Chapitre 8

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Je reçois un message de Manon : "Tu veux savoir pourquoi je le trouve bizarre ton ami ?". Je relis cinq fois avant de répondre oui. J'attends une minute, et le message arrive à l'écran : " Éteins la lumière et regarde ses yeux. Ça fait peur ".
Qu'est-ce qu'elle me raconte encore... J'ai déjà beaucoup regardé ses yeux. Ils sont noirs et mystérieux... Magnifiques quoi. C'est ridicule, je vois pas pourquoi ils me feraient "peur " la nuit... Et puis après tout, elle doit dire ça juste parce qu'elle le déteste, et pour m'effrayer. Je ne tomberais pas dans son piège. Manon, c'est une fille de ma classe, rien de plus... On se parle de temps en temps, mais je ne la considèrent pas comme une amie. Surtout si elle n'aime pas Matthieu. Je soupire.
J'aperçois une photo de Lucas, sur la table basse. Son visage est partout, ma mère a accroché des photos de lui sur tous les murs. Pour pas qu'on l'oublie, parce qu'il fait toujours parti de la famille. Je revois les bons moments qu'on a passé ensemble. Lui, mon père, ma mère et moi. C'est terminé. C'est dur de ce dire ça, très dur. Et pourtant, à mon grand étonnement, je ne pleure pas.
Non, c'est fini, je ne pleurerais plus. Parce que je me rappelle que je lui avais fait la promesse, d'être forte et de retenir mes larmes.
Les images défilent dans ma tête.
J'avais 5 ans, ou peux être 6.
Un garçon de l'école, en CM2, m'insultait. Pendant plusieurs mois, il me menaçais de me frapper, si je ne lui rapportait pas ce qu'il voulait. Argent, bonbons. J'ai succombé à ses menaces. Nouvelles exigences : lui donner mes nouvelles chaussures, offertes par Lucas, à mon anniversaire. Pourquoi ? Me détruire. Là, j'ai refuser, et j'ai payer le prix. Pendant de longs mois, j'ai souffert, j'ai pleuré en cachette. Et j'ai décidé d'en parler à quelqu'un.
Quelqu'un de confiance, qui m'aiderais.
Lucas.
Il m'a soutenu, il m'a défendu, il est allé voir les maîtresses de l'écoles qui ne voyaient rien, et le garçon. Un soir il m'a fait promettre de plus jamais pleurer.
Je dois tenir ma promesse, pour lui.
Je ne pleurerais plus, même si il n'est plus là, je serais forte. Je regarde sa photo. Il sourit. J'ai les larmes aux yeux. Non ! Hors de question. Je me lève, me ressaisis et murmure :
- Je ne pleurerais pas.
C'est hors de question.
- Je ne pleurerais pas.
Cette phrase est ma devise.
- Je ne pleurerais pas.
Peux importe le mal qu'on me fait.
Même si c'est dur, de le savoir loin de moi.
J'essuis les larmes qui commencent à couler, et me couche.
Pour la première fois depuis longtemps, je n'ai pas vu les flammes cette nuit là. Un simple rêve, doux et paisible.

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