Weavershouse

Chapitre 11: Brisée

Porter un masque est facile. Un masque, littéralement, dérobe quelque chose à la vue de quelqu'un. Je fais la même chose. Je dérobe mes émotions et expressions à la vue des autres. La découverte de cet élément de défense s'avère être un allié de taille. Plus la peine de baisser la tête quand on vous fixe d'un oeil curieux, jaloux, mauvais, envieux ou soucieux. Les autres le font pour vous. C'est incroyable à quelle vitesse je me suis adaptée à ce nouveau mode de vie. Le même que le leur. Morne, vide et vicieux. Je n'imagine même pas les les atrocités qui doivent avoir lieu entre ces murs, fruits de ragots exagérés et inventés. Ces actes, ces coups-bas pour tenter de monter un échelon et se rendre compte qu'en en montant un, on se fait poignarder dans le dos par un envieux.

J'aime étudier l'élite d'Azimir, j'évalue mes adversaires. Ce n'est pas parce que je suis l'élue qu'ils vont s'abstenir, qu'ils vont m'exclure de leur partie.

Aujourd'hui ce sont eux les éléments principaux. Mais ce ne sont pas eux qui vont m'aider à accéder à ce que je souhaite.

Je souhaite gagner cette foutue élection.

Si tel est ma destinée, autant s'y donner complètement non ? Si j'échoue, on me mettras à l'écart, je n'aurais plus aucune utilité pour eux, je descendrais jusqu'en pas de la pyramide tandis que j'entrainerais des milliers d'individus avec moi.

Je suis heureuse de m'être rendue compte que je n'avais pas le choix. Ils ne me laisseront pas partir. Je serais l'exemple de l'échec, de la tentative de changement.

Je dois impérativement réussir.

Et je compte réussir comme aucun d'entre eux n'a encore envisagé de le faire.

Ils n'y pensent même pas.

« Insignifiant et sans intérêt, la classe inférieure. »

Ce sera ma stratégie.

J'entrainerais le peuple avec moi.

« si tu sombre, ils sombrent avec toi. »

Hayden a dit. Autant avancer sur mon plateau de jeu avec eux.

C'est ce que je me dis tandis que j'observe les rues étroites du village hors remparts. Les chemins grouillent d'hommes se tuant à la tâche et de femmes qui tentent désespérément de trouver à manger pour leur progéniture.

La misère empeste dans les bas-fonds de la ville.

Il ne faut jamais négliger les faibles pions car ils représentent la majorité ; Tant que eux seront là, le jeu continue.

Mon quotidien est devenu lassant et ennuyeux mais je m'y donne corps et âme.

Je me lève péniblement du fauteuil posé sur le balcon. Mes femmes de chambre ne tardent pas a entrer. Elles préparent un corsage simple et agréable à porter. Elles sont plutôt joyeuses et enthousiastes. Moi je suis juste agitée et nerveuse. Les dernières semaines, j'ai étudié, avec Alaric et Moira, soigneusement mes adversaires. Le matin j'apprend leurs prénoms, leurs ascendence, points faibles, avantages et leur stratégie.

L'après-midi, j'appliquais la théorie en me préparant selon chaque fille en particulier.

Cela peut être un avantage.

"Ils faut évaluer l'ennemi", dirait Raven.

"Il faut comprendre l'ennemi", dirait Dao.

Aujourd'hui, je vais préparer dans son intégralité l'évènement du lendemain. Cela me permettra de prouver que je suis capable d'organiser et de guider, tel une reine.