Chapitre 7

289 23 4
                                    

La perte d'un être cher peut nous changer du tout au tout. Soit on devient une ombre de nous-même, nous ressassant les souvenirs heureux et se disant qu'ils ne reviendront jamais, ou soit on devient plus agréable car on se rend compte que la vie ne tient qu'à un fil et qu'il faut la vivre pleinement. Je crois que nous passons tous sans exception par la première partie lors d'un deuil, mais malheureusement, il y a des gens qui n'atteignent jamais la deuxième.

-Luke

-
Au moment où leurs bouches entrèrent en contact, ce fut l'explosion. Michael n'avait jamais ressentit quelque chose de la sorte. Il avait déjà oublié que sa seule famille restante était partie et les "papillons" volaient dans son ventre. Cette sensation là était intense et il ne comprit pas pourquoi les gens appelaient cela des papillons. Il avait plutôt l'impression qu'un feu brûlant le rongeait de l'intérieur. Cette sensation n'était pas douce comme on pourrait le penser, elle était délicieusement ravageuse, magnifiquement destructrice. Leurs lèvres bougeant toujours en rythme, ils s'embrassaient comme si leur vie en dépendait. Sous l'émotion, Luke avait resserré ses doigts sur les hanches du plus petit, qui lui passait ses mains dans les cheveux du blond. Ni l'un ni l'autre ne voulait se détacher de cette étreinte, et ce n'est que le manque d'air qui les sépara pour quelques secondes, avant qu'ils ne recommencent leurs fougueux baisers.
-
Michael inséra la clef dans la poignée de son appartement tout en tremblant. Maintenant que les lèvres du blond n'étaient plus sur les siennes, il pouvait enfin penser clairement. Il était perdu, totalement perdu et ne se rendait pas encore totalement compte qu'il ne reverrait plus jamais la femme qui l'a élevé. Même si il avait peur, dans un sens il était soulagé. Soulagé qu'après tant de mois à se demander si il finirait seul, il ne le soit pas. Il était heureux du fait que Luke soit à ses côtés, prenne sa main tremblante entre les siennes et pousse doucement la porte pour l'ouvrir. Il ressentait une lueur d'espoir perçant la tristesse immense de la perte de sa grand-mère. C'est une fois entré dans l'appartement qu'il se figea, comprenant enfin toute l'importance de la mort de sa chère. Plus jamais il ne serait le même, plus jamais il ne rirait de la même façon, plus jamais il ne serait vraiment lui. D'une certaine manière, cela ne lui déplaisait pas, s'étant toujours trouvé faible.

- Hey Sweetheart, tu viens? On va aller ramasser tes affaires.

La voix du blond le fit soudainement revenir à la réalité. Il fit un rapide tour de son appartement pour ramasser les quelques objets qu'il chérissait vraiment et fut ensuite prêt à partir. Le coloré, la main insérée dans celle de Luke, sonda pour la dernière fois son petit habitat du regard et referma finalement la porte. Un soupir sortit de ses lèvres gercées et il ferma les yeux quelques secondes, le temps de reprendre contenance. Un sourire triste se dessina sur le visage du plus grand et il donna une légère étreinte au plus jeune. Après quelques secondes, Michael lâcha un léger merci et se recula, prêt à partir vers son nouveau chez-lui, la maison de Luke.

Au cours des semaines qui passèrent, le coloré se rendit compte, peu à peu, de tout ce qu'il se passait. Il reprenait lentement un rythme de vie normal. Celui-ci avait été chamboulé par le départ de sa grand-mère et par sa rencontre avec Luke. Il découvrait quelle était la douleur de perdre un proche et l'horrible sentiment de vouloir revoir la personne, mais il entrevoyait à la fois ce qu'était l'amour, la douceur. Il n'avait jamais été aussi mal de sa vie, mais en même temps, il n'avait jamais été aussi bien. C'était un étrange mélange de tristesse, d'impuissance, de désespoir, de simplicité, de bonheur et d'amour. Il ne savait pas si il aimait ou si il détestait ce mélange de sentiments. De trop grandes choses s'étaient produites au cours de ces derniers mois pour qu'il en ressorte complètement indemne. Il était tombé pour l'infirmier de sa défunte grande-mère. Il avait fait la rencontre d'enfants malades extraordinaires. Il avait aménagé avec le blond et leur couple venait tout juste de naître. La vie pouvait être si incertaine, si fragile. Mais si Michael était certain d'une chose, c'était qu'il ne quitterait plus jamais les yeux bleus glaces de l'infirmier. Et ce même si un jour il venait à le perdre. Ces yeux étaient devenus sa raison de vivre, il était complètement fou d'eux. Michael et Luke étaient tous deux dépendants l'un de l'autre. Ils s'étaient eux-mêmes créé une dépendance, celle du goût des lèvres de leur aimé.

Heartbeat || Muke || Où les histoires vivent. Découvrez maintenant