J'ai kidnappé un mafieux pour Noël

Quindici.

Valentino

Les jeux de la famille De Luca vont finir par me tuer. Littéralement. Me voilà, les yeux bandés, à devoir toucher des... Attends. C'est quoi, ça ? Ça colle aux doigts ! Bordel, c'est dégoûtant !

— Pas avec les mains, Valentino ! grogne Mikaëla derrière moi. Mais concentre-toi ! Sérieusement, j'ai pas envie de devoir rattraper tes points juste parce que t'es pas foutu de...

Hop, je coupe le son dans ma tête. Technique testée et approuvée. Même chose que quand je fais parler un gars un peu trop bruyant : je mets tout sur mute. Les cris, les plaintes, tout devient un vague brouhaha qui flotte autour de moi. Fonctionne à merveille. Je conseille.

Bon, focus. Je suis censé faire quoi, déjà ?

— La spatule !

Une petite voix chuchote à ma gauche : Lylia.

— On n'aide pas l'équipe adverse ! grogne Alessandro.

Ah ! La spatule ! Ok, c'est bon, je l'ai.

Je saisis le saladier dans une main, la spatule dans l'autre, et commence à ramasser à l'aveugle le truc gluant et sucré sur la table. L'objectif : en mettre le plus possible dans le contenant en moins de 30 secondes. Simple, non ?

Le gong retentit. Fini. J'arrache mon bandeau avec un sourire satisfait. Sauf que... mon sourire s'éteint aussitôt.

Trois. J'ai réussi à mettre trois malheureux chamallows dans le saladier.

Je lève les yeux vers Mikaëla. Elle est là, bras croisés sur sa poitrine, pied qui tape sur le sol et un regard... disons, suffisamment assassin pour que je commence à rédiger mon testament dans ma tête.

— Je vais te... grrr.

Ses doigts s'agitent comme si elle envisageait de m'étrangler, mais elle se retient.

— C'est pas grave de perdre... Pense à l'esprit de Noël, cara mia !

Derrière elle, son frère écarquille les yeux, il fait des gestes pour me faire comprendre que je devrais plutôt la fermer.

— Ce n'est pas... Pas... PAS GRAVE ? Tu te fous de moi ?

Elle avance d'un pas. Je recule. Les autres membres de sa famille rigolent dans leur coin ; je sens que je ne vais pas m'en tirer aussi facilement.

— Ok, écoute, ce n'est pas la quantité qui compte, mais la qualité, dis-je en désignant fièrement les trois chamallows. Regarde comme ils sont bien choisis !

Je me rattrape comme je le peux hein !

Elle lève les mains au ciel, exaspérée.

— À mon tour ! lance-t-elle en retroussant les manches de son chemisier vert.

Je saisis le bandeau et me place derrière ma petite amie de quelques jours. Lentement, je glisse le tissu sur ses yeux, mes doigts effleurent sa peau. Ce contact est chaud, agréable.

En nouant le bandeau je prends soin de ne pas coincer ses cheveux. À côté, Allegra me fixe.

La grande sœur de Mikaëla m'a déjà fait comprendre qu'elle doutait de la sincérité de notre relation. Selon elle, Mikaëla est plus du genre démonstrative, tactile. Enfin, était... avec Lorenzo, son ex.

Le problème, c'est qu'il va falloir convaincre Allegra que c'est pas du pipo. Pourquoi ? Parce que Mikaëla semble en avoir besoin. Et ça, même si elle n'a rien à prouver à personne.