9. BFF

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Les temps difficiles te révéleront qui sont tes vrais amis

~Mercredi~

La bibliothèque était vieille, sentait le bois moisi et le plancher craquait sous chacun de mes pas. La peinture d'un brun foncé presque étouffant n'aidait pas à amener de la vie dans cette pièce carrément déserte à la base. Et après l'école ne comprenait pas pourquoi on n'y passait pas plus de temps.

Bien entendu, elle avait beaucoup de désavantages, mais quand même, elle avait un avantage, un seul et unique. C'était la seule salle où il régnait un silence presque religieux. Comme si tu entrais, dans une autre dimension, une bulle, et dès que tu sortais, tu te faisais attaquer par le bruit ambiant.

Et c'était exactement dans ce silence religieux que j'étais plongé en ce moment. Pas pour étudier comme la plupart, mais pour faire une recherche. Je voulais en savoir plus sur la maladie dont était touchée Daisy, mais comme mon cellulaire n'avait plus de batterie et que je n'avais pas pensé à apporter mon ordinateur, j'avais été forcé de retourner aux Google de papiers. Beaucoup moins rapide, j'en conviens.

Affection chronique... La kinésithérapie doit être pratiquée plusieurs fois par jours pour éviter l'encombrement bronchiques... Infection broncho-pulmonaire... Causée par l'altération d'un gène sur le chromosome 7...

J'étais plongé dans ma lecture quand quelqu'un choisit se moment exact pour me parler. Très risqué.

— T'as eu quoi dans ton exam de math, Matt?

Tout de suite, sans lever les yeux de ma page, je reconnus la voix assurée de quelqu'un qui n'avait peur de rien que j'avais entendue tant de fois déjà.

— Cent... Ha ha très drôle Steph, répondis-je en comprenant qu'il avait essayé de faire une blague avec mon nom. Et je dis bien essayé.

Stéphane me donna une tape amicale sur l'épaule et je soupirai. Une chance qu'on était mon meilleur ami, parce qu'il avait un don pour arriver aux mauvais moments. J'avais l'impression que c'était plus volontairement que par coïncidence, avec Steph, on n'était jamais trop prudent.

C'était bizarre, il était vraiment comme moi, mais pas du tout en même temps. Disons que si vous demandiez à un prof, il vous dirait que j'étais l'élève modèle et lui l'insupportable, mais si vous demandiez à nos amis, ils vous diraient le contraire. Disons juste qu'il était un peu mon miroir. On se ressemblait sans être pareils. Complexe.

— Bon, qu'est-ce qui va pas encore, soupira-t-il en s'asseyant sur la chaise libre à côté de moi.

— Oh, tu veux dire à part le fait que j'essaye de me concentrer mais qu'il y a un moustique fatiguant qui arrête pas de me déranger?

— Oh, toi et ta mauvaise humeur. C'est à cause du divorce des parents de Jess, pas vrai?

Il me fixait de ses yeux aussi verts que ceux de Ron Weasly -faut dire qu'avec ses cheveux roux et ses tâches de rousseur, la ressemblance était frappante- et en soupirant je refermai mon livre. Décidément, il n'allait pas me lâcher jusqu'à ce que je parle, c'était tout lui.

— Tu devrais devenir enquêteur, tu fais suer les gens avec tes questions, maugréai-je en roulant des yeux.

— Mais c'est comme ça qu'on m'aime.

|Daisy|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant