PIZZA

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SEPTEMBRE.

« Jamais?! »

Stan secoue doucement la tête, ses doigts triturant le bas de son tee-shirt.

J'y crois pas.

« -Jamais, jamais?!  Ma voix part dans les aigus alors que je me tourne complètement vers lui sur le canapé.

-Non Logan, j'ai jamais mangé une pizza de ma vie. C'est bon, tu t'en remets? Il marmonne en rougissant de plus en plus.

-Pas vraiment non. » Je déclare en me levant, me dirigeant directement vers le frigo.

Stan est mon coloc depuis un peu plus d'une semaine maintenant. Et je mentirais si je disais que je n'avais pas été déçu en le découvrant.

Pour faire simple, Stan est un intello. Un premier de le classe. Un monsieur je-sais-tout. Et on va dire que ce n'est pas vraiment mes fréquentations habituelles.

Mais je me plais dans cet appartement et, finalement, il s'est avéré que Stan n'était pas si ennuyant que ça. Bien sûr il est plus souvent enfermé dans sa chambre en train de réviser pour la fac qu'avec moi mais bon, il est cool. Je l'aime bien. J'ai presque l'impression d'avoir un de mes petits frères avec moi, même si on a le même âge : tout est dans son attitude.

Certains trouvent son innocence et maladresse pitoyables ou énervantes.. Moi je trouve ça incroyable. Et plutôt mignon. C'est l'être le plus candide que j'ai rencontré de toute ma vie. Enfin de cet âge là. Il ne comprend même pas mes sous entendus pervers, c'est pour vous dire.

Il a eu une enfance vraiment stricte, je l'ai compris quand j'ai rencontré ses parents. Il n'est pas idiot, il a seulement été élevé comme ça. C'est fascinant, plus j'en apprends sur lui, plus j'ai envie de lui montrer toutes les choses qu'il rate.

« -Qu'est ce que tu fais? Il questionne d'une petite voix alors que j'attrape le prospectus aimanté sur le réfrigérateur.

-A ton avis, génie? Je commande une pizza. Je compose le numéro sur mon portable alors qu'il se lève pour me rejoindre.

-Mais il est.. Il regarde sa montre. Neuf heures du matin! Il s'exclame, presque paniqué.

-Et alors? Je dis, amusé.

-C'est n'impor-

-Shhhht. » Je le coupe en mettant une main sur sa bouche alors que la pizzeria répond.

Je dicte rapidement ma commande en donnant notre adresse, ma main toujours présente sur le visage du blond en face de moi. Je finis par raccrocher et dès que j'enlève ma main, il se remet à déblatérer. Encore.

« -Pourquoi t'as fait ça? T'étais pas obligé tu sais? Si ça se trouve, je n'aimerais même pas ça alor-

-Tout le monde aime la pizza. » Je déclare en sautant par dessus le dossier du canapé pour qu'on continue de regarder notre émission en attendant le livreur. « Et, si jamais par malheur, t'aimais pas ça, je la mangerais et tu te feras des pâtes, c'est pas une catastrophe Stan. » Je rajoute quand je vois le regard sceptique qu'il me lance lorsque il s'assoit à mes côtés.

Il soupire et on regarde la télé en silence pendant une vingtaine de minutes avant que la sonnerie retentisse dans l'appart. On se lève instinctivement tous les deux mais je suis le premier à arriver à la porte.

« -Je peux payer ça, c'est bon Stan. J'ouvre la porte en sortant mon portefeuille alors que je l'entends souffler derrière moi.

-Tu m'appelleras jamais Stanley hein?

-Pourquoi je ferais ça? Je fonce les sourcils, refermant la porte après avoir récupérer notre repas.

-Parce que c'est mon prénom? Il demande mi-amusé mi-incrédule.

-Ah, ouai.  Il lâche un petit rire devant ma réaction. Stan c'est mieux, c'tout. Ça te dérange?

-Non, du tout. C'est juste que.. T'es le seul à m'appeler comme ça. Il m'avoue en haussant une épaule.

-Une raison de plus de le faire alors, Stan. » Je réponds avec un clin d'œil.

Il se met rapidement à rougir -comme d'habitude- et je souris devant son malaise alors qu'il part se cacher dans la cuisine.

J'amène la pizza sur la table basse devant le canapé quand j'entends des bruits métalliques dans l'autre pièce. C'est pas vrai..

« -Stan. Je déclare, ferme, en croisant mes bras sur ma poitrine lorsqu'il entre.

-Quoi? Il répond, confus.

-On la mange avec les doigts.

-Les doigts? » Et il a l'air tellement terrifié que j'explose de rire.

J'ai tellement de choses à lui apprendre, tellement. 

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