Je suis réveillée par Jack, un garçon de notre groupe du départ que je ne connaît pas très bien, qui frappe à ma porte. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est mais le soleil commence à peine à éclairer le campement. Et peu de personnes sont levées. Jack me dit qu'il a été envoyé par Aiden et que nous devons le rejoindre. Sur le chemin je discute un peu avec lui de tout et de rien. Lui aussi à l'air content de rester ici. Je ne sait pas du tout quoi penser. Pour moi cet endroit me fait penser au calme avant la tempête. Un calme bien trop silencieux. Je me méfie de ce qu'il peut se passer à chaque instant. Nous arrivons devant le point de rassemblement. J'aperçois Aiden qui se dirige vers moi. Il tient dans sa main mon arc que j'avais choisi lors du départ.
-Bonjour. Bien dormit ? me demande il en souriant.
-Oui on peut dire ça comme ça , je lui répond en grimaçant.
-J'ai retrouver ça. Je sais pas si ça a de la valeur pour toi mais tu vas devoir t'en servir aujourd'hui.
-Merci.
Je lui prend doucement l'arc de main et prend un sac de flèches derrière lui. Nous ne sommes pas nombreux. Pas plus de dix. Nous sommes seulement deux filles pour huit garçons. Aiden m'explique qu'il faut se mettre par deux pour faire les groupes de chasse et choisir un secteur. Bien évidemment, nous formons un duo et nous choisissons le côté Est de la forêt. Lorsqu'Edna nous autorise enfin à partir, je me dirige avec mon coéquipier vers notre partie de forêt en marchant plutôt vite. Bizarrement cette chasse m'entousiasme. Je passe devant Edna qui m'attrape par le bras.
-Fait attention dans la forêt.
Je la dévisage longuement avant de repartir. Pourquoi cette mise en garde ?
Nous entrons dans la partie Est de la forêt. Il fait beaucoup plus frais qu'au campement. Le soleil l'éclaire à peine. Quelques rayons de celui ci traversent les hauts arbres vert et atterrissent en paillettes sur les feuilles de plantes diverses au sol. L'air est frais et doux. Un parfum agréable, mélange fruitier et végétal. Je prend une grande inspiration tout en fermant les yeux. Le bois craque sous nous chaussures au fur et à mesure que nous avançons au fond de la forêt.Le paysage et l'air d'ici est beaucoup plus agréable que dans le désert aride. Je décide que le moment est bien choisi pour continuer la conversation d'hier soir :- Pourquoi les ont ils chassés des villes ?
-Qui ça ?
-Le gouvernement. Pourquoi ? Si ils étaient malades pourquoi ne pas les avoir aidé ?
-Edna m'a dit qu'ils chassaient tous ceux avec des maladies parce que les hôpitaux étaient trop remplis pour accueillir tout le monde. Au début, ils ont renvoyé seulement ceux qui avaient des maladies virales. Et puis ils ont décidés de renvoyer aussi ceux qui développaient des maladies même si elles n'étaient pas virales.
-Mais les gens devaient se douter de tout ça. Pourquoi nous n'étions pas au courant ?
-Je ne sais pas vraiment, dit il en haussant les épaules. Edna dit qu'ils cachent beaucoup plus de choses qu'on ne le pensent.
-Je ne comprend pas. Tout ça est horrible. Comment peut on laisser des gens se livrer à eux même ?
-J'ai penser la même chose que toi quand on me l'a avoué.
C'est très étrange. Je ne sais plus trop qui croire. Le gouvernement ou bien ces gens ? D'un côté, je ne vois pas l'intérêt d'envoyer des personnes malades qui peuvent être soignées dehors sans aide pour les laisser mourir seules. Parce que sans cette tribu tout le monde serait mort quelques jours après être sortit des villes. Je ne sais pas exactement ce qu'il y avait autour de Chicago puisque depuis mon arrivée, ils avaient érigé un mur tout autour de la ville. Alors je ne sais pas combien de temps on pouvait survivre en dehors, mais comme les provinces étaient désertes, je crois qu'on ne pouvait rester bien longtemps en vie.
Et pourquoi faire une expérience pour sauver l'humanité si c'est eux qui sont la cause de son extinction ? Tout cela n'a aucun sens.
Soudain, j'entends un petit craquement. Sûrement du gibier. Aiden et moi arrêtons de marcher et de bouger. Je m'accroupis lentement au sol. Je prends doucement mon arc en essayant de faire aucun bruit et tire une flèche de mon sac. Je repère ce que ça peut être. Je vois un museau puis une tête de biche. Elle avance doucement tout en broutant. Elle est magnifique. Fine , sur ses longues pattes brunes légèrement tâchetées. Je bande alors mon arc. Et essaye de viser correctement. Je ne tremble pas. Je suis prête à tirer, quand je dérape en bougeant légèrement ma jambe. Elle relève rapidement la tête et me regarde droit dans les yeux quelques secondes , avant de s'enfuir , apeurée.
Je ne réfléchis pas longtemps. Je me relève très rapidement, et court aussi vite que je le peux. J'entends Aiden qui m'ordonne, en criant, de revenir.
Mais je continue de courir. Rien ne m'arrête. Je ne pense plus à rien, à part la biche. Je court vite. Très vite. Je continue de voir sa croupe brune et ses pattes arrière qui frappent le sol au rythme de ses foulées. Les branches dépassant des arbres sur le sentier, me fouette le visage et me griffe les bras, provoquant des brûlures. Mais je n'y pense quasiment pas. Je ne pense qu'à l'attraper et la tuer. Je deviens folle. Je sens le goût de la viande dans ma bouche. Ce gout si doux et bon. Comme si je n'avait pas mangé depuis des années. C'est ce qui me motive le plus. Je devrais être épuisée, je n'ai jamais autant couru surtout à une telle vitesse, mais je me rend compte que je suis en pleine forme et que je peux rester pendant longtemps comme cela. Malheureusement, la biche me prend par surprise et tourne à droite. Je tente de faire de même, mais je glisse sur un plaque de boue et tombe le nez contre le sol. Je relève la tête et vois la biche s'éloigner de plus en plus. C'est trop tard. Elle a gagnée. En dernier espoir, je me met assise , bande mon arc et tire à l'aveugle. Bien évidemment, je la rate et l'observe disparaître peu à peu. Je suis déçue. Je voulais tellement l'avoir. Ce sera pour une prochaine fois. Je respire fortement pour reprendre mon souffle. Je commence à ressentir une douleur forte au genou. Je ramène mes genoux devant moi. Mon pantalon est tâché de sang au niveau de ceux ci. Je me repose quelques instants. Mes coudes aussi sont blessés. Je suis écorchée d'un peu partout sur le corps. J'essaie de ne pas trop y penser, car les brûlures se font de plus en plus fortes.
Un bruit de craquement retentit près dans la forêt, tout près de moi. Je ralentit ma respiration et m'accroupis rapidement. Je regarde partout et reste sur mes gardes. Je prend une de mes flèches et mon arc, encore une fois. J'entends le bruit sourd des feuilles et des branches qui bougent. Il y a quelque chose dans les arbres et il s'apprête peu à peu à sortir. Mon coeur bat tellement vite que j'ai l'impression qu'il va sortir de ma poitrine. Je retient mon souffle le plus longtemps que je peux et garde mes muscles contractés. Les feuilles vertes des fougères devant moi bougent de plus en fort. Je n'en peux plus. Je suis effrayé. Je sais que ce qui se cache à l'intérieur et très gros et ne semble pas être une proie. Il recherche sûrement une proie, et il se peut que ce soit moi. Je doit me tenir prête à tout moment, il va surgir sur le chemin. Tout à coup, J'aperçois une tête très grosse et noire sortir du feuillage. Une grosse tête noire suivit d'un énorme corps, lui aussi, imposant et noir. C'est une panthère. Elle a plongé ses grands yeux noirs dans les miens. Je ne respire plus. Je ne sais plus quoi faire. Je suis comme paralysée face à cette situation. Je ne pense même pas à tirer. Je ne sais quelle sensation m'envahit. Elle me fixe toujours tout en s'installant en face de moi. Elle n'a pas l'air de vouloir m'attaquer. Elle a l'air tout aussi décontenancée que moi. Quelque chose d'improbable se produit alors. La panthère s'allonge en face de moi, tout en continuant ce jeu de regard que nous menons toutes les deux. Bizarrement, je ne ressens plus du tout de peur. Je relâche tout mes muscles et respire. Je me relève ensuite lentement. Et puis, comme si mon corps fonctionnais sans que je réfléchisse , je m'avance vers cette bête si majestueuse à mes yeux. Cette masse noire si belle. Je m'avance très lentement et je ne réfléchis plus. Je ne pense plus. Je ne suis plus du tout maître de moi même. Plus je m'approche d'elle , plus je ressens l'envie de la toucher, de restée près d'elle. Lorsque j'arrive enfin à sa hauteur, je m'accroupis et la regarde. Son regard est si doux. J'avance ensuite ma main et celle ci tourne la tête, mais se laisse faire. Je caresse son pelage sombre comme la nuit. C'est si agréable. Je passe ma main tout le long de son corps. Je me sens tellement rassurée auprès d'elle. Comme si cette panthère et moi nous nous comprenions. Pourtant je ne suis qu'une humaine. Cet instant si magique pourrait durer une éternité. Je m'allonge à ses côtés et me concentre sur sa respiration régulière. Elle est calme et son coeur bat lentement. Je continue de la caresser dans le sens du poil, il est si doux. Je n'ai plus la notion du temps mais je pense tout de même que cela fait longtemps que nous sommes ici. Tout à coup, les feuillages se remettent à bouger rapidement, et cela ne présage rien de bon. Les oiseaux s'envolent des arbres en hurlant. J'entends, avec une ouïe très fine, que quelqu'un approche en haletant. Un humain. La panthère bondit rapidement sur ses quatre pattes, et grogne. Elle produit un énorme bruit sourd qui me fait froid dans le dos. Tout ses muscles sont contractés, ses oreilles abaissées et toutes dents dehors. Elle se change en un rien de temps, de la belle panthère douce et gentille en une panthère chasseuse et méfiante. Je me relève et bande à nouveau mon arc. L'humain arrive presque près de nous, je peux le sentir. Lorsqu'il surgit des fougères, la panthère prend la fuite. Je m'attendais à ce qu'elle se jette sur lui. Mais pas du tout. Stupéfaite, je garde tout de même mon arc braqué sur lui. Il lève les mains vers le ciel. Son visage est balafré. Pas seulement de griffures dû à sa course, comme moi précédemment, mais de coups. Ses cheveux bruns sont en désordre , et sa tenue , la même que nous , celle du départ, et toute déchirée au niveau des bras et des jambes. La sueur coule sur son visage et il respire anormalement. Il me supplie de son visage de ne pas tirer. Ça y'est je le reconnais. Il a choisi d'aller dans le groupe de Kimberley, ce qui me rend encore plus en colère. Que fait il ici ? Je ne rend pas tout de suite compte, mais je bande mon arc au maximum sous la pression. Je suis à deux doigts de tout lâcher. Il me regarde et implore ma pitié. Des larmes coulent le long de son visage. Je réfléchis et puis finalement, je relâche tout. Il ne mérite pas qu'on le tue. On ne doit pas tuer un humain. Il tombe au sol à genoux sûrement d'épuisement.
Que s'est il passé pour qu'il soit dans cet état ? Que fait il ici ?
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Animals [EN PAUSE]
Science FictionDans une société future, les maladies touchent plus d'un homme sur deux et a décimé la moitié de la population. Alors pour préserver la race humaine le gouvernement réalise un test sur un groupe de nouvelle génération capable de résister aux épidé...