Le lendemain, c'est grâce (ou à cause, ça dépend comment on le voit) à une tornade de cheveux blonds que je m'extirpe des bras de Morphée. Je balance mes bras un peu partout jusqu'à ce que je rencontre une surface dure.

-Aïe !

Une épaule. 20 points. Je me retourne sur le ventre.

-Dégage Kinder Maxi !

Ma sœur saute sur mon dos, et j'ai soudain une paire de sourcils froncé qui bloque mon champs de vision :

-Arrête de m'appeler Kinder Maxi !!!

-Tant que tu ne sera pas descendu de mon dos, mmmmh...non.

Maxime saute au bas de mon lit et descend sur la rampe de l'escalier qui relie ma mezzanine au 2e étage. Je sens un objet dur me rentrer dans les cotes. Mon téléphone.

-Maman a dit que si t'étais pas en bas dans dix minutes t'aurais pas de pain perduuuuuu !

Je me redresse vivement et fais valser la couette.

-Maman à fait du pain perdu !?

J'entends la cavalcade que produit ma sœur en descendant les marches de l'escalier :

-Y en aura que pour moaaaaaaaa !!

Je descend aussi vite que je peux l'escalier de ma chambre, manquant de me rompre le cou, et enfile un tee-shirt, un pantalon et une paire de chaussette à la va vite par dessus mon pyjama. Quand ma sœur menace de tout manger, il ne faut jamais prendre ces paroles à la légère! Je descend en trombe l'escalier qui mène à la salle à manger tout en essayant de ramener mes longs cheveux bouclé en un chignon. Maxime est déjà attablée, barbouillée de sucre et de nutella. La seule chose pour laquelle je tuerais provenant de la poêle de ma mère, c'est son pain perdu. Sachant qu'il suffit simplement de jeter un bout de pain rassit et d'y ajouter beurre, nutella, ou autre substance chimique selon ses goût, cette recette fait la fierté de ma mère et le régal de ses enfants. Et personnellement, j'adore le petit goût de cramer quelle leur donne sur le dessus.

-Où est papa ?, demandai-je en m'asseyant.

-Il est parti tôt ce matin, il bosse sur un projet très important. Et il t'arrive de dire bonjour ?

-Bonjour madame, répondis-je en mordant dans la croûte noirci de mon pain perdu qu'elle vient de déposer dans mon assiette.

Pierre-Yves Carter. Homme renommé dans le monde des plantes, fameux paysagiste de parc et autres lieux publics. Travaillant jours et nuits dans son bureau, que ce soit au travail ou à la maison. Pour lui, le pyjama réside dans une cravate, une chemise, un pantalon à pince, des chaussures à l'italienne et éventuellement un veste. Change chaque jour de tenue, mais à quel moments, personne ne l'a jamais su ! Ne dors jamais, ou du moins très discrètement. Se rappelle vaguement qu'il à deux filles, puisqu'il vient tous les soirs vérifier que chacune est dans sa chambre. Quand à savoir leur nom, il faudrait déjà qu'il leur parle !

Je sais, je sais, le cliché du papa absent. La triste vérité est que ça n'arrive pas que dans les livres...

Après avoir engloutit le reste de pain dégoulinant de beurre fondu, je place mon assiette dans le lave-vaisselle et remonte m'habiller. Je m'empare de mon téléphone, le glisse dans la poche arrière de ma salopette, pose mes lunettes sur mon front pour retenir mes cheveux et passe un coup de brosse sur mes dents. Je sors de la maison en saisissant mon sac au passage.

-A ce soir !, lancé-je à qui voulait bien m'entendre.

Sur le chemin de l'arrêt de bus (oui, en pleine campagne paumée, un gars intelligent à pensé à poser un arrêt de bus pour les pauvres paysans comme moi), je tresse rapidement mes cheveux. Je repense à ma soirée d'hier soir. Parler deux fois au téléphone avec un inconnu qui habite dans la même ville que vous, ce n'est plus le hasard, c'est le destin !

....Non ?

Pauvre innocenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant