Chapitre 20: Hector

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Je lançai le premier sort qui me venait à l'esprit - le sortilège de jambencoton- pour détourner l'attention du troll. Le sort buta contre son épaisse peau et il ne tourna même pas la tête. Harry et Drago débarquèrent à mes côtés. Ils se mirent à courir, l'un à gauche, l'autre à droite, tout en criant. C'était une bien meilleure idée -bien que suicidaire- et, après avoir laissé tomber ma cape, je les imitai. Le troll nous regardait tous, il semblait ne pas savoir comment choisir sa proie parmi nous 4. Il lui parut à mon avis plus simple de choisir le plus faible d'entre nous car il se jeta vers Hashia. Cette dernière nous regardait, sans bouger, totalement en transe. Elle leva les yeux vers le troll et le fixa de ses grands yeux verts. Le troll vacilla, hésita, avant de reprendre sa progression. Hashia recula, les yeux écarquillés. Elle hurla. Je pense qu'elle venait de comprendre. Le troll, lui, hata le pas. Encore deux mètres et il serrait au niveau d'Hashia. Je fermai les yeux et m'élançai. Malgrès la différence de taille entre le troll et lui, je courrait bien plus vite que lui. Je sentis la présence d'Harry à mes côtés. Il tenait sa baguette. Oups, j'avais laissé ma baguette dans ma cape, à l'entrée des toilettes. Et puis on s'en fiche. Je me jetai sur le dos du troll. Je vis sa grosse main griffue se tendre vers moi. Mes réflexes d'attrapeurs me permirent de ne pas finir en chair fraîche pour ce troll.

Je vis Harry ranger sa baguette, porter un objet à sa bouche et retrouver quelques couleurs, puis aider Hashia à se relever. La brune avait le teint très pâle, son front était en sang, tout comme ses joues et ses mains. Drago alla les aider et, une fois qu'ils furent parti du périmètre du troll, je lançai ma première attaque: un beau coup de point entre les deux yeux. Malheureusement, je fis plus de mal à mes pauvres doigts qu'au crâne de la bête. Je ne réussi qu'à me casser le poignet et à énerver encore plus le troll. Harry s'approcha à nouveau, la baguette levée. La massue s'éleva. Je sautai en arrière juste avant qu'elle n'atterrisse avec le plus grand craquement que j'eut entendu sur le crâne poilu du troll. Il vacilla. Harry et Drago reculèrent précipitamment mais Hashia, toujours sur ses pieds, ne bougea pas.

-Pu**in, Hashia! Bouge!, criai-je.

Elle demeura sourde à mes cris. Le troll s'écrasa sur sa jambe qui produisit un bruit effroyable. Elle hurla brièvement et sembla commencer à étouffer, bien que son torse ne soit pas bloqué. Harry s'approcha d'elle en courant. Je l'imitai la seconde suivante. Harry parlait tout doucement, avec un calme que je lui enviais. Hashia semblait pâlir de plus en plus, ses lèvres bleuissaient. Harry écarquilla les yeux, se leva d'un bond. Il tata ses poches à toute vitesse et en ressorti une sorte d'objet mou et translucide qu'il lui plaça devant la bouche et le nez. Il se pencha vers sa soeur. Je m'approchai un peu plus, m'accroupi près d'Harry. Il chuchotait en boucle.

-Respire Hashia, il faut respirer, s'il-te-plait... Il faut respirer...

Au bout d'un temps qui me parut une éternité, elle prit une inspiration, puis deux, elle respirait d'une façon saccadée, mais, au moins, elle n'était pas morte. Harry se laissa tomber sur mon épaule. Doucement, je posai sa tête sur mes genoux et je lui caressai lentement les cheveux. Il ferma les yeux, et, peu à peu, il sembla se calmer. Ses paupières s'ouvrirent brusquement.

-Désolé.

Il essaya de se relever mais je l'en empêchai.

-Ce n'est pas grave. Ça va mieux?

Il hocha la tête.

Derrière nous, Drago partit en courant.

-Elle avait quoi, Hashia?, demandai-je.

-C'est...

Il hésitait à me confier un élément, je le voyait bien.

-Tu peux me faire confiance, Harry.

-Je... je te fais confiance, enfin je crois, Hector. Hashia, elle... je pense qu'elle a la même maladie que moi. En fait, quand je fais des efforts, ou quand je subis une violente émotion, mon coeur et mes poumons... ils deviennent plus... plus fragiles. J'ai du mal à respirer et, souvent, je m'évanouis avant de pouvoir mettre mon masque (Il désigna le visage d'Hashia). Avant, c'était mes parents, enfin, mes parents adoptifs qui me surveillaient et me le mettaient en cas de besoin. Mais maintenant que je suis à Poudlard, c'est à Drago que je fais confiance.

Il pinça les lèvres.

-Je ne sais pas pourquoi je te dis tout ça.

-Moi non plus, mais je sais que, parfois, on a besoin de se libérer d'un poids. Et parfois, quand une épaule amie arrive, on se lâche.

-Oui, peut être, mais, tu vois, c'est de ma vie qu'on parle... enfin, je veux dire, cette maladie, elle peut me tuer. C'est... je ne savais pas qu'Hashia avait ma maladie. Ma magicomage m'avait dit qu'elle était extrêmement rare et j'espérais que... qu'Hashia ne l'aurait pas. Mais elle est ma jumelle, alors...

-Je comprends...

Je ne sais pas comment, mais je commençai moi aussi à lui parler. Les mots que je prononçais me faisait mal, mais ils me libéraient aussi d'un grand poids: celui du souvenir de la mort de mes parents.

-Le jour de la mort de mes parents... c'était aussi un 31 octobre. On était tous dans la maison, en train de jouer. Un homme est venu sonner, papa lui à ouvert. Il y a eu un éclair vert, il s'est effondré. Moi, j'ai pris peur. Maman a pris mon frère dans ses bras, elle m'a poussé devant. Nous sommes monté en haut, dans ma chambre. Elle m'a poussé dans un placard. Elle s'est tourné vers mon frère, mais l'homme était là. J'ai tiré la porte vers moi. Maman a crié. J'ai regardé par le trou de la serrure. Elle était au sol. L'homme s'est tourné vers mon frère. L'instant d'après, il avait disparu et la maison s'était en partie effondrée. Je me rappelle que je suis sorti avec mille précautions de ma cachette. Mon frère pleurait, mais j'étais sourd. Je poussai maman, mais elle ne bougeait plus. En bas, j'ai entendu un bruit. Une personne montait. J'ai refermé la porte du placard. Je suis parti me mettre près de mon frère. Un autre homme est entré. Il est tombé à genoux près de maman. Et il a pleuré. Il ne l'a pas touché, rien. Il a juste pleuré. Ensuite, il a relevé les yeux, il nous a vu. Je me rappelle qu'ensuite un homme avec une longue barbe est entré, suivi d'un géant. Le premier homme, celui aux cheveux noirs, a parlé avec le deuxième et le troisième. Je me souviens que le premier m'a pris dans ses bras et le géant a emporté mon frère. Moi, je me suis retrouvé chez des amis de mes parents. Mon frère était parti chez notre famille moldue, la soeur de ma mère.

Harry tendit la main vers ma joue et essuya doucement les larmes qui coulaient. Je n'avais pas remarqué que je pleurais.

-Je suis désolé pour toi, souffla-t-il.

-Il ne faut pas. Malgré mon passé un peu difficile, je suis moi.

-Au début, tu as dis que ton frère jouait. Mais, tout à l'heure, tu as dis que tu avais une sœur...

-Elle a été... enlevée, alors qu'elle était bébé.

-Comme Hashia, alors.

Ce fut les derniers mots que prononça Harry avant de s'évanouir. Je me baissai et déposai mes lèvres sur son front.

-Je veille sur toi, ne t'inquiète pas, petit frère.



Harry James Potter: au nom de la familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant