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Il y a une chose plus triste à perdre que la vie,
c'est la raison de vivre,
plus triste que de perdre ses biens,
c'est de perdre son espérance.

Paul Claudel

Maintenant...

Les milliers de bruits qui m'entourent me parviennent comme étouffés, comme si j'avais plongé la tête sous l'eau. Et, c'est comme si j'avais réellement la tête sous l'eau, j'ai du mal à respirer et mes idées ne sont pas très claires. Lorsque j'arrive à ouvrir les yeux des dizaines de petits points noir virevoltent au milieu de ma vision. Je papillonne des cils mais rien n'y fait, ils dansent toujours comme autant de petits oiseaux. J'essaie de les suivre des yeux mais lorsque je m'apprête à en fixer un, il disparaît. Pouf, envolé, disparu : comme par enchantement. Je referme alors les yeux, ma tête me lance. Des voix, que je n'identifie pas, hurlent des choses tout près de moi. Je ne comprends pas, alors je me concentre et essaye. J'ouvre les yeux pour mieux me soumettre à une concentration optimale. Quelques mots s'échappent et se différencie du brouhaha ambiant. J'en saisis quelques uns : " lavage d'estomac" ; " commotion" ; " cœur" ; " mère ". Cet exercice me demandant trop d'effort, je l'arrête et ferme à nouveau les yeux.

Je replonge dans mon esprit brumeux et parmi toutes mes pensées éparse, je trouve le point qui me chiffonne depuis tout à l'heure.
Je ne suis pas morte.
Pourquoi ne le suis-je pas ? J'ai pourtant avalé toute la boite de médicaments, et en plus de cela j'ai bu beaucoup d'alcool. De quoi m'envoyer au ciel indéfiniment. Et pourtant me voila, en chair et en os, bien vivante. Je le sais parce que j'ai mal partout et que c'est comme si l'on m'avait retourné le cerveau durant ma courte perte de conscience.
Je ne suis pas morte.
Je ne suis pas morte !
Cette pensée m'obnubile et me perturbe.

Je sens une légère brûlure au niveau du coude. J'essaye d'ouvrir les paupières mais c'est comme si elles avaient été collés. Ma bouche devient pâteuse, j'ai du mal à déglutir. Je me sens partir à nouveau, envoyée dans une autre dimension ou rêves et cauchemars se confrontent à la réalité. Je lutte pour ne pas céder, je ne veux pas y retourner. J'ai bien trop peur de me souvenir et de voir. Malgré mes vains efforts, je me ramollis et suis envoyée de nouveaux dans mes souvenirs. Ceux-ci même qui m'ont envoyé là ou je suis.

La boucle est bouclée ...

Les Mots de mon SilenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant