Mélange Hétérogène

Chapitre 35 : La Main Invisible

Seynabou Zeyna Sarr

Une semaine plus tard

- Hayati, il fait quelle heure ? 

- 13H30 

- Tu sais qu'on va rentrer dès qu'on aura fini de déjeuner 

- Je ne veux paaas rentrer,  boudai-je en me mettant la couverture sur la tête

- Mais il le faut

- Je sais

Et je le savais ! Cela faisait une semaine qu'on était au RIU Baobab avec Bilal sans que personne ne le sache. Et quand je dis personne, c'est personne même pas ma maman. Le lendemain de notre réconciliation, Bilal m'a proposé de nous enfuir loin de Dakar pour rattraper notre anniversaire de mariage raté. Et comment dire que nos noces de cuir se sont passées à merveille. Cela tombait bien parce que je n'ai même pas eu à prendre des congés vu que ce mois-ci tout mon travail se fait en ligne. Pour le cas de Bilal, il devait aller en séminaire avec les nouveaux partenaires mais ceux-ci ont repoussé de quelques jours, lui facilitant ainsi la tâche et cela lui a permis de prendre des jours de congé.

Avec cette semaine de vacances loin de tout le monde, j'ai retrouvé mon mari, je me suis retrouvée aussi. C'est comme si en une semaine, tous mes soucis se sont envolés, toutes les épreuves que j'ai vécu au cours de cette dernière année n'étaient que souvenirs désormais. J'ai pris le temps de guérir, de retrouver ma paix intérieur, Bilal et moi étions soudés plus que jamais. 

Mais aujourd'hui, il fallait qu'on retourne à Dakar. Il fallait informer tout le monde que nous sommes toujours mariés. Personne ne sait que l'on s'est réconcilié, je n'en ai pas parlé ni à mes amis ni à ma famille. Je voulais prendre ma décision à moi sans que personne n'y donne son avis ou ne s'immisce entre nous. 

Normalement, aujourd'hui devait marquer la fin de mon délais de viduité, signifiant donc qu'il fallait, devant témoins, dissoudre le mariage pour de bon. Mais étant donné que Dieu en a décidé autrement, la réunion qui devrait se tenir ce soir devant nos deux familles serait pour les aviser que j'étais retournée avec mon mari. 

- On va déjeuner ?, me demande-t-il  pointant sa tête hors des toilettes

- Oui... mais Bébéééééé, viens j'ai quelque chose à te dire....

- Quoi encore ?

- Viens tu sauras

Il me rejoignit sur le lit et s'assois à côté de moi 

- Qu...

Avant qu'il n'ait eu le temps de commencer à parler, je le fis basculer et le plaquai sur le lit avant de me mettre à califourchon sur lui. 

- Tu me sembles avoir faim Bilal Fall ?, murmurai-je sensuellement contre son oreille

- Zeyna ?!, souffla-t-il en se relevant alors que j'étais toujours assise sur ses cuisses

- Ton déjeuner attendra... ta semaine s'est trop bien passée à mon goût, tout était trop calme..., continuai-je sur un air de défi en faisant balader délicatement ma main sur son torse. Je ne t'ai pas fait payer... je  ne t'ai pas fait payer mes larmes que j'ai coulé, mon coeur brisé....

- Hay....

- Chuuuttt, le coupai-je, ne le prends pas mal. Je t'ai bel et bien pardonné mais faut que meu fayou. Dis-moi mon amour...

- Je t'écoute...

- C'était comment avec Alya El Shessi ?

- Comment !, s'offusqua-t-il les yeux exorbités