P'tite fille.

Aux survivants

(A ceux qui n'en peuvent plus, à ceux qui ne tiennent plus debout, je vous en supplie, lisez ce texte. J'ai mis beaucoup de temps à le faire. Love. )

Tu vas te suicider.

Ton père rentrera du boulot, il se demandera si tu es déjà à la maison et il criera ton prénom et tu ne répondras pas et il s'imaginera que tu es en train d'écouter de la musique.

Ta mère rentrera du boulot, fatiguée de sa journée et elle montera peut-être dans ta chambre, toquera comme à chaque fois puisque tu lui as demandé de le faire et qu'elle te respecte mais tu ne répondras pas.
Alors elle entrera quand même et elle trouvera ton corps.
Les larmes couleront sur ses joues, sans même qu'elle ne les contrôle et elle se mettra à crier, à appeler ton père.
Il viendra et il verra le corps de son bébé, celui qu'il a vu grandir chaque jour depuis sa naissance et il ne dira rien.
Ta mère criera toujours.
Elle prendra ta main, te secouera.
Réveille toi, réveille toi.
Ton grand frère viendra voir pourquoi il y a tout ce bruit et il verra ton corps inanimé, ta mère qui crie à côté de toi.
C'est le vide dans sa tête et son corps, il n'a pas su te protéger.
Il n'a pas su te protéger.
Il aurait du savoir ce que tu allais faire.
Il n'a pas su te protéger.
Ta petite soeur pour qui tu étais un modèle courra dans les escaliers puisqu'elle s'attend à quelque chose de génial et elle tombera sur les larmes et l'ambiance morte de ta chambre, celle qui ne sera plus que le symbole de ton manque, de ton vide.
Tu ne seras plus jamais dedans.
Tu ne riras plus jamais.
Tu ne claqueras plus jamais la porte parce que tu étais énervée et on ne t'entendra plus jamais chanter à tue-tête.
Il y a un vide dans chacun d'eux, un trou sans fond dans le milieu du ventre. Chaque pièce de la maison leur fait penser à toi.
Mais tu n'es plus là.
Et même les litres d'alcool ne font pas disparaître ce manque.
Ta mère n'a plus le courage de se lever.
Ton père a du quitter son travail.
Ils se surveillent mutuellement mais aucun ne se remet vraiment de ton départ.
Leur bébé est mort.
Leur fierté est morte.
Ce petit morceau d'eux est mort, tout cet amour s'est effondré.
Tu n'es plus là.
Tu es morte.
A l'école, tout le monde remarque ton absence.
Ta place est vide.
Tu n'es plus là.
Tu n'es plus là.
Tu n'es plus là, ta place est vide, et personne ne la reprendra jamais.
Cette fille qui s'était moquée de toi parce que tu t'étais mal habillée ne va plus au lycée et est suivie par des psy.
C'est de sa faute.
C'est de sa faute.
Ce prof qui t'avait donné une mauvaise note la veille ne va plus au lycée.
C'est de sa faute.
Tu vas te suicider.
Personne ne s'en remettra.
Ta mère sera de plus en plus maigre puisque manger est devenu trop difficile.
Ton père sera de plus en plus désagréable puisque l'amour qu'il te portait est perdu en lui, vague dans son corps sans trouver à qui l'offrir.
Les images de ton corps étalé par terre passeront encore et encore dans leurs esprits.
Tes parents ne dormiront plus.
Ton frère prendra des médicaments pour dormir, d'autres pour ne pas sombrer comme tu avais pu le faire.
Tout le monde a envie de te suivre, tout le monde a envie de te revoir, de prendre trop de pilules, de couper trop profond, de sauter d'assez haut.
Tu n'es plus là.
Tu n'es plus là, ta place est vide, partout et personne ne la reprendra jamais.
Tu ne seras plus là.
Personne ne saura pourquoi tu as fait ça.
Mais tout le monde aura l'impression que c'est de leur faute.
Et qu'ils auraient du t'en empêcher.
Et te dire qu'ils t'aimaient.
Et te dire que tout allait bien.
Et te dire que ça allait aller.
Parce que c'est ce que tu faisais toujours.
Aider les autres.
Dire que tout allait bien.
Que tout allait s'arranger.
Tu auras sauvé tout le monde.
Sauf toi même.
Tu te seras morte.
Mais t'auras tué tout le monde.
Tu seras morte.
Et tu les auras détruits.
Tu es unique.
Tu es unique parce que tu es toi même et ce toi même est merveilleux. Personne ne remplacera jamais cette merveille que tu es.
N'abandonne jamais.
Le monde finira par te sourire
et tout ira bien.