Chapitre 18: Rassemblement

1.1K 124 17
                                    

Le réveil est difficile. Saadi s'est enfin réveillé. Il doit avoir atrocement mal, mais il tient le coup. Isaiah lui, garde en permanence son dos raide, afin que le frottement entre le tissus rêche de sa tunique ne soit pas trop important, contre son horrible blessure.

Ils nous apportent de grosses marmites de bouillie. Malgré la couleur jaunâtre du mélange, je n'ai qu'une hâte, manger.

Je redoute ce qui suivra. Que vont-ils faire de nous? Vont-ils nous faire pourrir encore une semaine en cellule? Vont -ils nous torturer? Vont-ils nous écraser encore plus que nous sommes déjà?

Je me poses encore et toujours des questions. Est-ce courant, dans ces contrées de kidnapper la princesse héritière? Tout cela se passe impunément?

Est-ce que mon père va me laisser croupir ici? Est-ce que Hayden a seulement levé le petit doigt pour tenter de me sauver? Cela fait bientôt 4 jours que j'ai quitté Azimir.

Je commence a regretter le confort abondant et des froufrous du palais.

Chaque bouchée que nous prenons est insipide, et je songe à la possibilité d'empoisonnement. Non, ils ne se sont pas donnés autant de mal pour ensuite nous faire crever de la sorte.

Le silence reigne dans la salle.

J'ose enfin lever les yeux.

J'observe les visages fatigués et violacés.

Je remarque quelque chose.

En nous coupant les cheveux, en nous battant, nous sommes méconnaissables. Tous ma même coupe, tous les yeux bouffis, les mêmes cernes, les mêmes ecchymoses.

Toutes ces personnes doivent venir de toutes les contrées. Ce sont des prisonniers de guerre. Non pas des soldats, mais des femmes, des enfants, et les garçons, autrefois trop jeunes pour porter une arme.

On peut parfois difficilement discerner un homme d'une femme et inversement.

Ils nous empêchent de nous reconnaitre, de savoir d'ou nous venons, jusqu'à ce que nous même l'oublions, et nous perdons.

Je baisse la tête vers ma poitrine, et remarque le pendentif de Hayden qui pèse lourd autour de mon cou. Je ne l'ai jamais quitté, comme ils me l'a demandé.

À présent c'est la seule chose qui me rattache directement à Dera, à Weaverhouse. Et à mon oncle.

C'est difficile d'imaginer ce qui lui est arrivé.

L'ont-ils tué?

J'ai fais le choix de ne plus y penser, imaginer les pires situation ne me servirait à rien, malgré le chagrin que j'éprouve à son souvenir.

Une fois que tout le monde ait fini de manger ce qu'ils avaient déversés dans nos petites coupelles, ils nous ordonnent de nous lever.

Quatre portes s'ouvrent. Ils observent chaque détenu d'un oeil critique avant de les envoyer par une des ouvertures.

On nous trie par sexe et par âge, tel du bétail.

Je suis obligée de me séparer de Fawn et Cheryle qui s'accrochent pourtant avec  tant d'entrain à mes jambes.

Après que les jeunes filles soient séparés du groupe, viennent les garçons.

Ensuite viennent les hommes. Saadi ne m'a pas adressé un regard depuis son réveil. Il est perdu dans ses pensées, et je lui en veux pas.

Celui-ci se dirige déjà vers la porte tandis que Isaiah ne bouge pas. Je l'interroge du regard, il se tourne vers moi. Les gardes l'agrippent par sa tunique, mais il peut encore tout juste attraper  ma nuque pour me murmurer à l'oreille: "Je tiens toujours mes promesses...".

WeavershouseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant