Arrêt de bus: 1

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Lundi 20 Novembre

Ca y est c'est terminé. Elle a rendu l'âme. Je me disais bien qu'un de ces jours cela allait arriver, c'était inévitable vu son état. Mais j'aurais pensé que ce serait en vacances c'est à dire quand je n'aurais pas à me déplacer. Quel dommage cependant, je l'aimais bien moi cette voiture. Une petite Renault Clio rouge. Elle en a fait des kilomètres celle là. Mais maintenant je n'ai plus de véhicule pour m'amener à mon travail, mes parents habitant trop loin pour m'aider et mes amis ayant trop besoin de la leur. Et comme je suis célibataire...Pas moyen de faire les yeux doux à un pseudo chéri pour qu'il me prête la sienne.

Je vais devoir prendre le bus.

Je ne l'ai pas pris souvent dans ma vie et c'est bien parce que je n'ai pas le choix que je le fais maintenant. Quelle envie aurais-je de monter dans une caisse métallique embaumant la sueur matinale, où les regards sont évités mais où chaque mouvement est épié. En plus il y a quarante minute de trajet que je ferais normalement en dix minutes avec ma petite Clio. Mais je n'ai pas le choix, je ne peux pas me permettre de me payer une nouvelle voiture avec mon simple métier de serveuse.

J'arrive à l'arrêt. Il est petit avec un banc en fer protégé par des vitres formant une caisse sans couvercle. Il y a un panneau pour signaler au bus que c'est un arrêt et une petite poubelle sur la gauche. Il fait toujours nuit. Il fait froid et l'air sent le sapin. C'est une matinée typique d'hiver. Il est six heure. J'ai le nez qui coule à cause de la fraîcheur, mes doigts sont engourdis et mon bonnet rouge sur mes cheveux roux me gratte. Je m'assois sur le banc et mes fesses sentent immédiatement la morsure du métal froid me faisant gémir. Il n'y a que deux bus qui passent par cet arrêt et seulement toutes les deux heures. Je dois attendre je ne sais combien de temps car il n'y a pas de panneaux électriques juste des papiers. Je regarde à droite, puis à gauche. Il y a un peu de brume sur les deux bouts de chemin si bien que je ne peux voir un véhicule arriver. Je frissonne, j'ai froid. Mon pull rouge et mon écharpe tout aussi rouge ne me protègent pas beaucoup. En y pensant je me dis que je dois ressembler au petit chaperon rouge. Avec mon nom...Ruby...Comme c'est approprié.

Je renifle un bon coup. Il fait trop froid, j'aime quand il fait froid mais pas à ce point. Et puis ce silence...Je suis seule...Il n'y a vraiment personne. Est-ce que ce sera comme ça tous les jours à partir de maintenant? Non pas que je le souhaiterais, c'est toujours un peu gênant d'être en compagnie d'un étranger en faisant semblant de ne pas le voir.

...

J'aimerais avoir ma petite voiture. Au moins il y a la clim dedans et puis je m'y sens en sécurité.

Je pense que je vais prendre mes écouteurs la prochaine fois, cela fera passer le temps, je m'ennuis un peu. Le bus met du temps à arriver. Oui. Et je prendrai peut-être un livre aussi pour me tenir éveiller.

Arrêt de busOù les histoires vivent. Découvrez maintenant