Fleurs.

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(Image : Comme un ouragan.)

J'ai des fleurs qui me chatouillent les poumons
et me poussent dans l'intestin.
Elles se multiplient, je ne sait pas quoi en faire,
il y en a partout, partout
j'en ai plein la tête, plein les bras
je les peins même du bout des doigts
et tout tangue sous leur poids.

J'ai des fleurs plein les cils,
alors je vois la vie trouble
la vie qui tangue et qui vacille,
la vie qui s'effile
et qui s'effeuille en un million de pétales
étales
qui s'étalent au milieu des cicatrices.

J'ai les soirs tristes,
des fleurs plein les mains.
Ma maman est loin.
Enfin pas très loin,
mais dans le loin juste assez loin
pour que je ne puisse pas l'atteindre
(durant les soirées d'ennui embrumé)
Elle pourrait rentrer, mais elle est occupée. Des problèmes avec sa maman à elle, qui est loin aussi.

J'ai des fleurs plein la gorge
et elles me gênent pour respirer.

Ce sont des fleurs désinfectées
amidonnées
bien repassées
toutes gentilles - toutes mignonnes.
Des fleurs mortes comme pour l'hôpital.

J'ai mal au coeur
et suis déjà malade de l'adulte en devenir
que je ne veux pas être.

Ça ira certainement mieux demain.
Mes mots seront mieux rangés, promis.
J'aurais un peu bu
peut-être un peu écrit
un peu toussé des fleurs
un peu craché des fleurs
un peu vomi des fleurs
vomi ma douleur
comme on lui a opéré sa tumeur :
À la maman de ma maman
d'une manière très
anesthésiée,
les mains liées,
sans y penser,
les doigts croisés,
les yeux fermés.

On se dit au revoir
et à jamais.
On se reverra
En s'offrant des fleurs.

P'tite fille.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant