Chapitre 5

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Il lisait le livre Vivant à sa grand-mère alors que l'infirmier blond entrait dans la pièce. Celui-ci, sachant que le plus jeune ne l'avait pas entendu, trop  concentré dans sa lecture, s'installa sur la chaise à ses côtés et l'écouta. Il était bien comme ça, relaxant et écoutant la voix magnifique de son ami. Ce ne fut que quelques minutes plus tard que  celui-ci se rendit enfin compte de la présence de Luke, et quand il croisa son regard, il rougit.

- Bon matin! Depuis combien de temps m'écoutes-tu? Désolé de ne pas t'avoir remarqué plus tôt, tu aurais du m'avertir.

Le blond sourit à la gêne du coloré.

- Bon matin à toi aussi. Et je t'écoutes depuis environ: "Quelque chose remue en moi, un papillon de nuit faible, prisonnier d'une toile d'araignée, qui lutte pour s'échapper."  Et ne t'excuse pas pour ça Sweetheart, je voulais juste entendre ta voix.

Michael laissa tomber un petit soupir de ses lèvres, essayant de contenir un petit peu sa gêne. Luke devait être là depuis plus de cinq minutes, le passage cité se retrouvant douze pages plus tôt. Michael ne l'avait même pas remarqué! De plus, il venait tout juste de dire qu'il voulait entendre sa voix, ce qui lui fit monter encore plus le rouge aux joues. L'infirmier lui jeta un regard amusé et se releva pour s'occuper de sa patiente. La petite discussion fut rapidement mise de côté et ils commencèrent à parler de groupes de musique, disputant gentiment le meilleur groupe entre Sleeping With Sirens et Pierce The Veil. Alors que l'infirmier allait  repartir de la chambre, Michael se rappela de quelque chose.

- Dit, Lukey, tu ne m'as jamais parlé de tes petites amies...?

Pour une fois, ce ne fut pas les joues du plus jeune qui virèrent au rouge mais celles du plus vieux.

- En fait... Je ne te l'ai jamais dit, je ne trouvais pas ça vraiment important, et j'avoue qu'au début j'avais un peu peur que tu me repousses... Je suis gay.

Le trouvant vraiment mignon, le coloré le prit dans ses bras.

- T'en fait pas Lukey, je te jugerai pas, je suis bisexuel.

Ils se sourirent un dernière fois avant qu'ils ne passent la porte, Michael se dirigeant vers la partie des enfants et Luke dans la chambre d'à côté.

*

Depuis que les garçons s'étaient avoués leurs penchants homosexuels -ou bisexuel- , ils ne se voyaient plus vraiment de la même manière. Non parce qu'ils avaient peur que l'autre ait des sentiments envers eux. Au contraire. Ils avaient tous deux peur. La peur de Michael consistait à devenir accros à lui, à ses câlins, à son corps, à ses yeux océans, sa voix profonde et ses blagues, à la manière qu'il avait de faire attention à lui et de le faire rougir. De plus, il avait peur de trop s'attacher à lui et de le perdre, tout comme il perdait sa grand-mère. Il ne voulait pas s'attacher. La peur de Luke était en fait que le coloré ne tombe jamais pour lui, qu'il ne soit jamais à lui seul. Il avait peur que le plus jeune ne le voit jamais comme plus qu'un simple ami, qu'un simple infirmier faisant son boulot. Car, au fond, le blond était déjà tombé amoureux des mimiques de son Sweetheart, de ses yeux verts, de ses étranges cheveux, de sa gêne, de sa solitude, sa tristesse, son bonheur, sa personnalité, de lui. Ils avaient tout deux peur: l'un d'eux que l'autre ne soit pas à lui et l'autre de s'attacher et d'être blessé. Tout cela avait causé une certaine froideur entre les deux jeunes hommes. Non, ils ne voulaient en aucun cas se perdre de vue, ni l'un ni l'autre, mais ces peurs étaient présentes. Et elles les bloquaient. Une semaine passa et elles étaient toujours présentes, les arrêtant avant qu'ils n'aient le temps de trop se rapprocher. Par contre, Michael les oublia rapidement quand il arriva dans la chambre et qu'on le sorti quelques secondes plus tard. Il avait pourtant eut le temps de voir, malgré le grand nombre de blouses blanches autour du lit, le corps de sa grand-mère en suspension dans les airs, un défibrillateur collé contre la poitrine. Ça recommençait, encore. Elle menaçait encore de s'en aller. Quand est-ce que ce cauchemar sera enfin terminé? Quand est-ce que Michael gouttera enfin au goût doux et amer du bonheur? Il se disait qu'il ne s'en sortirait jamais.

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