Chapitre 11 • À une Prochaine Fois

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The Night We Met - Lord Huron

I've been searching for a trail to follow again
Take me back to the night we met

C'est au bout d'une soixantaine de secondes, que je prends la sage décision de remonter, à mon tour, au gymnase. L'idée constante de la réapparition du bouclé après avoir quitté la pièce ne suffit à me convaincre de rester ici ; Ruby semble bien déterminée à lui barricader la route s'il tente de s'échapper à nouveau.

Je me sépare alors, pour la première fois de la soirée, des toilettes dans lesquelles je suis restée bien plus longtemps que ce que j'ai pu envisager. Je quitte une bonne fois pour toute la boule à facettes, qui règne depuis tout ce temps au niveau du plafond, pour troquer celle-ci contre la lumière aveuglante des néons qui ne tarde à se projeter devant mes yeux lorsque je pose mon pied sur la première marche des escaliers. Le brouhaha feutré par les murs, rythme de plus en plus la cadence de mes pas. Il alimente aussitôt le mal de crâne que je reconnais avoir abandonné en début de soirée. Le buffet est quasiment vide. Les nappes sont éparpillées n'importe comment au-dessus des tables. On dirait presque qu'une horde de lutins est passée par là, farfouillant à travers les gâteaux apéritifs et les boissons sucrées, à la recherche de leur marmite de pièces d'or. Je secoue la tête à cette pensée pour la remplacer par quelque chose de plus rationnel.

Non loin du sommet des escaliers, je m'adosse à l'une des colonnes latérales qui bordent le grand espace éclairé. Les lumières roses et bleues s'échouent dans un mélange pourpre hétérogène. L'endroit où je me trouve offre une vue panoramique sur tous les individus qui emplissent la salle. À l'exception d'Ari et de sa dite copine. Mes pupilles scannent les environs tel un rayon X au-dessus d'une feuille de papier. J'imprime le trio Venice, Rena et Violette ainsi que le groupe de Jace et son équipe de basket-ball. Violette pose une main chaude sur mon épaule :

— Hey.

Je me passe de lui demander comment elle a pu se retrouver aussi vite à mes côtés alors qu'elle était à une centaine de mètres plus loin il y a à peine quelques secondes et j'oppose cette réflexion à un silence neutre d'émotion.

Contrairement à Venice, je sais que je peux qualifier Violette d'une bonne amie ; je peux lui faire confiance en ce qui concerne la plupart des choses. Cependant, je garde à l'esprit que la rousse possède une capacité incontestable à convaincre n'importe qui de faire n'importe quoi. Alors je prends mes précautions sur ce que je me permets de lui partager.

— N'oubliez pas de voter pour votre roi et reine du bal ! s'enquiert l'un des professeurs dans le microphone, je n'y prête pas attention.

— Où étais-tu ? m'interroge Violette, elle balaye une mèche de cheveux châtains derrière sa clavicule. Ça fait un bon bout de temps qu'on t'a perdu de vue.

— Je suis partie prendre l'air, je la rassure dans un mensonge pas si faux que ça lorsqu'on y réfléchit.

Du regard, je retrace sa main quitter la pointe de mon épaule, prise d'une légèreté soudaine. L'annonce du proviseur retranscrite par le son mécanique du microphone, aimante mon intérêt sur la scène en face de nous.

— Votre attention, s'il vous plaît. Les votes sont officiellement terminés, il est désormais temps de découvrir qui sera votre roi et reine du bal de promotion.

La tonalité sonore de la salle baisse aussitôt de quelques décibels. La foule est focalisée sur l'homme d'une quarantaine d'années, debout sur l'estrade aménagée exprès pour l'occasion.

Une petite enveloppe bleue se tient entre ses doigts larges. En fait, je ne saurais affirmer si la couleur est bien bleutée ou s'il s'agit du reflet des néons sur la surface lisse du papier plastifié. Je peine à discerner chaque détail, à cause de la distance qui me sépare de la scène. Mais si j'en crois le thème de cette année, ce sont sans aucun doute des stickers de coquillages qui parsèment l'enveloppe. Le proviseur déchire l'encoche, afin de délivrer une seconde feuille de papier, quelques teintes plus foncées que la précédente.

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