just HOLMES

Et ensuite?

Trois jours plus tard.

Je suis assise sur un banc de la gare de Paddington, les trains vont et viennent, le temps passe, l'air se rafraîchit, annonçant avec délicatesse la fin du mois de septembre et donc le vrai début de l'automne.
Dans mes mains se trouve le «Times» de ce matin. En première page, les mots «KWON YUJING INTERNÉE AU BETHLEM ROYAL HOSPITAL» sont écrits en grosse lettres noires.
Les juges ont donc opté pour l'internement en hôpital psychiatrique.
Ji-yong est assis à côté de moi et cela fait quatre fois qu'il demande à relire l'article.
Il veut le relire car, bien évidemment, son nom est dedans, mais aussi parce qu'il s'acharne à vouloir trouver le mien.
-«C'est quand même triste que tu ne sois même pas citée alors que c'est toi qui a fait tout le boulot.»
-«C'est la vie! Et c'est moi qui ai demandé à la police, dès ma première enquête, à ce que l'on ne me cite jamais dans aucun article de presse.»
-«Pourquoi?»
-«Il vaut parfois mieux garder l'anonymat et un peu de vie privée par la même occasion.»
-«Notre train arrive!»
Nous montons dans le train en direction de Ilford pour aller rendre visite à John Watson. C'était le meilleur ami de mon grand-père et la dernière personne vivante à l'avoir connu. Il m'a envoyé une lettre afin que je vienne le rejoindre chez lui. Apparemment, il aurait une enquête à me confier.
Nous nous asseyons sur la banquette dure et froide du troisième wagon.
Ce qui est pratique quand votre meilleur ami est un fantôme, c'est que vous n'avez pas besoin de lui payer de place dans n'importe quel transport en commun.
-«Tu le connais bien ce Mr Watson?»
-«Il allait là où mon grand-père allait et je le voyais à toutes nos fêtes de Noël. Enfin, jusqu'à ce que mon grand-père disparaisse.»
-«Disparaisse?»
-«On l'a cherché pendant plusieurs mois, mais on ne l'a jamais retrouvé.
Ji-yong baisse la tête.
Je souris afin de montrer que tout va bien.
-«John est un peu timide au début, mais ne t'inquiète pas, je suis sûre que vous vous entendrez à merveille.»
-«Attends? Tu veux que je lui apparaisse?»
-«Ce n'est pas n'importe qui! John est un très bon ami, très ouvert d'esprit et il est habitué aux comportements... comment dire... particuliers? Je me répète peut-être mais, je suis sûre que tout se passera à... chut!»
-«Quoi?»
Un homme entre dans notre wagon et s'assoit non loin de nos places à moi et Ji-yong.
Je pose mon index sur ma bouche avant de faire un geste de la tête montrant le moustachu se tenant à ma droite.
L'homme ouvre son journal et commence à lire la page 3, celle où on parle de l'affaire Kwon Yujing.
Je crois que j'ai eu raison de demander à ne pas être dans les journaux.
C'est vrai quoi?! On me prendrait pour une folle si je disais que mon meilleur ami et associé est un fantôme.

The End ... or not...