Chapitre 2

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Je suis assise contre un mur et je tiens ma sœur qui sanglote et tremble encore dans mes bras, tout en lui caressant les cheveux. Je tente de la rassurer du mieux que je le peux, mais ce n'est pas si simple compte tenu de ce qui vient de se produire. Je veux dire... Tous ces rôdeurs qui nous couraient après. On pourrait croire que ça arrive assez souvent vu leur nombre, mais non. Généralement, nous réussissons à les éviter assez facilement. À vrai dire, c'est seulement la deuxième fois qu'on est poursuivie par une horde. La première fois étant responsable de la mort, ou plutôt du sacrifice, de nos parents, il est parfaitement normal que Lily soit autant traumatisée.

D'ailleurs, je dois avouer que je le suis presque autant qu'elle, mais je ne dois pas le laisser paraître, car ça ne ferait qu'empirer son anxiété. Du coup, je fais comme si de rien était. Je reste calme malgré le fait qu'on vient de se faire poursuivre pendant au moins une heure et pratiquement tuées par des morts-vivants. Nous avons vraiment été chanceuses de tomber sur cette vieille cache (Pour ceux qui ne le sauraient pas, une cache est une espèce de cabane dans l'arbre utilisée par les chasseurs). Je me souviens encore du soulagement qui est apparu dans le visage de ma sœur lorsqu'elle a compris qu'elle pourrait enfin se reposer. Sans même se consulter, nous y avions grimpé toutes les deux.

Et maintenant, ça doit faire au moins une heure qu'on est coincé ici. Heureusement, les rôdeurs, qui, d'ailleurs, sont toujours à nos pied, entrain d'essayer de trouver un moyen de nous rejoindre, ne peuvent nous atteindre. Nous sommes donc en sécurité pour l'instant, mais ce qui m'inquiète, c'est plutôt la nourriture. En quittant la maison, nous n'avons pas eu le temps de récupérer nos effets personnels, si bien que nous ne possédons plus que le contenu de mon sac-à-dos. C'est-à-dire, sept pots massons remplis de nourriture, deux bouteilles d'eau, une couverture, un ourson en peluche et une hachette. De plus, nous avons à notre disposition chacune un couteau que nous gardons toujours accroché à notre ceinture ainsi qu'un revolver qui appartenait à notre père. De toute façon, lorsqu'on vit dans un monde comme celui-ci, vaut mieux rester toujours armée!

Ma dernière réflexion m'arrache un long soupire. Je déteste penser que Lily ne connaîtra jamais une enfance normale. Elle ne grandira jamais dans un monde où le pire drame qui pourrait lui arriver serait de se faire priver de sortie. Jusqu'à la fin de ses jours, elle ne connaîtra que la fuite, la faim, la peur et la lutte pour survivre jusqu'au lendemain. C'est assez triste quand on y pense.

-Qu'est-ce qui va pas? Me demande ma sœur, suite à mon soupire.

-Rien, répondis-je en esquissant un faible sourire.

Elle se redressa alors pour m'observer avec un drôle d'air. Elle ne me croyait pas.

-Qu-est-ce qui va pas? Demande-t-elle à nouveau.

Je pousse un nouveau soupire avant de la repousser pour ramener mes jambes contre moi tandis qu'elle s'assit sur ses genoux et croise les bras sur sa poitrine, attendant une explication. Sauf que je n'ai pas l'intention de lui faire part de mes inquiétudes. Elle en a déjà bien assez avec tous ces rôdeurs qui attendent patiemment à l'extérieur.

-Rien, je suis juste fatiguée, dis-je finalement d'un ton qui se voulait convainquant.

-Je te crois pas, mais ce n'est pas grave.

Au moment où elle prononça ces paroles, sont visage s'assombrit encore plus, chose que je croyais impossible. N'aimant pas la voir dans cet état, je me creuse la tête pour trouver un moyen de lui remonter le moral. Puis, après quelques secondes de réflexion, je repense aux victuailles que j'ai trouvé ce matin ainsi qu'à l'ours en peluche. Je me traite mentalement d'idiote tout en me donnant une petite tape sur le front sous le regard médusé de ma sœur qui me demande si ça va. Je la rassure en lui adressant un immense sourire avant de m'emparer de mon sac-à-dos que j'avais déposé à ma droite.

-J'ai une surprise pour toi! M'exclamai-je en sortant l'ourson du sac.

Je n'eus même pas le temps de lui expliquer pourquoi je lui offrais ce jouait qu'elle s'en empara en souriant.

-Merci! Lança-t-elle en serrant la peluche contre elle. Merci, merci, merci!

Je rigole face à sa réaction, puis, émue de la voir pour la première fois heureuse depuis quelques semaines, je sens mes yeux devenir humide.

-Pourquoi tu pleure? Me demande alors ma sœur en arrêtant de bouger.

-Parce que tu es entrain de devenir une femme! Je veux dire.. tu as 9 ans maintenant. Tu approches grandement de l'âge adulte, la taquinai-je en rigolant.

Pour toute réponse, Lily me donna une petite tape sur l'épaule avant de venir s'asseoir à ma gauche. Une fois installée confortablement, elle posa sa tête sur mon épaule. Je sortis alors un des pots massons que je pris au hasard dans mon vieux sac en toile noir, puis je le lui tendis.

-Qu'est-ce que c'est?

-Uhm... celui-là c'est de la confiture d'abricots! Dis-je en salivant déjà.

Surprise, ma petite sœur s'empara du pot qu'elle commença à inspecter minutieusement avant de me lancer un regard du genre ''je peux?''. Je lui adresse un hochement de tête positif et aussitôt, elle commence à s'acharner sur le pot pour l'ouvrir, mais elle n'y arrive pas. Après quelques secondes, elle finit par me le tendre en grimaçant.

-Une vrai femme aurait pas abandonné, plaisantai-je.

-Justement, je suis pas encore une vrai femme! Répondit-elle sans cesser de fixer la confiture.

J'ouvris rapidement le pot avant de le lui redonner, histoire qu'elle goûte en premier, ce qu'elle fait sans prendre son temps. Elle commence d'abord par tremper son doigt dans la confiture, puis elle le porte lentement à sa bouche. Elle le sent un peu, puis elle se jette à l'eau. Elle mange enfin la première bouchée de notre souper -très nutritif en passant- et un immense sourire illumine alors son visage. Sans plus tarder, elle replonge son doigt dans le pot et elle commence à manger de plus en plus rapidement. Sa réaction m'arracha un éclat de rire.

-Minute, Papillon! M'exclamai-je en éloignant le pot. Laisses moi en un peu, au moins!

Ma sœur rigole à son tour, puis elle recommence à manger, un peu plus lentement cette fois-ci et je l'imite. Une fois notre repas terminé, je dépose le pot vide dans un des coins de la cache, puis je sors la couverture du sac et, sans un mot, ma sœur vient se blottir dans mes bras. Elle finit par s'endormir et je l'observe quelques secondes. J'aime la regarder quand elle dort. Elle a l'air tellement paisible, beaucoup moins inquiète que lorsqu'elle est éveillée.

-Bonne nuit, chuchotai-je avant de m'endormir à mon tour.

Survival Instinct (abandon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant