Le vent qui faisait voler mes cheveux semblait paisible et calme. Cette petite brise se contentait de me rafraîchir, et, perdue dans mes pensées, je n'entendais rien d'autre que sa voix dans ma tête. Sa voix douce et mielleuse. Ses mots et ses folies. Ses yeux noirs me fixaient encore avec la même expression, même dans mes pensées. Avec cet amour que je savais éternel. Je pouvais encore voir sa main passer dans ses cheveux blonds. Cette tête d'ange, complétée par un esprit de psychopathe. Comment avait-il pu? Faire toutes ces choses, tuer tous ces gens. Je sens encore sa peau contre la mienne. Pourtant je ne peux pas. Je ne pourrais plus. Il n'était pas attiré par les ténèbres, comme je l'étais. Il était les ténèbres. La noirceur et le désespoir du monde. Toutes les horreurs semblaient se dérouler dans son esprit. A travers ses yeux, je me souviens avoir lu des combats sans merci entre le bien et le mal, entre le noir et le blanc, entre les meurtres et les oiseaux.
Comme souvent, je tire sur ma cigarette, assise sur la murette devant le porche. Devant cette maison que j'adorais et qui désormais sera ma prison. Pas de sommeil éternel, juste cette odieuse punition. Tout le passé de la demeure vit dans ses murs, s'entend sur son parquet qui craque, se voit sur les tapisseries déformées. Il ne me verra plus, je ne veux plus qu'il me voie, qu'il voie n'importe quel membre de notre famille.
La veille, une autre famille a fui. J'espère que c'était la dernière, que cette maison restera abandonnée, ou du moins, regardée sans être approchée. Avec le recul, il y a beaucoup de choses que je regrette. Et de plus en plus de choses qui me font peur. Il y a quelques années, je suis morte. Pourtant, aucune inscription ne vient orner de pierre tombale, disant, ô combien Violet Harmon était une fille extraordinaire.
De toute façon je déteste tout ça, toute cette hypocrisie post-mortem. Souvent, les gens ne sont définis aimables et aimés qu'après qu'ils soient passés. Une ou deux phrase, versifiée même, écrites sur une putain de pierre. J'aurais aimé avoir une putain de pierre. Même une pierre menteuse. J'aurais aimé que mes parents partent avant que les choses n'empirent, que ma mère ne meure pas. Que mon père ne meure pas. Que quelqu'un ait tué cet enfant du diable. Il y a beaucoup de choses que je regrette, mais la première qui me vient à l'esprit, ne m'apparaît clairement que depuis peu. Je regrette ces pilules.
Pourtant, je continue à penser tout et son contraire, sans relâche. D'aimer quelque chose pour le détester l'instant d'après. De détester l'hypocrisie du monde, sans pour autant ne pas souhaiter en faire partie à nouveau.
Écrasant le mégot contre les briques, je saute de ma murette pour rentrer dans la bâtisse. J'ai perdu la notion du temps, de l'espace, et j'ai l'impression de connaître cette maison si bien qu'en me crevant les yeux, je saurais toujours où est où. Mais maman m'a demandé d'agir normalement, d'être visible quand il n'avait que nous dans la maison, de marcher, de monter l'escalier tranquillement et d'ouvrir les portes. C'est ce que je fais, je me déplace sans disparaître. Mais les journées sont longues, vides. J'ai déjà lu tous les livres de cette maison au moins deux fois. Je m'ennuie. Tout le temps, je m'ennuie.
Il est vrai que cette maison est loin d'être vide, mais, malgré toutes les personnes présentes, tout est vide. Tout me semble creux et sans intérêt. Et j'ai le sentiment de ne plus rien sentir. Non, je ne sens plus rien. La douleur mentale qui passait à la douleur physique avec les lames qui coupaient mes poignets a disparue. Je peux me trancher la gorge sans qu'il y ait une quelconque douleur. Le pire dans tout ça? Je sais qu'il est là. Je sais qu'il me regarde sans cesse, jour et nuit. Même si je ne le vois pas, je le sens près de moi. Parfois, l'effluve de son parfum m'emplit les narines et humidifie mes yeux. Tout ce qu'on avait me manque. Notre complicité me manque. Mais j'ai peur de ne plus pouvoir le regarder en face, si je le rappelle. Je suis terrifiée à l'idée de trembler devant lui, que ce soit d'angoisse, de terreur ou de tristesse. L'éclat qui brille dans ses yeux, rarement conté par mon père, m'empêche de me concentrer. Cet éclat de bonheur. Celui d'un malade qui frappe. Celui d'un homme qui blesse. Et celui d'un fou qui tue.
Cet éclat, je ne parvenais pas à savoir si je l'avais réellement vu ou imaginé. Mais je ne pouvais que trop me rappeler l'autre lueur, celle du désespoir, qui nageait entre ses larmes lorsque je l'avais dit pour la première fois. La première fois où je lui avais dit que je l'aimais, mais aussi celle où je lui ai hurlé de s'en aller.
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I'll never say it - Violate
FanfictionAprès la fin de la saison une d'American Horror Story, Tate et Violet se sont quittés en très mauvais termes. Tate aime toujours Violet. Tandis qu'elle, ne peut pas le pardonner, à cause de tous ses actes ignobles. Elle lui a dit de partir, et il l'...