Chapitre 2

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Je me trouvais à bord de la voiture de Dante, une splendide Porsche flambant neuve.

Vous vous demandez qui est Dante ? Je me suis aussi posé la question quand le lendemain de l'incident, il s'est trouvé devant ma porte à m'attendre pour aller au lycée. En fait, il ne m'a pas donné plus d'information que ça : il m'a dit être mon « ange gardien », en quelque sorte. C'est ironique venant d'un agent du diable, vous trouvez pas ?!

Dante est un sacré personnage : dragueur invétéré, il obtient ce qu'il veut d'un simple regard. Tout d'abord grâce à un physique très avantageux : grand, musclé, des yeux de braise qu'il camoufle derrière ses lunettes Ray-Ban. Oui ! Oui ! Vous avez bien compris : ils sont ROUGES ! Un sourire carnassier auquel on ne peut résister, des cheveux bruns foncés en bataille. Bref, le beau gosse, Bad Boy dans toute sa splendeur ! Sans oublier ses dons de diable apprenti, qui lui permettent de faire un peu ce qu'il veut. Enfin presque, car tant qu'il n'aura pas son diplôme, il aura un quota de sorts limité. Ah oui ! Il m'a également expliqué qu'il espère obtenir sa fourche grâce à moi, en m'aidant dans mon apprentissage d'enchanteresse ! Et même que je commence à bien maîtriser mes dons. Tout ça grâce à Dante bien sûr !

Comme tous les jours, il me dépose devant le lycée et vient me chercher à la sortie. Imaginez alors comme les ragots peuvent aller vite dans le lycée d'une petite ville. Un charmant jeune homme qui accompagne une fille comme moi, c'est étrange. Je n'ai jamais été un canon, je dirai que je suis particulière avec mes cheveux bruns impossible à coiffer, ma peau un peu blanche, mes yeux verts émeraude et mon look quasi apocalyptique et surtout indescriptible. Alors quand les filles de mon bahut ont vu mon chauffeur, elles ont complètement déraillées ! Mes pires ennemies devinrent mes meilleures amies, mes meilleures amies mes pires ennemies ; sauf Angie, qui est toujours là pour moi. Tous ont déclarés, et même malgré mes objections, qu'il n'était rien qu'un pot de colle obsédé par son apparence donc qu'il était loin d'être mon genre, que Dante et moi formions un couple très désassorti.

Bref, une journée comme les autres se profilait avec son lot de mesquineries. On sera accueilli par le fan club de Dante qui sera aux anges. Après son départ, j'aurais le droit aux habituelles menaces, ainsi de suite jusqu'à la fin de la journée. Enfin, c'est ce que je croyais jusqu'à ce que l'on arrive devant le lycée. Il n'y avait pas encore foule, nous arrivions souvent en avance mais ce matin-là quelque chose clochait. Effectivement devant le lycée, deux voitures s'étaient percutées : l'une d'elle était sur le toit et la seconde était en équilibre sur le bord du lac qui faisait face au lycée.

Sans hésiter une seconde, j'ai sauté hors de la voiture qui n'était même pas encore tout à fait stoppé.

– Hey ! Princesse ! Qu'est-ce que tu fais ?

– Il faut leur porter secours, aide-moi !

– Laisse-tomber ! Les secours vont s'occuper d'eux.

– Non, ils arriveront trop tard ! Il faut faire quelque chose, vite... Je vais tirer la voiture loin de la rive, toi fais en sorte que personne ne me vois...

Je me précipitais vers la voiture près du lac. Dante me suivit en marmonnant.

– C'est pas bon, c'est pas bon. Faut pas que l'autre abruti débarque...

– Qu'est-ce que tu dis ?

– Rien. Je suis à ton service Princesse !

Alors que j'arrivais près de la voiture, Dante stoppa le temps. J'allais enfin pouvoir mettre en pratique mon entrainement car depuis un an je m'entrainais tous les soirs avec Dante, à contrôler mes dons. Je prenais une grande inspiration et me concentrais sur la voiture. Alors la pression dans mon estomac apparut, je levais la main vers la voiture et l'air devint lourd. Je n'avais jamais soulevé d'objet vraiment lourd et soulever une voiture, croyez-moi sur parole, ce n'est pas du gâteau. La tension dans mes bras commençait à me brûler, je serrais les dents sous la douleur. Petit à petit, la voiture s'élevait dans les airs. Après quelques minutes d'efforts surhumains, j'arrivais à déposer la voiture le plus délicatement qu'il m'était possible – c'est-à-dire dans un grand fracas – sur la route.

Je m'élançais vers la deuxième voiture quand une lumière blanche inonda le ciel. En un instant, toute l'horreur de l'accident disparut comme si rien n'était arrivé. Je ressentais une grande sérénité, j'étais plus légère comme si toutes mes angoisses avaient disparu. La lumière commençait à diminuer et une jeune fille rousse auréolée s'avança vers moi. Elle n'était pas très grande, avec des rondeurs qui lui allaient plutôt bien, un visage enfantin avec de bonnes joues, un sourire angélique et des magnifiques yeux bleus tellement clairs qu'ils me semblaient être blancs, il l'était sûrement d'ailleurs ! Une force invisible m'invitait à aller vers elle mais alors que j'entamais le premier pas, Dante m'arrêta et se plaça devant moi, coupant mon élan. Il avait un air sérieux que je ne lui connaissais pas. Il regardait fixement la jeune fille qui s'immobilisa. Lentement, je le regardais mettre son pouce entre ses dents et le sectionner. Vous avez bien compris, il s'ent coupé le pouce avec ses dents, couic ! Plus de pouce ! Je n'ai pas pu retenir un petit cri d'horreur.

– MAIS T'ES COMPLETEMENT CINGLE ! Qu'est-ce qui te prend de faire ça ? T'es devenu f.......

– Chut ! Ne m'interromps pas... !

Le timbre de sa voix était si froid, que je n'ai pas pu m'empêcher de frissonner. Sans lâcher des yeux l'apparition, il ouvrit négligemment la bouche et laissa tomber son pouce. Je vous avoue que c'était plutôt répugnant ! Alors le temps a ralenti son cours, Dante s'est mis à psalmodier en latin :

« Creatura, te voco,

Veni ad dominum tuum,

Tuquinomes fidelis amicus,

Etiam in morte »

Alors que le pouce atteignit le sol, ce dernier s'ouvrit en laissant surgir une grande flamme. Au milieu de ses flammes apparut soudainement deux grosses pattes velues puis une énorme tête de labrador noir suivit d'une... seconde, une troisième ! Comment ça s'appelle déjà ces bêtes mythologiques déjà ? Un Ciber ? Un Cyborg, non ! Un Cerbère, c'est ça ! Donc pour résumer, j'avais un ange gardien démoniaque qui avait pour animal de compagnie un gigantesque chien des enfers, après tout rien de plus normal !

Revenons à la situation, le Cerbère répondait au doux petit nom de Pluton, écrit sur son collier à clous, sortit de son trou et grogna après la jeune fille qui eut un léger mouvement de recul. Qui n'en aurait pas eu devant un chien de deux mètres de haut, qui avait trois têtes donc trois gueules immenses, avec des canines tranchantes comme des lames de rasoir et de l'écume dégoulinant de ses babines ? Flippant, tout simplement ! Dante s'approcha du chien et posa la main sur sa patte sans lâcher des yeux la fille.

– Attaque Pluton !

Aussitôt le chien obéit et partit à la poursuite de la jeune fille qui s'enfuit en courant. Et c'est à ce moment-là que la situation est vraiment devenu irréaliste... Voulant échapper à son poursuivant, la belle rousse s'emmêla les pieds et s'étala de tout son long. En se retournant, elle s'aperçut que le chien était déjà sur elle, un long filet de bave lui coulait sur l'épaule. La tête du milieu s'approcha dangereusement de son visage. On pouvait clairement voir la peur dans les yeux de la proie. Je m'attendais à voir le chien gober la belle, mais au lieu de cela, il commença à lui laper affectueusement le visage, il fit un bon en arrière les têtes entre les pattes avant et releva la queue qu'il agita joyeusement. Je n'en croyais pas mes yeux ! Je tournais la tête vers Dante qui haussa les épaules et ne trouva rien de plus bête à ajouter :

– Quoi ? C'est encore un bébé ! Profitons-en plutôt pour se tirer !

Ni une ni deux, Dante me souleva sur son épaule et en un clin d'œil, nous étions dans la voiture qui se téléporta à son tour, sur une plage de sable blanc face à une mer turquoise, c'est-à-dire très très très loin de chez moi.


Mon diable d'ange gardien !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant