Chapitre 23: Ce matin-là...

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Ce matin-là, les chants matinaux des oisillons auraient pu nous éveiller délicatement, accompagné bien sur du doux clapotis du ruisseau non loin, sans oublier les doux rayons de soleils filtrant agréablement à travers le vert feuillage.
Il n'en fut rien.
Pour faire court, il a été question d'arrachage de couverture, d'un seau d'eau en pleine figure, d'un réveil affreux en sursaut, d'un broyage de colonne vertébrale.
Qui d'autre que Saadi pourrait être acteur d'une telle horreur?
Il n'a rien trouvé de mieux que de nous envoyer un seau d'eau glacé à la figure. Et cela en beuglant "tu as vraiment besoin d'un bain princesse, parce que ce n'est pas pour t'offenser, mas tu pues le bouc.". Charmant. Naturellement, réveillé en sursautant, Isaiah s'est complètement crispé, et je me suis fait écrasée.
Seulement, je n'ai pas attendu d'explications, ni d'excuses. J'ai foncé comme un bélier (pour rester dans les animaux à cornes) contre Saadi, le plaquant, et le faisant mourir de rire littéralement à salves tortueuses de chatouilles. Cela aurait été plutôt insignifiant si Isaiah n'avait pas enfoncé des feuilles mortes dans sa bouche à chaque fois qu'il l'ouvrait pour éclater de rire.
C'est dans cette situation fort contraignante que Basher nous retrouva. Moi, étalée à même le sol, me remettant du fou rire. Et Saadi entrain de recracher tout l'humus tandis que son frère l'aide faussement en tapant joyeusement sur son dos.
Je me calme à cause du nouveau venu, et je réalise à quel point c'est agréable de rire à nouveau. La dernière fois que j'ai du vivre quelque chose dans le genre, cela doit dater de la guerre de nourriture dans la cuisine de Weavershouse. Et même si cela peut paraître enfantin de de dire cela, c'est plutôt ce genre d'activité que nous devrions avoir. Et non pas survivre à un camp de prisonnier. Ou tuer.

Je redescend lourdement sur terre. Sur Dameris. J'en viendrais peut être à regretter ce moment, tellement il est amer de voir la réalité en face. Mais j'ai trop apprécié ce moment pour le regretter. C'est la première fois que j'entends un rire aussi franc de la part des garçons. C'est tellement agréable de voir sourire Isaiah, lui qui fait à longueur de journée la forte tête. Son visage s'éclaircit quand il rit et des fossettes se creusent dans ses joues.
Nous nous relevons tous, le visage plus dur pour entendre ce que Basher a à nous dire.
"C'est notre dernière journée de repos. Demain à l'aube nous remballons le tout et partons vers L'ouest. Reposez vous, et soyez prêt pour le voyage de demain. Cet après-midi, après le déjeuner, rendez-vous dans la grande clairière, nous peaufinerons les dernières préparations et les stratégies. ". Ensuite, il s'adresse directement à moi : " Tu pourras ainsi poser les questions que tu as à poser et entendre toutes les informations dont tu as besoin. En attendant..." Il me regarde de haut en bas, "on va te trouver une autre tenue..." dit-il avec un grincement de dégoût.
Sympa.
"Et..." dit Saadi en passant un bras autour de mon cou "Il n'a pas osé le dire, mais quand j'ai évoqué un bouc tout-à-l'heure, ce n'était pas une façon de parler... " me lance-t-il tout en esquivant les coups que je tente de lui porter.

Il m'emmène plus loin du camp, et je vois, autour d'une charrette non-couverte, un groupe de femmes rassemblés autour d'un feu, préparant le petit déjeuner.

Je vois des jeunes filles, des plus âgées, des mères et leurs enfants. J'en aperçois même une enceinte.
"La charrette que tu vois la c'est une sorte de convois spécial. Ce sont les femmes trop âgées ou enceinte qui voyagent plus lentement. Le premier groupe voyage en tête, accueillant toute complication, et quand le camps est établi et que les possibles dangers sont hors de vue, le deuxième convois arrive.Il est escorté naturellement. Mais tu vois, il y a aussi des filles trop jeunes qui n'on pas encore appris à se défendre".
Il me confie à une petite femme dodue aux cheveux grisonnants.
"Bonjour Princesse", me dit-elle avec un grand sourire.
"Bonjour, mais vous pouvez m'appeler Erin, je préfères." Je lui réponds, embarassée.
"Bien, Erin, tu peux m'appeler Irma." Son ton chaleureux est agréable et je me sens tout de suite mise en confiance.
"Mais dis, moi, regarde comme tu est toute crasseuse! On va te donner des vêtements dignes de ce nom! Cressida, Zara, venez par-ici!"
Deux filles grandes et élancées s'avancent vers nous. Ce sont sans aucun doute des jumelles car j'aurais bien du mal à les différencier. Elles ont la même peau hâlée, les mêmes yeux noires et énormes et les lèvres pulpeuses. Elles sont très belles, magnifiques. Je regarde mes vêtement sales et déchirés, et j'ai vraiment hônte.
"Salut, moi c'est Cressida, mais tu peux m'appeler Cress", me dit la fille de droite. Elle me paraît être la plus entreprenante et la plus extravertie des deux.
"Et moi c'est Zara", dit la deuxième timidement.
"Euh, moi c'est Erin", je dis mal à l'aise à côté des jumelles.
"Bien, maintenant que les présentations sont faites, au travail! Cressida, tu t'occupes de sa toilette! Et toi Zara, trouve lui de quoi s'habiller. Hop, hop, hop, allez, nu nerf!"
Irma n'est peut-être pas dans ses plus jeunes années, mais elle sait en quoi consiste la direction!

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 27, 2016 ⏰

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