explique pas pourquoi le Mosvick nous envoie des messages. Pourquoi attirer l'attention sur ses propres crimes ?

Je me redresse, le regard fixe.

— Parce qu'il ou elle veut qu'on comprenne. Pas seulement les meurtres, mais l'histoire complète.

Le test du Mosvick

En fin d'après-midi, un autre colis arrive au bureau, cette fois adressé directement à moi. Je l'ouvre avec précaution. À l'intérieur : une vieille photo en noir et blanc. Elle montre un homme souriant devant un café. Au dos, une phrase est écrite à la main :

"Retourne là où tout a commencé."

Je montre la photo à Alice.

— C'est Léonard Mosvig, dis-je. Et ce café... c'est probablement l'endroit où il travaillait avant de tout perdre.

Alice se lève brusquement.

— Alors, on y va.

Sur les lieux du passé

Le café Mosvig est maintenant une bâtisse délabrée, condamnée et recouverte de graffitis. Nous entrons prudemment, nos lampes torches illuminant l'obscurité poussiéreuse.

Au centre de la pièce, sur une vieille table, nous trouvons une autre boîte noire.

Je l'ouvre, et à l'intérieur se trouve une pile de coupures de presse, chacune racontant une injustice subie par Léonard Mosvig : la fermeture de son café, la saisie de sa maison, et finalement son suicide.

Alice regarde les articles, choquée.

— Il a été détruit. Tout ça pour des erreurs qui n'étaient peut-être même pas les siennes.

Je remarque un autre objet dans la boîte : un cahier, rempli de notes écrites à la main.

— C'est un journal, dis-je. Celui de Léonard Mosvig.

Je feuillette les pages, lisant des extraits :

"Ils m'ont pris tout ce que j'avais. Ma famille. Mon honneur. Mais un jour, ils paieront. Un jour, ils comprendront ce que ça fait."

Je referme le journal, le cœur lourd.

— Ce n'est pas juste une vengeance, murmuré-je. C'est une leçon. Le Mosvick veut que nous ressentions ce que Léonard a ressenti.

Alice me regarde, inquiète.

— Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi Helena Poirot ?

Je la fixe, réfléchissant.

— Parce qu'il ou elle veut que je comprenne quelque chose que mon grand-père aurait peut-être manqué.

Le piège se referme

Alors que nous sortons du café, une voix métallique résonne depuis un haut-parleur caché :

— Bravo, Helena. Tu es sur la bonne voie. Mais te souviens-tu : "chaque vérité a son prix" ?

La porte se referme brusquement derrière nous, et je sens mon sang se glacer.

— Alice, c'est un piège !

Avant que je puisse réagir, un bruit sourd retentit. Le sol sous nos pieds commence à trembler, et une odeur chimique envahit l'air...

Fin du chapitre 4

MISS POIROTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant