Chapitre 7

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Moi et ma sœur sommes en route pour les chutes en ce moment même. À vrai dire, ça fait déjà quelques minutes que nous marchons dans les bois et, si ce n'était pas de ce silence de mort ainsi que de tous les dangers potentiels qui nous entourent, cette promenade pourrait être vraiment plaisante. En fait, avant que l'apocalypse ne survienne, j'avais l'habitude de me rendre dans un petit boisé à quelques rues de chez nous avec ma sœur. Je l'y amenais tous les samedi matin, puisque ce jour-là, ma mère travaillait toujours en après-midi et mon père était toujours bien trop saoul pour se rendre contre de notre absence. Alors, toutes les deux, nous nous rendions dans les bois où nous passions quelques heures à se promener en observant les paysages, en discutant de tout et de rien et en cueillant toute sorte de petits fruits! C'était le bon temps...

-Ça va? Me demande ma sœur d'un ton presque inaudible en réalisant à quel point j'étais perdue dans mes pensées.

-Uhm.. oui oui, je faisais juste.. je me remémorais des souvenirs. Tu te souviens de nos samedi d'avant?

-Tu parles de quand on se rendait dans la forêt pour manger des baies?! S'exclame-t-elle, un grand sourire se dessinant sur son visage.

Je ne peux retenir un petit éclat de rire en voyant la joie apparaître aussi rapidement sur son visage, mais je me tais assez vite en me souvenant où je me trouve. C'est-à-dire perdue dans une forêt quelconque, possiblement entourée d'un certain nombre de rôdeurs qui, s'ils nous entendent, se feront un plaisir de courir jusqu'à nous pour nous dévorer jusqu'à ce qu'il ne reste que nos os.

-Oui, je parle de ça, dis-je d'une petite voix. Mais fait attention à ne pas parler trop fort...

-Ah oui.. Désolé, j'avais encore oublié.

-C'est rien, dis-je d'un ton toujours aussi bas. Tu n'as qu'à te retenir quelques minutes. Rendu à la rivière on pourra faire plus de bruit grâce au courant de l'eau.

Ravie par cette perspective, Lily hocha la tête avant d'accélérer subtilement. Sans attendre, je calque mon pas sur le sien afin d'être sûr de ne pas me laisser distancer. Protectrice comme je suis, je ne veux même pas m'éloigner de plus d'un mètre d'elle. Je sais que c'est un assez intense et je sais aussi qu'elle trouve parfois mon comportement étouffant, mais je fais ça pour son bien. Je ne veux pas qu'il lui arrive quoi que ce soit et je ne veux surtout pas la perdre. Elle est tout ce qui me reste et je serais prête à mourir pour elle.

À nouveau perdue dans mes pensées, je ne me rends pas tout de suite compte que nous sommes arrivées aux chutes. Je ne m'en aperçois qu'une fois que j'entends ma sœur éclater de rire. Surprise, je relève la tête et je me rends compte qu'elle est déjà entrain de patauger sur le bord de l'eau. Le bas de ses pantalons est entièrement trempe et un sourire illumine son visage alors qu'elle s'amuse à taper et à sauter dans l'eau.

À la vue de son immense sourire, je ne peux m'empêcher de rigoler à mon tour et je dois faire d'immenses efforts pour résister à l'envie de la rejoindre. Aller m'amuser avec elle est vraiment tentant, mais, avant, j'ai quelques tâches à accomplir. Rien de bien fatiguant. Je dois seulement nettoyer les pots massons dont le contenu a déjà été dévoré pour les remplir d'eau.

Donc, sans plus attendre, je m'affaire à ma petite besogne tout en gardant un œil constant sur ma sœur qui semble s'amuser comme une folle. J'en suis maintenant à deux pots massons nettoyés et un remplis. Mon travail avance assez vite, mais, bien trop impatiente pour attendre plus longtemps, j'accélère le rythme. Quelques secondes plus tard, le deuxième pot masson est empli d'eau, scellé et rangé dans le sac auprès du pot de cornichon, du pot de purée de pommes et de l'autre pot contenant de l'eau.

Déjà deux de fait, soit la moitié. Sans plus tarder, je m'empare du troisième pot en poussant un soupire pendant que ma sœur s'amuse toujours. Je lui jette un bref coup d'oeil et sa joie est tellement contagieuse qu'un sourire finit par se créer sur mon visage. Je décide alors de la rejoindre. Je laisse donc tout ce que j'avais commencé et je m'apprête à me lever lorsque j'entends des pas suivis d'un craquement de brindille.

Sur mes gardes, je me redresse d'un coup avant de me retourner d'un mouvement brusque vers le bois, une main sur mon couteau. Une fois en position de combat, je tends l'oreille. C'est alors que je les entends. Des voix humaines. J'aurais du être rassurée, mais elles ne semblent pas très amicales.

Sans tarder, j'ordonne d'un geste à ma sœur de me rejoindre, ce qu'elle fait sans tarder. Elle semble inquiète et effrayée, mais elle reste calme. Nous restons dans cette position quelques secondes. Moi les pieds fermement plantés au sol, les genoux fléchis. Une main sur mon couteau, l'autre sur le revolver des mes parents, prête à sortir l'une des deux armes si la situation l'exige. Ma sœur derrière moi, la main sur son couteau, mais les genoux pointés en sens inverse, prête à se sauver si je le lui ordonne.

Enfin, après une courte attente qui me semble interminable, un groupe d'hommes sort de la forêt. Leurs vêtements sont sales. Leurs cheveux gras leurs collent au visage et des armes de toute sorte pendent à leurs ceintures. L'un d'eux, le plus grand, possède une machette couverte de sang encore frais d'un rouge vif, signe qu'il appartient à un animal. Ou à un humain...

Ils sont cinq en tout et, d'après ce que j'ai pu voir, ils ont trois fusils. L'un d'entre eux semble blasé. Il a l'air beaucoup plus jeune que les autres membres de son groupe, mais peut-être que je me trompe. Je ne peux pas en être sur à cause de la crasse que je vois sur son visage. Les trois autres nous observent tous avec un air de prédateur tandis que le dernier, qui semble être le chef de la bande, nous adresse un sourire carnassier.

-Alors, alors.. Mais qu'avons nous là! Dit finalement se dernier en s'avançant un peu.

Avant qu'il n'ait pu faire un pas de plus, je sors mon fusil et je vise l'homme à la machette sans même réfléchir. Celui-ci s'écroule, ce qui retient l'attention de ses camarades pendant quelques secondes. Ma diversion n'aura pas duré longtemps, mais j'ai tout juste le temps de hurler à ma sœur de se sauver avant de m'emparer de notre sac à dos et de me lancer à sa suite.


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Coucou! Juste pour vous dire que je devrais avoir posté le chapitre 9 d'ici vendredi, sinon ça ira à samedi au plus tard! :)


Survival Instinct (abandon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant