Si son matelat dur comme la pierre n'était pas la pour lui scier le dos ,Adrien aurait oublié la présence de son propre corps. Il était rentré ,sa mère dormait dans son fauteil rouge vermeil ,la télé allumée ,un cendrier plein sur la table basse ,une main dans laquelle choyait une télécommande sale et moite, l'autre main sur son énorme pense entourée d'un tablier bleu, les restes d'un repas pris à la vas vite nonchalamment ,ses cheveux autrefois dorés avaient virés gris et de sa bouche aux lèvres à peines visibles sortait un ronflement sourd. Scène habituelle ,il avait contourné son epave de mère ,voilà bien longtemps qu'il n'éprouvait même plus de la pitié pour elle, n'étant a ses yeux qu'un simple objet. Plus précisément un caddie prêt à remonter ce qu'il lui était "expressément important d'une importance vitale" disait elle. Autrement dit des clopes et des sandwiches célophanés. Il avait jeté ses chaussures dans l'entrée entre deux poubelles pleines. Accroché son blouson à la poignée d'une porte et jeté pantalon et t-shirt à la poubelle, pleins de sang ,il vomi par dessus, encore. Après sa douche il était entré dans sa chambre composée d'un lit ,d'une fenêtre sur cour et d'un bureau ou était entassés du linge sale ou propre, de toute manière peut importait. Il avait réquisitionné le seul miroir de la maison et l'avait placé contre un mur. D'ordinaire il contemplait l'État de son corps, la il avait contemplé l'état de son ame à travers ses propres yeux, avait vomi puis s'était allongé ne pouvant plus supporter son propre visage. Et il est la ,étendu comme mort ,il aurait bien voulu l'être ,il est tout comme un mort d'ailleurs ,vide a l'intérieur et blanc à l'extérieur ,seulement les morts ne pleurent pas et ses larmes avaient collés ses longs cheveux blonds au niveau de ses oreilles à force de couler. Qu'avait il fait ... Involontairement ... Lui qui de toute sa vie n'a jamais qu'espéré toucher un jour au bonheur ,au bien ,depuis sa naissance maltraité ,déscolarisé depuis 3 ans ,méconnu de la mairie il était comme un fantôme ,il n'avait pas d'amis ,sa seule famille était en Pologne et ne soupçonnait sans doute même pas son existence. Il n'était personne et il est devenu un meurtrier ,un homme violent comme son père ,un homme vide comme sa mère. Impuissant, écrasé sous le poids de la culpabilité il se rongeait de l'intérieur les yeux ouverts sur la lézarde au plafond et il se sentait aussi déchiré qu'elle. C'est la pluie qui lui fit tourner la tête, alors comme ça le ciel pleurait avec lui ? Doucement ,tout doucement il fait rouler son corps sur le bord du lit et s'asseoit la sans bouger ,les yeux ternes ,contemplant ses mains propres ,et il les aurait préféré sales tellement il avait honte de lui. Il a mal au poings ,mal à la tête et mal au coeur ,qu'elle horreur ... On allait découvrir le corps c'etait sur ,on allait enquêter on allait le traquer ,le trouver ,le décapiter ,l'enterrer dans la fosse commune et les chiens viendront cherche ses os, il le sens ,il en tremble et du haut de ses 18 ans il sait que c'est ce qu'il mérite ,il les attend. Il se pointe à la fenêtre ,l'ouvre en grand et exulte d'un grand coup toute sa rage et toute sa haine contre ce monde ,il ne sait même plus quoi penser ,doit il sauter ? Oui ,peut être ,il ne sert plus à rien ici et sa mère ne remarquera même pas sa disparition ,on trouvera un corps sans nom écrasé au sol ,ange tombé du ciel, abattu par ce monde brutal qui a fait de lui ce qu'il n'est pas ,adieu, monde. L'air lui siffle dans les oreilles ,sa respiration est lente, profonde ,il écoute le vent. Aucun bruit ,ah ... Si ,mais qu'est ce que c'est ? Taisez vous laissez le mourir en paix c'est ce qu'il veut, il se concentre alors sur ce qui sera la dernière chose qu'il entendra ,tiens ,une voix connue, rauque froide ,faible et glaireuse.
"Adrien ! Adrien mes clopes ! Petit merdeux tu les as encore oublié ! Ah j'aurai mieux fait de te crever sale pouilleux ! Va donc me les chercher et que je ne te revois plus de la journée ,sous race ,rat !" . On a beau dire ,les mères sont toujours la au bon moment. Jurant à son tour sur sa mère il descend du rebord et pars jouer son rôle de caddie, sagement ,comme toujours. Deux étages plus bas les injures de sa mère résonnent toujours à ses oreilles ,elle se porte bien se dit il, elle crie plus fort que d'habitude.
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Ce que la vie nous oppose
General FictionQuand la vie nous fait rencontrer celui qui est celui qu'on aimerait être, que chacun aimerait échanger sa place avec l'autre pour satisfaire son envie. Que se passe-t-il ? Vaut il mieux être l'autre ou être celui que l'on est malgres tout ce que ce...