Je descend l'escalier du bus en arrachant les écouteur de mes oreilles, puis les fourrent dans ma poche.Les écouteurs, pas mes oreilles.
-Caryyyyyyyyyyy !
Je lève les yeux au ciel et pousse un long, long, très long soupir.
-Bonjour Tiphany.
Une masse de tissu rose et vert à paillette s'abattent sur mes épaule, tandis qu'un capiteux parfum basse gamme me fais plisser le nez.
-J'adoooooooore ta salopette ! C'est hyper tendance!Où la tu trouvée ? Allez, tu n'oserais pas me cacher l'endroit où tu as trouvée un bijou pareil!! Allez, dis moi....
Tiphany Mensom. Adolescente de 16 ans, s'habille, se parfume, se chausse, se lave, et même se nourrit à la mode. Se pense proche de tout le monde puisqu'elle collectionne les ami(e)s sur facebook. Ne se rend pas compte qu'en fait, personne ne l'apprécit vraiment. Activité principale : le papillonnage. Se dit en pleine crise d'adolescence, excuse qu'elle sert d'ailleurs souvent à ses parents pour sortir le soir se saouler et trouver des amis dont elle ne se souviendra plus le nom le lendemain, ou encore pour s'acheter ce nouveau maquillage que toutes les filles dignes de ce nom doivent se tartiner la figure pour être rangé dans la case « à la mode ».
-Tiphany, je suis désolé, je suis en retard. Je dois passer au secrétariat rendre un dossier avant d'aller en cours.
-Oh ! Mais pas de soucis !, me répond-elle de sa voix la plus stridente, les coins de sa bouche remontant à mi-chemin entre son nez et ses oreilles. Elle avait dû beaucoup travailler cette expression devant le miroir, pour avoir l'air si peu-naturelle!
Je m'arrache à ses faux ongles crochus pendant qu'elle se met en quête d'une nouvelle personne avec qui bavasser de choses inintéressantes.
En réalité, je n'ai aucun papier à rendre au secrétariat. Je sais, ce n'était pas l'excuse la plus inventive ni la plus crédible qui soit, mais parfois il faut savoir faire ressortir son instinct de survie ! Je m'éclipse discrètement aux toilettes, fais coulisser le verrou et me laisse glisser le long du mur. Je sors mon mobile de ma poche. J'ai l'impression de ne dépendre que de lui en ce moment ! Le temps qu'il se mette en route, je réfléchi. Un jeune homme se trompe et appelle deux fois le même numéro (le mien, en l'occurrence). Déjà, on peut s'interroger. De plus, cet inconnu (Andrew), vous envoie un message avant d'aller vous coucher. Je sais que cela peut paraître absolument fou, mais, moi qui suis une grande littéraire, dans tous les livres que j'ai lu de la sorte, il y a une belle intrigue ou les deux célibataires se tournent autour, puis c'est le coup de foudre et à la fin du roman ils sont heureux et font de beaux enfants. Je fais glisser mes lunettes sur l'arrête de mon nez. Je prend une grande goulée d'air, et essaye de me persuader que c'est du courage, du courage que j'inspire et non le l'oxygène. Bien sur, le dioxyde est représenté comme de la trouille à l'état pure. Je tape le code de déverrouillage d'écran. Et puis, comme disait Marguerite Yourcenar : « Il faut toujours un coup de folie pour bâtir un destin ! » Je pose mon doigt sur l'icône «messages». Le coup de folie sera donc le suivant :
Nouvelle conversation – A -06 12 66 33 89-
De : VOUS -
-Bonjour. Avez-vous retrouvé votre Marie ? :)
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Pauvre innocence
RastgeleUne jeune adolescente prénommée Carlyne qui reçoit un appel téléphonique inconnu. De nature rêveuse, elle ne peut s'empêcher de s'imaginer qui est ce mystérieux inconnu.