"Personne ne croise notre chemin par hasard, et nous n'entrons pas dans la vie de quelqu'un sans raison"
"Toute rencontre est un risque; à la première minute, dès les premiers mots échangés, l'histoire déjà est en marche" R.Billetdoux
Ca voulait dire que je n'avais pas d'autre choix que d'accepter ce travail, ce qui bien entendu était du bénévolat. Il était hors de question pour Léonie que je reste inactive. Travailler je voulais bien, mais sans toucher de salaire je ne comprenais pas bien l'intérêt. Et puis ca voulait dire que j'allais travailler avec un de ces hippies; mais je n'avais rien à leur dire moi !
En plus de ca, j'avais dû aider Léonie à préparer à manger et à mettre la table, évidemment. Je n'aimais pas rendre service quand j'étais énervée et encore moins pour quelque chose que je n'avais pas envie de faire. Je me souviens qu'une année, ma mère m'avait envoyée en colonie de vacances alors que je ne voulais absolument pas y aller. Quelques jours avant le départ, mes valises n'étaient pas faites, et c'est ma mère qui a du les préparer pour moi. Je m'étais retrouvée avec des vêtements hideux que je ne portais jamais en temps normal. Cette fois-ci c'était un peu la même chose. Ce boulot je n'étais pas sûre d'en vouloir, et donc je n'avais pas envie d'accueillir ces personnes correctement, et encore moins de devoir passer un dîner à leur parler.
Une fois la table préparée, je monta me changer. Je pris une douche bien fraîche puisque nous étions en plein mois de juillet, et que la chaleur et la moiteur étaient écrasantes. Puis pour me calmer un peu aussi. J'étais sortie et ne m'étais presque pas essuyée avec la serviette, c'était radicale pour éviter de s'échauffer trop vite. Je choisis une robe noire, sobre et je m'étais maquillée légèrement. Bon d'accord, l'idée de recevoir ces personnes ne me mettait pas en joie, mais je n'allais tout de même pas les accueillir en jogging. C'était impensable de me montrer sans maquillage, et mal habillée. J'étais un peu stressée à l'idée de ce dîner.
La sonnette retentit. Ils étaient arrivés. Pour m'apaiser un peu, je pris deux ou trois respirations profondes, puis étais descendue leur ouvrir. J'arrivais trop tard, Léonie m'avait devancée. Les escaliers qui menaient à ma chambre, arrivaient directement dans la petite entrée, face à la porte, de fait que j'étais arrêtée sur les marches du milieu lorsqu'ils entraient. Je regardais tout ce petit monde se faire la bise, et être heureux à l'avance de partager ce moment de convivialité. Léonie se tourna vers moi, suivie de nos invités:
"Alors je vous présente Olivia, ma nièce. Ta future employée, Judith ! " dit-elle en rigolant.
J'avais rougi face à tous ces regards braqués sur moi, puis avais descendu les quelques marches qui me séparaient d'eux, afin de leur faire la bise. Judith, j'en avais déduis qu'elle s'appelait comme ça, m'avait carrément fait un câlin. Visiblement elle était heureuse de me connaitre. C'était une très belle femme, blonde aux cheveux longs, la peau joliment dorée et sans imperfections, très mince et élancée, et des yeux couleur ambre. Entre le vert et le marron clair, c'était magnifique. Son mari, Laurent, semblait aussi très gentil, mais un peu plus réservé que son épouse. Lui était brun, aux yeux bleus. Il était bel homme aussi, je l'avoue. Ils faisaient bien partie de la communauté que j'appelais "hippie".
Ils étaient accompagnés de leurs enfants, Nath et Winona. J'appris plus tard que les prénoms des enfants, qui m'avaient semblés bizarres, étaient des prénoms amérindiens. "Winona" par exemple, signifiait la "fille ainée". Ce qui était étrange vu que c'était la cadette. Mais peut-être espéraient-ils avoir d'autres enfants, notamment d'autres filles, et ainsi elle serait l'ainée des filles. Elle avait dix ans, et c'était une petite fille très volubile. En une soirée elle m'avait adoptée et ne voulait plus me lâcher. J'adorais les enfants, et elle avait du le sentir. Elle me posait des tas de questions, et me racontait des histoires plus loufoques les unes que les autres. Elle avait un peu tenu le crachoir toute la soirée, mais tous les adultes trouvaient ca plutôt drôle.
Leur fils, Nath, qui était en fait le diminutif de Nathorod signifiant "petit éclair entre les montagnes", avait dix-sept ans, mais paraissait avoir mon âge. Voir plus. C'était un vrai petit homme, grand, costaud. Il était plus sur la réserve que sa sœur lui aussi. Il était d'une politesse extrême, et m'avait émue en étant très attentif aux femmes qui se trouvaient à table. Il veillait à ce qu'on soit toujours servies en eau ou en vin, et se levait quand l'une d'entre nous sortait de table. Il avait même tiré ma chaise avant que je ne m'assieds, ainsi que celle de Léonie, vu qu'il était assis entre nous deux. C'était d'une galanterie perdue, et je trouvais ça terriblement touchant. Il était blond, avec des traits très fins et des tâches de rousseur sur le nez. Il avait des yeux bleus si profonds, que l'expression qui dit que les yeux sont le miroir de l'âme, prenait tout son sens. Il avait une vieille âme, j'en suis certaine. Lorsque j'y repense, j'ai une boule dans la gorge qui se forme, et mes yeux se remplissent de larmes. Pas facile de remuer les souvenirs.
Laurent, le père, avait un troupeau de chèvres, et fabriquait du fromage dans leur ferme familial. Judith était la responsable de la coopérative, où j'allais donc devoir l'aider à vendre des produits qui provenaient tous pour la plupart du village ou des environs. Finalement j'avais fortement apprécié cette soirée, qui fut des plus agréables. En apprenant à découvrir cette petite famille, j'avais retrouvé mon calme. Ils étaient tous si gentils que je me trouvais bête de m'être fait du mouron pour rien. J'étais absolument charmée par eux, et avais hâte de les revoir...
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La défaite du passé
Romance"Parfois tu te retrouves au beau milieu de nulle part, et d'autres fois c'est au milieu de nulle part que tu te retrouves." Pourquoi recommençons nous les mêmes erreurs plusieurs fois ? Certaines personnes ne comprennent pas les leçons du passé, et...