CHANTAGE

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NOVEMBRE.

« Jamais? »

Il souffle fortement en arrêtant d'écrire.

Je l'énerve, je sais. C'est drôle.

« -Non. Jamais. Est-ce que je peux réviser maintenant? Il questionne exaspéré.

-Mais pourquoi? Avant tu vivais chez tes parents, ils voulaient pas, okay, mais maintenant? Je demande, ignorant sa dernière question.

-Non, c'est tout, c'est quoi l'intérêt?

-S'amuser? Je propose.

-Je ne m'amuserais pas dans un endroit pareil et tu le sais très bien. » Il se renferme sur lui même en se remettant à écrire.

Je suis la tête à l'envers, pendant de son lit, alors qu'il travaille à son bureau. Ce qui m'empêche de voir son visage. Mais je sais qu'il rougit. Il le fait tout le temps, c'est mignon.

« Qu'est c'que t'en sais si t'y es jamais allé? » Je continue et il abandonne rapidement son crayon pour se tourner vers moi.

Je le vois à l'envers, mais même à l'envers il a l'air énervé.

« Je le sais, c'est tout. Maintenant, est ce que je peux finir cette dissertation en paix s'il te plaît? »

Il fait toujours comme s'il était désespéré de mon cas. Il m'a même dit un jour que chez lui mes études -celles pour devenir professeur d'arts dramatiques- n'étaient pas considérées comme de ''vraies études''. J'avoue que sur le coup ça m'avait vexé. Lui, c'est sûr, il veut devenir chirurgien, alors c'est vrai qu'à ses côtés j'ai l'air un peu con.

Mais je sais qu'il m'adore.

« -Non. Je finis par répondre, un grand sourire au visage.

-Logaaaaan.. Il geint mon prénom en laissant tomber ses bras le long de son corps et je ris. S'il te plaît. Il a l'air sérieux alors je me calme.

-A une condition. » Je décrète.

Il laisse tomber sa tête entre ses bras, maintenant croisés sur son bureau.

« -Laquelle? Ses mots sont étouffés pars ses avant-bras mais je comprend tout de même.

-Je ne pourrais pas vivre en paix tant que tu ne seras pas allé à une soirée, viens avec moi à celle du nouvel an. » J'ordonne.

Il lâche un rire, sa tête toujours cachée par ses biceps. Il se redresse et me lance un regard amusé.

« -C'est dans plus d'un mois.

-Et? Je demande en haussant les sourcils.

-Non. Il finit par déclarer, comme si j'avais eu l'idée la plus débile du monde.

-Okay. » Malgré son air décontracté, il a quand même l'air soulagé par ma réponse. « Bonne chance pour finir ta dissert alors, parce que faut trop que j'te raconte un truc. » Son sourire soulagé est reparti aussi vite qu'il est arrivé. 

Je me retourne sur le ventre avant de commencer à parler : « Alors tu vois hier j'étais au café en bas de la rue, tu vois celui avec la devanture rouge pétante là? Et je buvais un café, tranquille, un cappuccino ou un frappuccino un truc du genre, une connerie en -cino. J'attendais des potes et là tu sais pas ce qu'y m'arrive?

-Logan. Il me met en garde.

-Y a le serveur qui me donne des cacahuètes. T'y crois ça? On m'a jamais donné de cacahuètes gratuites vu que j'ai un peu un look délinquant genre je-vole-le-sac-des-mamies, tu vois, donc j'étais touché.

-S'il te plaît. Il plaide.

-Quoi?

-Laisse moi finir ça.

-Tu viens avec moi à la fête? Je retente.

-Non! Il s'exclame, plus énervé que quelques secondes auparavant.

-Okay. Donc je te disais, j'étais touché mais, franchement, j'étais en train de boire un café, t'as déjà vu quelqu'un manger des cacahuètes en buvant du café? »

Il souffle longuement et comme je sais qu'il va bientôt craqué, je retiens mon sourire.

« -Alors du coup je me dis, autant c'est ce que font les vieux, j'en sais rien moi, j'bois jamais de café, j'en ai juste pris un parce que j'avais la gueule de bois e-

-Okay c'est bon je viens. Il cède, enfin.

-Vraiment? Je l'ai pas vu venir ça, mince alors! Je feins la surprise alors qu'il me lance un regard blasé.

-Ouai c'est ça. Je me lève et je n'ai même pas le temps de commencer ma phrase qu'il me pousse vers la sortie. Allé dégage maintenant.

-Oh mon dieu! Est ce que tu viens de dire ''dégage''?! Mais comment oses tu?! Qu'est ce que dirais ta mère, hein? T'y as pensé à ça? » J'essaie de faire semblant d'être choqué mais quand je le vois lever les yeux aux ciel, je ne peux m'empêcher de rire.

Il finit par me claquer la porte au nez en marmonnant quelque chose comme ''complètement malade c'mec'' et je ris un peu plus.

« Moi aussi j't'aime, génie! »

Génie 💡Où les histoires vivent. Découvrez maintenant