La nature de Roxane - tome 1 : Maudits

Chapitre 59 (fin du tome 1)

Le froid me glaçait jusqu'aux os tandis que j'avançais lentement dans la forêt, entourée de ce rideau feuillu, comme dépossédée de mon corps. J'avais sûrement rêvé.

Mais ces voix ne provenaient pas uniquement du fond de mon esprit. Elles retentissaient depuis le fin fond de la forêt.

Roxane.

C'était mon père qui m'appelait cette fois-ci.

Ma respiration s'accéléra, et je me mis à courir en direction du son, attirée tel un pantin. Plus mon nom résonnait, plus je me dépêchais. Mes pieds touchaient à peine le sol tant ma vitesse s'était décuplée.

Roxane.

- Papa ?

Aucune réponse. Sa voix était tout près, pourtant il fallait s'y attendre.

Soudain, une silhouette translucide me barra la route. Ses contours semblaient se fondre dans la noirceur de la forêt, et mon souffle se coupa lorsque je reconnus de qui il s'agissait.

Mon père se tenait là, devant moi, me scrutant de ses yeux bleus perçants, dépourvus de vie. Vides de toute humanité.

- Papa..., murmurai-je en même temps que ma gorge se serra.

Je ne pouvais retenir les larmes de couler. De si petites gouttes salées, symbole de faiblesse contre lequel je ne parvenais pas à lutter.

Roxane.

Ses lèvres ne remuèrent même pas en prononçant mon nom. Il regardait droit devant lui, et ne semblait pas me voir. J'étais probablement devenue folle.

Mon père est mort.

Je voulais bien croire aux vampires et autres créatures, mais jamais personne ne m'avait parlé de fantômes. En était-il un ? Ou uniquement le fruit de mon imagination ?

Ne fais pas ça...

- Quoi donc ? Papa, s'il te plaît, réponds !

Le silence se faufila à travers la forêt, me figeant sur place.

Un froid glacial s'empara de la nuit et m'immobilisa plus que je ne l'étais déjà.

... pas ça..., répéta mon père après un long moment, en montrant la direction du manoir.

- De quoi ? Papa !

Mais déjà, il disparaissait, me laissant seule et perdue.

Peu à peu, d'autres silhouettes se découpèrent de l'ombre et se matérialisèrent autour de moi. J'étais cernée par des fantômes, tous plus effrayants les uns que les autres, démunis de vie, figés dans la pénombre. Une odeur de pourriture me fit retourner l'estomac.

L'un d'entre eux s'avança vers moi. Une femme.

- Non..., murmurai-je d'une voix presque inaudible, en lâchant un sanglot.

C'était le loup-garou que j'avais tué au lycée. Celui qui s'en était pris à Aaron et moi.

Ma première victime.

J'avais l'impression que des milliers de lames se plantaient dans mon cœur sans jamais me tuer. J'étais coincée dans une perpétuelle torture, cible de vengeance pour actes impardonnables.

Lorsque la jeune défunte s'approcha vers moi, je retins mon souffle, anticipant son attaque. Pourtant, elle ne fit rien.

Ton cœur...