1. Il pleut bergère

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{Média... Si vous voulez vous mettre dans l'ambiance}
***
Celui qui veut voir l'arc en ciel doit apprendre à aimer la pluie

~Samedi~

Plif! Plouf!

Malgré qu'il était à peine midi, la pluie qui s'abattait sur la ville décourageait qui que ce soit de sortir, et même le soleil avait préféré resté au sec.

Et pourtant, malgré tout, ma mère m'avait forcé à attendre le bus alors qu'il pleuvait carrément des éléphants.

Je n'arrivai pas à y croire.

Tout ça parce qu'elle devait se préparer à aller à une réunion! Elle aurait eu tout le temps du monde de me déposer en voiture, mais non, il fallait toujours qu'elle prenne des lunes à se préparer! Comme si un simple jean et un T-Shirt propres ne faisaient pas l'affaire, non non non, il fallait que ses chaussures, son parfum, ses vêtements, son maquillage, tout tout tout soit assorti.

Et puis, quand on est avocate, on ne s'habille pas n'importe comment qu'elle me disait tous les jours.

Pfff, c'était décidé, je ne serais jamais un avocat! De toute façon, je n'étais pas comestible...

Après avoir attendu pendant minimum un siècle, le satané bus finit enfin par arriver. Ça ne m'étonnerait pas mes cheveux aient blanchis et que ma barbe ai poussé tellement j'avais attendu.

Évidement, le bus passa sur une flaque d'eau géante et gelée et m'éclaboussa en même temps, comme si je n'étais pas déjà assez mouillé. Si j'avais su que dame nature tenait tant à me laver, je n'aurai pas pris ma douche ce matin. Le gaspillage d'eau était contre mes valeurs, vous voyez.

— Bonjour, lança le chauffeur mollement.

— Bonjour.

Il me lança un bref regard de côté avant de reprendre la route. Il faut dire qu'avec mes vêtements mouillés qui me collaient au corps, je n'avais pas vraiment fière allure.

J'allai m'assoir à la seule place libre, à côté d'une fille presque aussi mouillée que moi et souriais en pensant que je n'étais pas le seul qui avait l'air minable. Hé oui, le malheur des autres me rendait heureux parfois.

J'ouvris mon livre de Stephen King, un de mes auteurs préférés et commençais à lire, mais j'avais comme une impression de...

- Dis, j'espère que je ne te dérange pas! soufflais-je à l'inconnue qui lisait par dessus mon épaule sans aucune gêne.

Franchement, aucun respect de l'espace privé!

- Oh non, tu me déranges pas du tout. Par contre, si tu pouvais tourner la page, ce serait gentil.

Et elle disait ça super innocemment, comme si c'était normal. Déjà de mauvaise humeur, je replongeai dans mon livre sans lui prêter plus d'attention.

— Toi aussi tu as oublié ton parapluie chez toi?

Je soupira brillamment. Bon dieu. Qui lui avait dit que j'avais envie de raconter ma vie à une étrangère?

J'haussai les épaules en guise de réponse sans quitter mon livre des yeux. Et puis, si j'avais un parapluie, il me semble que je n'aurai pas été aussi mouillé. Le pire, c'était que ma mère me l'avait rappelé maintes fois avant de sortir, et chaque fois je lui disais d'arrêter de me rabattre les oreilles avec ça, que j'étais organisé, que je ne l'oublierai pas. Et j'avais fini par l'oublier.

— Le pire, c'est que je savais qu'il allait pleuvoir, mais je...

C'est parti, elle me racontai sa vie. Super. Je levai les yeux au ciel, espérant qu'elle termine bientôt, mais ça n'en finissait plus.

- En plus, ma mère ne...

Je n'en pouvais plus! Je ne pouvais même pas me concentrer sur ma lecture tellement elle parlait fort, vite, et trop.

- Écoute, j'en ai rien à faire de tes anecdotes, j'essaie juste de finir mon livre, alors si tu pouvais te la fermer, ce serait gentil.

Ses yeux grisâtres s'élargirent sous le choc, parce que j'avais élevé ma voix. Il ne faut pas m'énerver quand je suis déjà de mauvaise humeur.

- Désolée, murmura-t-elle en se mordant les lèvres, avant de reporter son regard vers la fenêtre.

Enfin du silence! J'essayai de reprendre ma lecture, mais je me sentais coupable. Après tout, ce n'était pas de sa faute si j'était trempé de la tête aux pieds et de mauvaise humeur. Elle avait juste mal choisi son jour, la pauvre.

- Écoute, je suis...

Je m'arrêtai net. La blondinette avait disparu! Je regardai dehors, mais elle n'était pas là non plus. J'étais tellement absorbé dans l'histoire que je n'avais même pas remarqué qu'elle était sortie. J'haussai les épaules. Comme ça, au moins, je n'aurais pas à m'excuser.

J'ouvris mon livre, mais ça ne servait à rien, je n'arrivais pas à me replonger dans l'histoire, de la même façon que je ne pouvais trouver le sommeil après avoir été réveillé.

Autre facteur qui me distrayait de ma lecture, quelqu'un avait décidé de se placer juste derrière mon oreille et de mâcher son chewing-gum comme une vache mâche de l'herbe. Ce bruit répugnant me dégoûtait au plus au point. À quoi bon aller à l'école si on ne savait pas se conduire en public, je vous le demande.

J'observais le paysage, mais la vue déprimante que j'y vis m'en dissocia. Oh que je haïssais le pluie! Super, mon premier jour de stage commençait merveilleusement bien, ça n'aurait pas pu être mieux, je suis tellement heureux!!!

...

Merde! Occupé à me plaindre de la température, je venais de rater mon arrêt. Résultat? J'allais devoir marcher 2km de plus pour arriver à l'hôpital. Sous la pluie. Magnifique.

Bah, j'étais déjà mouillé de toute façon. Je marchai parce que ce début de journée m'avait épuisé, et en plus, j'étais déjà en retard, alors une minute de plus ou de moins rendu où j'en étais...

...

Finalement, je décidais de courir. Arriver en retard le jour de la rentrée m'avait donné des leçons. Depuis, je n'étais en retard qu'à partir du deuxième jour. Bah oui, il ne fallait pas abuser, moi et la ponctualité, ça faisait deux. Peut être même vingt.

|Daisy|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant