Once Upon a Dreamland

Chapitre 10: Litanies du feu

Attention: Scènes de tortures

— Feu, feu, jolie feu...ton ardeur nous réjouit...

Lacie redressa péniblement son dos à mesure qu'elle se réveillait. Elle avait l'impression d'avoir été frappée par une voiture, tout son corps était douloureux. Un son aiguë lui vrillait la cervelle.

Elle ouvrit difficilement les yeux, comme si ses paupières avaient été collées ensemble avec un liquide gluant, et tout ce qu'elle voyait était rouge écarlate. Elle semblait se trouver... dans une sorte de sous-sol à l'aspect lugubre, délabrée. Elle essaya de bouger puis réalisa qu'elle était attachée à une chaise. Une panique effroyable s'empara d'elle, et sans le vouloir, des gémissements de panique s'echapèrent de sa gorge.

— Ah! Tu es réveillée ! fit la voix.

Avant qu'elle n'ait pu assimiler la situation, l'homme se pencha à sa hauteur et planta devant ses yeux un faisceau de lumière aveuglante. Elle cligna des yeux, interloquée.

— Hmm, fit l'homme. Ton oeil n'a toujours pas guéris. Je me demande si un morceau de verre ne se serait pas coincé à l'intérieur...

Avec son pouce et son index, il écarta les paupières de Lacie. Elle essaya de reculer sa tête mais elle se heurta au dossier de la chaise. Des marmonnements incompréhensible sortirent de sa bouche lorsqu'elle essaya de parler, et elle réalisa que sa langue était engourdie.

« Quel cauchemar ! » pensa-t-elle effarée. 

Avait-elle été droguée ? Que lui était -il arrivé ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à se souvenir de quoi que ce soit ?

La dernière chose dont elle se souvenait était qu'elle était allongée dans l'herbe avec Peter. Le moment avait l'aspect étrange d'un rêve, et elle se demanda pendant un instant si elle n'avait pas tout imaginé.

— Tu sais, c'était un violent accident, affirma l'homme. Tu aurais dû mourir.

Elle ne pouvait toujours pas voir son visage.

— Un... accident ? articula-t-elle difficilement.

Le fait de parler lui causa une douleur aiguë et elle crachota sévèrement. Des gouttes de sangs s'écrasèrent au sol avec quelques morceaux de verres écarlates.

— Hmm, fit-il pensivement. Ouvre la bouche.

Avant qu'elle n'ait pu obéir, l'homme lui écarta les lèvres d'une main et utilisa sa lampe de poche pour inspecter l'intérieur de sa bouche.

— Tu ne te souviens de rien, n'est-ce pas ? dit-il alors qu'il retirait avec une pince chirurgicale les tessons de verres plantés dans sa joue. Je suppose qu'on pourrait blâmer cela sur le choc post-traumatique. Mais il est aussi vrai que tu as la sale habitude d'oublier des bribes de vie...

Elle cligna des yeux pour s'ajuster à la lumière, incapable de parler. Qui était cet homme? Et pourquoi prétendait-il la connaître ?

— Ne t'inquiète pas, poursuivit-il une fois qu'il eut finit sa besogne. Ça va te revenir. On ne peut jamais fuir ses souvenirs très longtemp, de toute façon.

Elle put enfin voir son visage. Il avait des yeux très noirs, mais pas pétillants comme ceux de Bonnie. Ses yeux à lui ressemblait à un gouffre, comme si l'ombre du mal y régnait. Son visage était angulaire, ses joues creusés, mais une certaine sérénité était palpable chez lui. Un calme... dérangé.

— Vous... dit-elle faiblement lorsqu'il eut fini. Vous êtes l'aide-pharmacien... E. Gary.

Il hocha la tête, un sourire tranquille aux lèvres.