Je descend prestement l'escalier. Maman à déjà empilée les assiettes, les couverts et les verres sur la table de la salle à manger.
-Dépêche-toi de tout mettre sur la table, dehors. La tambouille est bientôt prête.
-Oui madame, répondis-je en lui claquant une bise sur la joue.
Margot Cartner-Galot. Femme forte et sure d'elle, surprotectrice de ses enfants. Une vraie mère-poule. Un mètre soixante-six, les cheveux châtains constamment retenus en queue de cheval, les yeux bleus. Elle à comme loisir de refaire des fauteuils, sièges ou chaises (ce qu'on appelle en langage professionnel une tapissière) et porte un dégoût profond pour la cuisine.
Je dispose rapidement la vaisselle, ramène le pain, l'eau et le beurre sur la table et déplie le parasol.
-Appelle ta sœur!, me crie maman depuis la cuisine, ou de curieuses volutes de fumée émanent des casseroles.
Je me poste en bas de l'escalier.
-Sœur!!!
Je tend l'oreille. Pas de réponse. Alors que je m'apprête a m'époumoner une seconde fois, la maîtresse de maison me coupe la parole :
-Si tu ne va pas chercher ta sœur tout de suite au lieu de crier comme un putois, je te jure sur ma vieille chaise Louis XV que tu n'auras à manger que les vielles croquette de Ken, et tu te débrouillera pour négocier avec lui ta part!
Même si je n'ose pas faire de remarques sur l'odeur nauséabonde et l'espèce de coulis noir qui s'échappe de la casserole, je file au premier en comparant dans ma tête la purée noircit de ma mère avec la pâtée de Ken. Finalement la purée l'emporte. Pour le prénom quelque peu incongru de l'habitant se traînant de pièce en pièce dans la maison, et que mes amies appellent "un chat", il faut savoir qu'il fut donné par ma mère. Non pas qu'elle soit très friande de Ken&Barbie (au contraire), elle est surtout une fan incontestée de Ken Follett, auteur de la trilogie "le Siècle". Cet animal rayé à donc le grand honneur de porter le nom de l'écrivain favori de maman, et par ailleurs de ce beau gars musclé en plastique que l'on voit tous les jours dans les pub à la télévision. Je frappe à la porte de la chambre de ma sœur et entre sans même attendre la réponse.
-On mange, et dépêche sinon maman à dit qu'elle te mettrait tous les mercredis du mois au Centre-Aéré!
Ma sœur lève la tête du coloriage qu'elle est en train de massacrer et pose ses yeux d'un bleu océanique sur moi.
-C'est même pas vrai!
-Bien sur que si c'est vrai! Elle m'a même dit que je devais te donner que 7 secondes pour sortir de ta chambre! 7, 6, 5...
Ma sœur saute d'un bond de son lit, fait un dérapage serré dans le couloir et disparaît dans l'escalier. J'entends les vingt craquement des marches puis son pas léger sur le carrelage et enfin le raclement de la chaise sur la terrasse en bois.
-Ça y est maman je suis la première à table! Qu'est ce qu'on mange???
Maxime Carter. Puce sauteuse que l'on m'a attribué comme sœur. Un mètre dix-huit, blonde, yeux bleus, 6 ans, très crédule et qui croit absolument tout ce qu'on lui dit (ce qui peut être très pratique). Je descend à sa suite et m'affale sur une chaise. Maman apporte les casseroles, brûlées sur les bords. Il y a quatre assiettes, dont une recouverte du couteau et de la fourchette croisés. Maman à du passer après moi pour mettre les couverts de la sorte. Je me relève pour saisir la cuillère en bois et servir tout le monde.
-Votre père....
-.....rentrera tard, on sait.
Maman m'adresse un pauvre sourire et s'assoit sur sa chaise de jardin.
Oui, je sais. C'est toujours comme ça. Ça ne me dérange pas. Tant qu'on me laisse rêver.
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Pauvre innocence
DiversosUne jeune adolescente prénommée Carlyne qui reçoit un appel téléphonique inconnu. De nature rêveuse, elle ne peut s'empêcher de s'imaginer qui est ce mystérieux inconnu.