La défaite du passé

Qui cherche la lune ne voit pas les étoiles (+13)

"Votre âme est parfois un champ de bataille où raison et jugement combattent la passion et le désir." K.Gibran

Elle s'assit à coté de lui, et il passa son bras autour de ses épaules. Le même geste qu'il faisait si souvent avec moi. Je les entendais se parler tendrement, en se souriant. J'avais l'impression que je me décomposais un peu plus à chacun de leurs petits rires. Il semblait si heureux ce soir, et si normal avec moi, pas en colère ou amer. Même si à ce moment précis, son attention n'était pas accaparée par moi, bien au contraire.

Je ne comprenais pas son absence des trois dernières semaines... Il ne donna aucune explication, il était réapparu comme si nous nous étions vus la veille.

J'avais la lèvre qui tremblait, les yeux humides, et au moment où je crus que je n'allais plus pouvoir me contenir de pleurer, Laurent vînt me chercher pour aller danser avec tous les autres villageois. J'avais une sainte horreur de danser, mais à ce moment précis ce fut une vraie bénédiction d'avoir un prétexte pour échapper aux gloussements des deux amoureux qui se trouvaient à coté de moi. Et vu la joie de Laurent et de tous ceux qui se trouvaient au milieu de la piste qui attendaient que je les rejoigne, je ne me sentais pas de refuser.

Une fois la danse finie, je partis m'asseoir sur une autre chaise de l'autre coté de la piste, juste en face de celle où j'étais avant. Je n'avais pas envie de me retrouver encore au cœur de leurs mamours, je ne l'aurais pas supporté davantage. Nathorod me lança un regard étonné, me montra la chaise vide à coté de lui, et me fit signe de venir m'y installer. Pour toute réponse, je lui lançais un regard mi agacé mi furieux et tournais la tête. Il ne devait rien comprendre à ma mauvaise humeur soudaine. Même moi je ne me reconnaissais pas. J'avais toujours étais très polie et souriante, mais là je n'arrivais pas à faire semblant.

J'en voulais à cette gamine. Qui était-elle ? D'où venait-elle ? Je ne l'avais jamais vue auparavant, et voilà qu'elle me brisait le cœur. Je la jalousais. Je voulais être à sa place, avoir son âge. Je savais que c'était impossible , mais j'aurais tout donné pour que ça arrive. Pour que lui et moi puissions être ensemble. Mais ce genre de relation est pratiquement interdite par la loi. Et même si ca ne l'était pas, que penseraient les gens ? Je ne m'imaginais pas pouvoir assumer. Pourquoi me mettait on sur ma route un mec aussi parfait, mais aussi inaccessible ? POURQUOI ?

La fête battait son plein à présent, et je m'étais dit qu'il était temps pour moi de rentrer. Le cœur n'y était plus, si tant est qu'il y ait été à un moment donné ce soir là. La musique s'était faite beaucoup plus douce, et tout le monde dansait un slow, avant de réattaquer les musiques plus dynamiques. C'était parfait, j'allais pouvoir m'en aller sans que personne ne s'en aperçoive. Nathorod n'était plus dans mon champ de vision, j'imaginais qu'il devait être dans un coin en train de danser avec sa copine. A cette pensée j'eus les larmes aux yeux de rechef. A ce moment-là, plus personne n'était assis à part moi, et la personne qui animait la soirée l'avait remarqué apparement. Il demanda dans son micro s'il n'y avait pas un jeune homme pour venir me chercher et m'inviter à danser. Je lui fis les gros yeux ainsi qu'un non de la main, gênée que tous les regards se posent sur moi. Comme sortie discrète, j'avais déjà fait mieux.

Je me levais pour partir, mais à mon grand étonnement, je vis Nathorod s'approcher de moi. Je ne savais pas d'où il sortait, mais à présent il me tendait la main pour que j'aille danser, tout le monde me regardait et je n'avais pas d'autre choix que d'accepter. J'allais danser pour la deuxième fois de la soirée. Un record. Danser un slow, moi. C'était tellement ridicule, j'avais l'impression d'être dans un mauvais film pour jeunes filles en fleur. Je pensais à cet instant que j'aurais honte de raconter çà mes copines. J'effaçais cette idée de ma tête; je ne leur aurais pas raconté de toute façon. J'avais peur qu'elle me prenne pour une dingue d'être à ce point attirée par un adolescent.