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Les yeux de Neriad sourient au jeune homme blanc qui lui fait face, de longs cheveux blonds coulant sur ses épaules. Ses lèvres violettes et ses cernes qui enfonçant ses yeux font de lui un fantôme. Neriad en est d'autant plus fasciné, souriant il annonce de sa belle voix grave:

"- Que fais tu dehors par un temps si froid tu compte mourir devant un hôpital ? Ce serait ballot quand même non ?"

Adrien n'en reviens pas il se retourne, non personne derrière évidemment quelle idée... Attends... Si il n'y a personne c'est bien à lui qu'il parle alors ?
Son etonnement précède sa réflexion en une phrase

"- C'est à moi que tu parle le vieux ? Exprimé sans animosité la phrase traduit l'étonnement d'Adrien ce qui étonne à son tour Neriad

- Écoute petit je ne vois pas à qui d'autre je pourrais parler ! Bien que tu essaie de te fondre dans le poteau je t'ai quand même vu.

- Écoutez l'humour a 5H du matin ce n'est pas trop mon truc surtout après une nuit pareille. Que voulez vous ? Que je puisse me camoufler en paix si vous le permettez.

- Il n'est pas 5H il est 6H04, il faut être précis a vec l'heure jeune homme sinon on s'attire des soucis."
Le rire éclatant d'Adrien retentit dans les rues vides, fait frémir l'ambiance comme un dormeur que l'on réveillerai.
Il se termine en une quinte de toux violente, ce froid ... Il lui ruinait vraiment la gorge mais sans savoir pourquoi ce vieillard l'avait fait rire.

"- L'heure ne rythme plus ma vie depuis longtemps vous savez...
Mais ma vie me dis que j'ai perdu assez de temps par ce froid. Je vous laisse une dernière chance de me dire ce que vous voulez après je m'en irait

- Au juste... je ne veux rien. Dis Neriad un sourire léger barrant son visage.

- Pardon ? Que faites vous dehors par ce temps et à cette heure alors ? Le questionne Adrien, un sourcil levé.

Ses bras se sont décroisés, il ne ressemble vraiment à rien avec son t-shirt sale son Jean troué et ses baskets autrefois blanches.

- Et toi ?"
La réponse avait fusé vive, franche, droite et avait fait mouche.
Pan, en plein dans le mille.
Adrien qui était sorti de sa morosité pendant ce court échange voit son moral retomber comme un enfant qui trébuche.

Ah bravo ça oui, bravo,venir le soûler avec des questions qu'il soit 6H ou 6H04 il s'en fou, il s'en fou merde qu'ont ils tous a la fin? Recroisant ses bras, il fusille du regard l'humoriste du matin qui lui fait face.
Pan, retour à l'envoyeur.
Puis il répond, froid, et quand il s'exprime c'est comme si quelqu'un d'autre eut parlé à sa place tant sa voix est sombre.

"Ma mère est crevé cette nuit. Voilà ce que je fou dehors par ce temps de merde à six heure zéro quatre ou dix ou mille au fait ça ne change rien vieux, ça n'a jamais rien changé, ça ne changera rien et ça n'empeche pas les gens de crever. Sur ce je vous souhaite la bonne journée."

Neriad baisse les yeux. Mh... oui peut être pas la bonne technique d'approche, mais il n'avait jamais eu à faire ça aussi merde alors comment peut il savoir?
Il redresse la tête, ses lèvres s'ouvrent pour laisser sortir une quelconque formule de politesse mais ne disent rien. Ses yeux se heurtent au mur blanc sale de l'hôpital, eh merde, ou est passé ce satané gosse il ne peut pas le laisser partir ! Il ne l'a même pas entendu s'en aller, un véritable fantôme...

Ah le voilà sur la gauche à quelques mètres, Neriad lui emboite le pas, un peu en retrait.
Adrien avait il dit ? Adrien... Neriad... C'était pareil ... Un hasard? Il n'y croyait pas une seule seconde. Impossible il a patienté toute sa vie et voilà que l'envie de rencontrer quelqu'un ne lui prend que maintenant...
Et celui ci ne désire même pas lui parler, en même temps qu'elle idée de parler comme ça n'importe qui aurait vu que ce gosse était mal en point, il l'a vu d'ailleurs mais ne sachant pas quoi dire c'est comme si il avait paniqué. Allons mon vieux Neriad a cet age là on sait contrôler ses sentiments non ? Il remonte sa jaquette pour se redonner la prestance perdue pendant un instant.

Adrien marche droit, la tête dressée vers le ciel, ses pieds shootant les feuilles brunes tombées au sol et les mains dans les poches. Il aime marcher comme cela, ça lui vide la tête,quand il marche ses yeux suivent les nuages sans s'arrêter, il a l'impression de flotter. Il pense d'ailleurs, quel homme étrange... Venir lui serrer la main, lui que l'on évite toujours... Étrange et tellement surprenant que son énervement sur le coup avait traduit son étonnement...
Il avait ressentit presque comme de la peur apres sa confession sur la mort de sa mère ... Le fait de le dire ... C'est comme si tout devenait réel d'un coup... Il n'arrivait pas à l'assumer.
L'homme avait détourné son attention un seul instant et Adrien en avait profité pour s'enfuir sans bruit comme il en a l'habitude.
Il inspire, l'air est froid et lui brûle encore les poumons.
Jamais personne ne viens vers lui, que voulait cet homme ?
Pourquoi pense-t-il a ça d'abord ? Il doit rentrer chez lui d'abord et ensuite ?
Ensuite dormir voilà, dormir ce sera bien puis se réveiller, ou plutôt il préférerait ne jamais se réveiller tant sa vie n'a plus de sens à présent et puis ce monde ne tourne pas à la même vitesse que lui... Il rigole seul... Il n'est pas à l'heure du monde, ça non ... Il repense au vieux avec son heure...

Un bruit de pas et une respiration forte le tire de ses réflexions et le ramène au froid mordant de la vie de merde de cette ville de merde. Qui viens encore le perturber ? Ah si il pouvait  enfin être seul, et qu'on lui foute la paix ... Il serre les dents, sors les mains de ses poches, se retourne et s'enfonce en plein dans une jaquette bleue qui sent l'eau de toilette à plein nez, oh non ... Encore lui ?

Ce que la vie nous opposeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant