Chapitre 19

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Langue de Serpent ne réfléchit même pas. Ignorant la douleur dans sa patte, il bondit vers la porte de la clôture, et, esquivant les bipèdes qui y entraient et qui tentaient de l'attraper, il sortit du jardin de courut sur l'allée bordant le Chemin du Tonnerre qui passait près de la maison.

Les bipèdes se mirent à hurler et le poursuivre. Langue de Serpent les ignora et accéléra l'allure. Il courait comme il n'avait jamais couru, ayant l'impression d'avoir des pattes ailées.

Dépêche toi! Ils te rattrapent. 

Langue de Serpent jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. En effet, les poursuivants gagnaient en terrain. Mais le guerrier n'allait pas stupidement se laisser capturer comme la première fois. Non, cette fois, il resterait libre.

Bientôt, ses poursuivants abandonnèrent. Langue de Serpent ralentit l'allure. Maintenant que l'ivresse de l'action était passée, sa patte s'était remise à lui faire mal, en plus de ses coussinets à vif. Boitillant, Langue de Serpent s'abrita sous un palier de maison qui, elle, n'avait pas de clôture et s'y endormit rapidement.


<< Langue de Serpent. >>

Son nom résonna en échos tout autour de lui et le guerrier ouvrit les yeux. Douce Pluie était devant lui.

<< Douce Pluie? 

- Bravo, Langue de Serpent. Tu as réussi à t'échapper.

- Je m'en réjouirais moi aussi sans ma griffe et mes coussinets, grimaça-t-il. >>

Le beau visage de Douce Pluie s'assombrit.

<< Met de la consoude, conseilla-t-elle. 

- Comment tu le sais? >>

Douce Pluie ignora superbement la question et commença à s'éloigner.

<< Attends, Douce Pluie! Où dois-je aller pour rejoindre mon clan?

- Je te guiderai. >>

Puis, tout devint noir.


Langue de Serpent se réveilla. Il lécha ses coussinets endoloris et se redressa. De la consoude... Oui, il connaissait cette plante. Elle avait des feuilles vertes semblables à des feuilles de menthe et des fleurs mauves en clochettes. 

Le chat se redressa et parcourut le jardin de bipède du regard. Pas de consoude. Il trottina jusqu'à une autre maison. Rien. 

Langue de Serpent s'arrêta un peu plus loin et lécha à nouveau ses pattes pour les débarrasser des minuscules cailloux qui lui collait aux coussinets. 

Comment les bipèdes font-t-ils pour marcher tout le temps sur un sol pareil? se demanda-t-il.

Un montre passa soudain dans le Chemin du Tonnerre un hurlant et en crachant un jet de fumée, ses yeux ambrés étincelants de colère. Langue de Serpent sursauta et recula d'un bond. Dans son émoi, il faillit ne pas voir l'objet de son désir. Là! Un buisson de consoude!

Il se trouvait de l'autre côté du Chemin du Tonnerre. Langue de Serpent regarda à droite. Pas de monstre en vue. À gauche. La voie était libre. Le chat respira un bon coup avant de poser la patte sur le sol noir avec précaution. Puis, il posa l'autre et commença à courir, grimaçant lorsque ses pattes endolories touchaient terre. Le sol commença à trembler sous le félin, et, lorsqu'il bondit sur le trottoir, un monstre passait derrière lui. 

Langue de Serpent prit quelques secondes de repos pour calmer les battements de son cœur avant de boitiller jusqu'au buisson. Le chat prit une feuille entre ses crocs et tira. Lorsqu'elle céda, il faillit tomber en arrière.

La guerre des clans - Le prix des joursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant