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⸺ ⠀ ❝ 𝐅𝐄𝐄𝐋 𝐌𝐄 ❞⠀ ࣪ ⠀⠀🧸⠀˒˒
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Engourdi, c'était comme ça qu'il se sentait. Tout son être, toute son âme, tout son cœur étaient pris, comme dans des sables mouvants. Plus le temps passait et plus il avait l'impression de sombrer, de tomber toujours plus bas.
Mais que se passera-t-il lorsqu'il atteindra les abysses ? Qui sera là pour lui prendre la main et le remonter à la surface ?
La nuit s'était écoulée, peut-être aussi rapidement qu'elle était venue. Mais au fil de la journée, le mal-être de Sunoo, lui, ne disparaissait pas. Après tout, c'était un sentiment constant qui ne voulait plus le lâcher depuis quelques temps. Comme une sangsue qui s'accrochait à sa proie.
De toute façon, le rosé ne voulait rien faire ce jour-là. Il avait passé quasiment toute la journée au lit, à écouter de la musique. Bien sûr, Hazel s'était un peu inquiétée, mais il avait simplement prétendu qu'il était fatigué et qu'il avait besoin de se reposer pour qu'elle le laisse tranquille.
Malgré son hésitation, l'aînée respecta la demande de son petit frère. Il est vrai que ce dernier était un adulte, il n'avait plus besoin qu'on soit derrière son dos sans arrêt, même s'il fallait avouer qu'ils voyaient rarement leurs parents tous les deux.
Il était aux alentours de 18h30. Le regard de l'étudiant se posa finalement sur sa fenêtre. C'était peut-être la première fois de la journée qu'il s'était intéressé au monde extérieur. En même temps, on ne pouvait pas dire qu'il faisait un temps idéal non plus. Le ciel était gris avec pas mal de nuages, une averse menaçant de tomber incessamment. Ce temps démoralisait encore plus Sunoo. Il aurait pu faire un effort, se lever et se promener dehors avec de la musique, mais même le ciel était avec lui et comprenait son ressenti aujourd'hui.
Une heure environ passa, sans qu'il se décide à bouger. Cependant, sa grande sœur vint lui annoncer qu'elle comptait dormir chez une amie ce soir et qu'elle ne serait pas avec lui cette soirée. Cette nouvelle ne lui faisait presque ni chaud ni froid. C'était comme si rien ne pouvait le faire réagir.
Et il se retrouva à nouveau seul, réellement, cette fois-ci.
Un soupir las quitta les lèvres du jeune homme alors qu'il se redressa enfin de son lit, quittant sa chambre pour se diriger vers la cuisine. Là-bas, il récupéra juste une pomme. Parfois, il aidait Hazel à cuisiner, mais maintenant, il n'en avait pas envie. Et puis, il n'allait pas cuisiner seulement pour lui alors qu'il essayait de manger le moins possible. Ça n'avait pas de sens.
Comme sa vie. Souvent, il avait l'impression que sa vie n'avait aucun sens. Surtout dans les moments où il n'y avait pas Heeseung.
Mangeant sa pomme, Sunoo marcha lentement dans le salon. Il releva ses yeux fatigués vers la baie vitrée de la pièce. Effectivement, il pleuvait des cordes dehors. Le rosâtre resta dans cette position pendant de longues minutes, visiblement perdu dans ses pensées. Mais après un moment, il avait de nouveau levé la tête vers la baie vitrée, sur laquelle il entendait la pluie tomber de plus en plus fort.
En revanche, ce qu'il observa le fit enfin réagir. Il ne s'attendait pas du tout à voir une scène pareille. Derrière la baie vitrée qui donnait vue sur la rue d'en face, se trouvait Heeseung, dansant sous la pluie. Malgré le fait qu'il soit trempé de la tête aux pieds, le noiraud bougeait son corps de manière toujours aussi fluide. Il ne faisait qu'un avec la pluie.
Sunoo se demandait si celui-ci était venu intentionnellement devant chez lui. De toute façon, ça ne pouvait pas être une coïncidence. Pourtant, le danseur ne semblait pas regarder dans sa direction. Il était dans sa bulle.
Le jeune homme n'avait pas envie de rester planter là, derrière cette vitre. D'ailleurs, il se questionnait sur la raison pour laquelle Heeseung dansait sous la pluie. Il pensait que ce dernier devait être fou pour faire une chose pareille. Mais plus il l'observait, et plus il avait envie de le rejoindre, bien qu'un sentiment d'incertitude et de peur lui tordît le ventre.
Pris d'un élan d'une émotion quelconque et mystérieuse, Sunoo décida finalement de sortir. Il avait passé la journée vautré sur son lit en pensant qu'il n'avait plus rien à perdre, mais maintenant était peut-être sa chance de confronter Heeseung. Ce n'est qu'en mettant les pieds dehors qu'il commença à regretter sa décision.
Il ne faisait pas spécialement froid, mais la pluie était assez violente. Il sentait les gouttes d'eau s'abattre sur sa peau et fouetter son épiderme, mais ce n'était rien comparé à la douleur qu'il avait ressentie dans son cœur durant ces dernières vingt-quatre heures.
Et enfin, le noiraud se tourna vers lui. À ce moment, Sunoo oublia toute la douleur et la peine qui l'avaient assailli jusque-là. Il sentait quelque chose de spécial dans le regard du plus âgé. Quelque chose qui le fit réagir immédiatement. Il n'avait pas l'air vexé ou frustré, c'était comme s'il s'attendait à le voir débarquer ici.
Sans un mot, juste avec des termes que seul le regard pouvait communiquer, Heeseung tendit sa main. C'était une invitation silencieuse, mais elle en disait beaucoup.
Un peu plus loin, abritée sous un préau qui se trouvait près d'eux, se trouvait une petite enceinte qui diffusait de la musique. Il aurait dû s'en douter. Il serait difficile de danser sans musique. Malgré le fait qu'il entendait à peine la musique à cause du son de la pluie qui se fracassait sur le bitume, Sunoo accepta cette invitation, prenant la main de son aîné. Ce dernier avait commencé à le faire tourner en riant. Comme on disait, plus on rit, plus on est fou.
Et le Sunoo du passé devait certainement le prendre pour un fou s'il le voyait danser sous la pluie de la sorte. Mais ce n'était pas avec n'importe qui. Il dansait avec Heeseung.
Tous ses maux s'envolèrent tandis qu'il se mit à rire avec le noiraud. Bizarrement, il n'avait pas envie que ce moment se termine. À vrai dire, il ne s'était jamais senti aussi libre, vivant.
Il n'y avait personne dans la rue, plus personne pour le juger. Comme si le monde s'était créé autour d'eux, comme s'ils étaient maintenant tout-puissants. Comme si rien ne pouvait les arrêter à présent.
