Chapitre 7 • Cocktails et Glaçons

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Can't Stop - Red Hot Chili Peppers

Don't die you know the truth is some do
Go write your message on the pavement
Burn so bright I wonder what the wave meant
Go ask the dust for any answers

La solitude est destructrice.

Il m'a fallu du temps avant d'adhérer à cette affirmation. Mais en fin de compte, c'est sans doute la moins controversée de toutes celles que j'aie pu tirer au fil des années.

Ari est parti depuis près d'une demi-heure, maintenant.

Seule au beau milieu des toilettes, ma compagnie se résout à celle de quelques filles qui passent de temps à autre, pour de se refaire une beauté devant le miroir. Ou bien pour se servir des toilettes, tout simplement. Je commence à me demander si je ne ferais pas mieux de remonter moi aussi ; je pourrais retrouver Violette, Rena et Venice afin de profiter de la fête avec elles.

Et puis le simple nom de Venice suffit à me convaincre de rester ici.

Un soupir se fraye un chemin à travers mes lèvres. Je me redresse contre le mur carrelé, mais mes jambes perdent peu à peu mon contact corporel. Cette position est bien loin d'être confortable ; j'adopte la précédente. Une énième personne entre à son tour, sans faire impasse sur l'habituel regard en biais que je reçois à chaque fois que l'on me remarque ; assise parterre, les jambes croisées à même le sol.

Je me demande ce que fait Ari.

Est-il avec Ruby ?

Lui a-t-il fait part de ce qu'il ressent ?

Une tonne de questions à son sujet renverse mon esprit. Après tout, je ne le reverrai peut-être jamais ; la fin du lycée approche à grands pas et je n'ai aucune idée de ce qu'il entreprend de faire après sa dernière année. En fait, je n'ai même pas idée de s'il souhaite rester en contact avec moi ou non. Nous ne sommes que deux étrangers qui se sont rencontrés dans les toilettes d'un bal de promo et il n'y a aucune raison de donner cours à cette relation insipide.

Ari et moi, sommes comme deux fantômes ; nous étions ici à cet endroit précis, sans aucune idée de ce que nous faisions réellement là. C'est comme si en se remémorant chacun notre passé, nous essayons avant tout de nous souvenir de la sensation que cela procure d'avoir un cœur qui bat. Cette situation est bien trop surréaliste pour être prise au sérieux. Je soupire à nouveau.

Si j'en venais à me faire réveiller par les secousses de mes parents, qui m'indiqueraient être en train de rêver depuis le début, je les croirais sur parole. La porte s'écarte une nouvelle fois, tandis que je roule des yeux rien à l'idée de recevoir un énième regard désapprobateur.

Mais je n'en reçois pas.

Je n'en reçois pas puisque la personne qui vient d'entrer n'est ni une fille qui s'apprête à se remaquiller, ni qui que ce soit d'autres venu soulager sa vessie.

C'est Ari.

— Ari ? je l'interroge surprise.

— Hey.

Il m'adresse un sourire courtois. Les mains chargées de deux gobelets rouges, l'unique force de son pied droit ne semble pas suffire pour pousser la porte. Je me lève pour l'aider.

— Je me suis dit que tu avais peut-être soif alors je suis allé te chercher du punch.

Il s'installe contre le mur du fond, reprenant aussitôt la place qui demeurait vide depuis près d'une soixantaine de minutes. J'accepte volontiers le verre plastifié, bien que l'arrière-goût de la boisson que j'ai ingurgitée plus tôt dans la soirée, soit tout sauf un agréable souvenir.

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