Chapitre 4 • Retour en Arrière

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Let it happen - Tame Impala

And when it happens, I'm gonna be holding on
So let it happen, let it happen

La pièce demeure silencieuse, avant que la chanson qui joue en fond disparaisse pour laisser place à une nouvelle musique dont la mélodie ne tarde à emplir le silence à son tour.

— Si le fait d'être maladroit était une monnaie, je serais sans aucun doute un milliardaire sanglant.

Je rapporte mon attention sur la porte en face de nous.

— Personne ne fait vraiment attention à toi, mise à part si tu es beau ou populaire, de toute façon.

Son regard se pose brièvement sur mon visage et je peux sentir qu'il est en train de froncer les sourcils même si je ne détourne pas mes yeux de la porte pour autant.

— D'ailleurs, on s'entend bien que les deux vont souvent de paire.

La confiance n'est pas un sentiment qui accompagne les nouveau-nés à leur naissance. Même la plus belle des personnes peut ne pas être sûre d'elle-même, bien que la beauté soit connue pour rayonner de bonheur et de courage. La confiance dépend de ce que vous ressentez et non de votre apparence.

Et le bouclé semble être l'exact opposé de tout cela.

C'est triste de savoir que la société d'aujourd'hui se base uniquement sur le physique et rien que le physique. Désormais, tout le monde se fiche du fait que nous soyons gentils ou intelligents ou même les deux. À vrai dire, ils ne cherchent même pas à le savoir du moment que l'on ne semble malheureusement pas agréable à regarder pour la plupart du monde.

— Je me suis disputée avec une amie tout à l'heure, je lance tout à coup.

Lorsque je pivote ma tête vers lui, je remarque que la sienne est déjà inclinée dans ma direction. Il a sans doute compris que je suis en train de lui expliquer la raison pour laquelle les larmes ont dévalé mes joues tels des pilotes de formule 1, un peu plus tôt. Néanmoins, il ne répond rien, sans doute convaincu que je m'apprête à poursuivre d'une manière ou d'une autre et c'est ce que je fais.

— Venice est ce genre de personne populaire à se sentir supérieur aux autres. Et elle n'hésite pas un seul instant avant de te le faire remarquer.

Il m'offre un sourire maladroit qui honnêtement me semble forcé, mais je passe outre ce détail. Je sais pertinemment que je paniquerais à coup sûr si un inconnu commençait à déballer sa vie pour parler de choses plus ou moins privées. En fait, je commence même à me gifler mentalement pour ce que je viens de dévoiler.

Dans quel monde quelqu'un accepterait volontiers d'écouter nos problèmes et même de nous remercier pour cela ?

Non, c'est naturel de protéger sa vie privée ainsi que les difficultés rencontrées aussi obsédantes soient-elles. S'il souhaite me faire parler, il le demanderait. En l'occurrence, il l'a fait, tout à l'heure. Et même si ce n'était qu'un signe de politesse venant de sa part, je suis persuadée, au fond de moi, qu'il était sincère, qu'il donnerait tout pour réparer la blessure entrouverte au creux de mon cœur. Puis si par malheur, il n'y parviendrait pas, il serait prêt à laisser une ribambelle d'excuses s'échapper de ses lèvres cerise comme il l'a déjà fait une centaine de fois depuis tout à l'heure.

— Elle est encore plus bête qu'un tas de savons pour les mains non parfumés.

Le bouclé pouffe de rire, pris au dépourvu par ma remarque.

— Je vois difficilement le rapport, rétorque-t-il dans un énième froncement de sourcils.

Mes paupières clignotent pendant une fraction de seconde, les souvenirs défilant à tour de rôle devant mes yeux. Je mordille doucement l'intérieur de ma joue, pensive, avant de relever le regard vers lui libérant la chair d'entre mes dents par la même occasion.

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