Chapitre 2 {Tate}

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Chaque jour sans elle est une torture, un calvaire. Je sens son parfum. Mais je crains de ne plus jamais sentir le contact de sa peau douce sous mes doigts. Je peux attendre toute l'éternité pour elle, s'il le faut.

"Stop. Arrête de penser à cette fille !" crie une voix rauque dans ma tête. " Elle n'est rien. Juste une gamine qui n'a même pas..."

- TAIS-TOI !

Mon poing vient frapper mon crâne, mes genoux cognent le sol dans un bruit sec et assourdissant. Plusieurs coup ont fait taire une des voix, et j'entends mes cris résonner contre les parois du sous-sol. Des larmes de rage et de tristesse coulent le long de mes joues.

*

J'avais passé une grande partie de mon éternité avec cette femme, Nora. La seule femme que j'ai jamais aimé avant l'arrivée de Violet Harmon dans cette maison de malheur. Ces cheveux blonds toujours bien coiffés et la détresse constante dans le regard de la première propriétaire de la murder house. Cet appel à l'aide. Ce désir d'enfant et l'amnésie qui la retenait et la relâchait comme un yo-yo.

Je ne me rappelle que brièvement avoir vécu en dehors de cet endroit. Cette suceuse de bite qu'était ma mère avait vite fait de briser une autre famille que la sienne pour récupérer cette demeure si chère à son cœur.

Mes yeux se fermèrent pour essayer de maîtriser les voix qui murmurent, chuchotent, crient et se mêlent entre elles, dans ma tête. Plusieurs fois, j'ai essayé de les faire partir, avant même que Ben Harmon ne me prescrive de médicaments.

*

« Des larmes chaudes coulent le long de mes joues. C'est insupportable, je n'en peux plus. C'en est fini. Je ne veux plus. Je suis à bout. Je la tiens entre mes mains. La mèche de la perceuse est longue et épaisse. Un peu de rouille l'entoure, la couche orangée s'est posée dessus comme une caresse. Je vois mes doigts l'effleurer sans trop savoir pourquoi ils le font. C'est le seul moyen. Pas d'autre idées en tête. Je branche la perceuse à une prise de courant et la porte à ma tempe. Un gémissement s'échappe de ma bouche. Je pleure plus fort. Personne ne peut m'entendre. Ici. Où tout n'est que ténèbres. Le sous-sol, un refuge pour tout. Là, mon corps et mon esprit se mélangent à la pénombre. Je fais partie de la maison depuis trop longtemps. Et je ne veux pas en faire partie pour l'éternité. Je suis seul. Je hais tout le monde. Nora ne se rappelle jamais de moi. Ou très peu. Que certains fragments de moi gamin. Ma tête est pleine de conneries et de chagrins. Tout recommencer, à zéro. Vider mes pensées. Mon pouce presse le bouton rouge et j'appuie l'engin contre ma tête.

Je m'entends hurler comme si cette voix n'était pas la mienne. Un filet bordeaux s'écoule du trou que je viens de creuser dans mon crâne, lorsque je retire la mèche, je tombe, raide, sur le béton du sous-sol.»

Je m'étais relevé. Ne sachant pas combien de temps après. Rien n'avait pu m'arracher à cette errance constante. Tout dans ma vie n'était que malheur et noirceur.

*

Avant même ma mort, la poudre blanche passait dans mes sinus régulièrement. J'aime à me dire que tout ça était pour le bien du monde. Toutes les vies que j'ai aidé en les faisant passer de l'autre côté. Je les ai enlevés de leur merde. Parce que c'est un monde crade dans lequel nous vivons. Une putain de monde crade et sans espoir.

Les gens pensent que je suis fou. Que je suis un psychopathe incapable d'autres instincts. Incapable de voir autre chose que la mort autour de moi. Ils ont tort. Je ne suis pas fou. Je ne suis pas un psychopathe sanguinaire. Je veux juste le bonheur des gens que j'aime et le malheur de ceux que je déteste. Nora voulait un bébé. Violet voulait me voir partir. J'ai éliminé les gens qui ne voulaient pas avoir d'enfants pour que d'autres arrivent. J'ai fait un bébé pour elle. Je suis parti pour Violet.

Je ne la vois plus. Depuis Noël, je ne croise plus aucun membre de la famille Harmon. C'est comme s'ils n'avaient jamais étés là. Excepté le fait que sa chambre est toujours à la même place. Que je sens qu'elle y va toujours. Je ne sais pas si elle me pardonnera un jour.

Bien sûr que cette petite pute te pardonnera.

- Ta gueule.

J'attendrais l'éternité pour qu'elle me pardonne. J'ai toute l'éternité. Et depuis des années. J'ai peur, malgré tout d'attendre plus longtemps que ça.

Ma main tremble, et la craie entre mes doigts n'est pas stable. Allez, concentre toi. Je trace les lettres sur le tableau noir, le plus nettement possible et je la repose.



I'll never say it - ViolateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant